mercredi 19 novembre 2014

Histoire sans parole



Histoire sans parole
« Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire. »
La Boétie

Sans être arrivé au bout du chemin, s’arrêter lassé et fatigué, avec ce sentiment de s’être égaré, ce goût de manqué ; avec cette sensation de s’en vouloir, sans savoir de quoi.
Fallait-il s’entêter, continuer à chercher envers et contre tout ?
La méthode était-elle la bonne ?
Les relents de l’échec finissent par anesthésier tout chercheur sincère et la culture du doute, quand elle devient chronique, le réduit à l’impuissance.
Où sont passées la confiance et la ferveur, que sont devenues les certitudes acquises ?
Tout s’est écroulé comme un château-fort sapé à sa base.
Mais qui sont les sapeurs ?

« C’est ainsi que tu le perçois mais ce n’est pas ainsi que ça se passe. Tu nous reproches de t’avoir menti parce que tu as une vision linéaire des évènements que tu traverses ; notre vision à nous repose sur le déroulement global des évènements, leurs circonstances et leurs conséquences dans ton évolution. Nous t’avons dit la vérité même si tu ne le perçois pas ainsi.
Tu comprendras quand ton éveil sera stabilisé et tu abandonneras alors les références de la logique humaine au profit de l’intuition spirituelle; tu sauras aussi, à ce moment-là, que les obstacles ou les épreuves de ton existence ont un sens profond et contribuent à ton avancement. Il n’y a pas de mystère; tout ce qui arrive a un sens, même s’il n’est pas perceptible dans le feu de l’action.
Aujourd’hui, tu es en révolte parce que tu ne l’as pas saisi, mais sache bien que tu es en révolte contre toi-même et non contre nous. »

En attendant ce jour, j’ai mis un terme à ma recherche personnelle et je me laisse porter par le courant, en essayant autant que faire se peut d’éviter les écueils. Je pratique le non faire, le lâcher prise ou le laisser aller, je ne sais trop… Mais peut-être est-ce là un chemin de traverse qui me ramènera, à terme, à moi-même.

« Lâcher prise, c’est renoncer aux intentions, aux projets, à la maîtrise de son existence. C’est un abandon de la pensée, de la volonté, et même du résultat. Quelqu’un qui ne cherche plus rien n’attend plus rien, devient disponible et s’ouvre à quelque chose d’autre. C’est cela la magie : laisser venir les forces vives qui sont en nous. »

François Roustang

Ainsi parlait René Guénon

   

Le délire de la quatrième dimension

« Il est à peine besoin de noter que les « clairvoyants », suivant les écoles auxquelles ils se rattachent, ne manquent pas de voir des « fluides » ou des « radiations », de même qu’il en est aussi, notamment parmi les théosophistes, qui voient des atomes et des électrons ; en cela comme en bien d’autres choses, ce qu’ils voient en fait, ce sont leurs propres images mentales, qui, naturellement, sont toujours conformes aux théories particulières auxquelles ils croient.

Il en est aussi qui voient la « quatrième dimension », et même encore d’autres dimensions supplémentaires de l’espace ; et ceci nous amène à dire quelques mots, pour terminer, d’un autre cas relevant également de la « mythologie » scientifique, et qui est ce que nous appellerions volontiers le « délire de la quatrième
dimension ».
Il faut convenir que l’« hypergéométrie » était bien faite pour frapper l’imagination de gens ne possédant pas de connaissances mathématiques suffisantes pour se rendre compte du véritable caractère d’une construction algébrique exprimée en termes de géométrie, car il ne s’agit pas d’autre chose en réalité ; et, remarquons-le en passant, c’est encore là un exemple des dangers de la « vulgarisation ».

Aussi, bien avant que les physiciens n’aient songé à faire intervenir la « quatrième dimension » dans leurs hypothèses (devenues d’ailleurs beaucoup plus mathématiques que vraiment physiques, en raison de leur caractère de plus en plus quantitatif et « conventionnel » tout à la fois), les « psychistes » (on ne disait pas encore « métapsychistes » en ce temps-là) s’en servaient déjà pour expliquer les phénomènes dans lesquels un corps solide semble passer au travers d’un autre ; et, là encore, ce n’était pas pour eux une simple image « illustrant » d’une certaine façon ce qu’on peut appeler les « interférences » entre des domaines ou des états différents, ce qui eût été acceptable, mais c’est très réellement, pensaient-ils, que le corps en question était passé par la « quatrième dimension ».

 Ce n’était d’ailleurs là qu’un début, et, en ces dernières années, on a vu, sous l’influence de la physique nouvelle, des écoles occultistes aller jusqu’à édifier la plus grande partie de leurs théories sur cette même conception de la « quatrième dimension » ; on peut d’ailleurs remarquer à ce propos, qu’occultisme et science moderne tendent de plus en plus à se rejoindre à mesure que la « désintégration » s’avance peu à peu, parce que tous deux s’y acheminent par des voies différentes. Nous aurons encore plus loin à reparler de la « quatrième dimension » à un autre point de vue ; mais, pour le moment, nous en avons assez dit sur tout cela, et il est temps d’en venir à d’autres considérations qui se rapportent plus directement à la question de la « solidification » du monde. »

René Guénon
« Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps »
Chapitre XVIII - Mythologie scientifique et vulgarisation