mardi 9 mars 2010

Ainsi parlait Félicité de Lamennais


Félicité de Lamennais


Hugues-Félicité Robert de Lamennais (né le 19 juin 1782 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) - mort en 1854 à Paris) était un écrivain et philosophe français. Son nom de famille est Robert et c'est en s'inspirant du lieu-dit « la Mennais », où son grand-père possédait une métairie, qu'il se nomma ainsi.
Ecrivain français et prêtre. Il fut député à l'Assemblée Constituante en 1848 et en 1849. Philosophe chrétien, Lamennais peut être considéré comme le précurseur du catholicisme libéral, du catholicisme social. En effet il se fit l'apologiste de l'ultramontanisme et la liberté religieuse face à l'Eglise gallicane.

Le pire de tous les états de l'âme est l'indifférence ; il faut croire ; l'incroyance est la ruine non seulement des individus, mais des sociétés.

Le plus puissant de tous les leviers, c'est la volonté.


L’erreur enivre ; l’indifférence assoupit : mais ni l’une ni l’autre ne comble le vide de l’âme.
La vie est une sorte de mystère triste dont la foi seule a le secret.
La femme est une fleur qui ne donne son parfum qu'à l'ombre.
C'est une des pires humiliations de la vieillesse, de ne rien recevoir que de la pitié.
La vieillesse, quant à l'ordre de l'existence terrestre, est un passé sans avenir.
 Elle représente trop vivement la condition humaine, pour que son aspect n'importune pas l'homme.
L'erreur enivre ; l'indifférence assoupit : mais ni l'une ni l'autre ne comble le vide de l'âme.
L'on n'estime guère dans les autres que les qualités que l'on croit posséder soi-même.
Le cri du pauvre monte jusqu'à Dieu, mais il n'arrive pas à l'oreille de l'homme.
Chercher quelque chose hors de Dieu, c'est explorer le néant.

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« Souvent on ne trouve point de mots pour exprimer une idée qu’on a, quelquefois on en fait. Quelle difficulté, toujours insurmontable en partie, de traduire ce qu’on aperçoit par l’intuition pure ! Presque jamais la parole-signe ne correspond d’une manière complète à la parole consubstantielle avec la pensée, et l’esprit est une voix qui demande en vain aux organes un écho fidèle.

Si cette langue est obscure pour nous, ce n’est pas à cause de son imperfection, mais de notre ignorance. A peine en épelons-nous quelques syllabes éparses sans liaison et sans suite. Nous ne la saisissons ni dans son ensemble, ni dans toutes ses nuances d’une délicatesse infinie. Que de mots perdus pour nous ! Combien d’autres dont nous ne comprenons ni le sens isolé, ni la valeur relative ! Si nous savions interpréter cette langue magnifique de la Nature, si, complètement initiés à ses secrets, nous en avions la pleine intelligence, le monde des corps nous serait révélé, nous y lirions, comme en un livre écrit de la main de Dieu, la description de ses œuvres […].

Ce que vos yeux voient, ce que touchent vos mains, ce ne sont que des ombres, et le son qui frappe votre oreille n’est qu’un grossier écho de la voix intime et mystérieuse qui adore, et prie, et gémit au sein de la création.

Car toute créature gémit, toute créature est dans le travail de l’enfantement, et s’efforce de naître à la vie véritable, de passer des ténèbres à la lumière, de la région des apparences à celle des réalités.

Ce soleil si brillant, si beau, n’est que le vêtement, l’emblème obscur du vrai soleil, qui éclaire et échauffe les âmes.

[…] Le monde réel est voilé par vous. Celui qui se retire au fond de lui-même l’y entrevoit comme dans le lointain. De secrètes puissances qui sommeillent en lui se réveillent un moment, soulèvent un coin du voile que le temps retient de sa main ridée, et l’œil intérieur est ravi des merveilles qu’il contemple.

Qu’est devenu cet œil intérieur que Dieu nous a donné pour veiller sans cesse sur notre âme, pour être le témoin des jeux mystérieux de la pensée, du mouvement ineffable de la vie dans le tabernacle de l’humanité ? Il est fermé, il dort ; et nous ouvrons largement nos yeux terrestres, et nous ne comprenons rien à la nature, ne nous servant pas du sens qui nous la révélerait, réfléchie dans le miroir divin de l’âme. Il n’y a pas de contact entre la nature et nous : nous n’avons l’intelligence que des formes extérieures, et point du sens, du langage intime, de la beauté en tant qu’éternelle et participant à Dieu […]. »
Rien de plus rare chez les hommes que l'amour de la vérité.

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