Philip Kindred Dick, né le 16 décembre 1928, à Chicago dans
l'Illinois, et mort le 2 mars 1982, à Santa Ana en Californie, est un auteur
américain de romans, de nouvelles et d’essais de science-fiction. Un des
écrivains majeurs du XXème siècle : Ubik, Le Maître du Haut Château,
Substance Mort, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?... Autant de
titres devenus cultes et qui ont marqué des générations de lecteurs.
Aujourd'hui encore, son influence reste entière : il est l'auteur de
science-fiction le plus adapté au cinéma (Blade Runner, Total Recall, Minority
Report...) et ses obsessions sur la nature de la réalité continuent de hanter
la littérature.
Réminiscence
La réminiscence (en grec ἀνάμνησις, anamnésis ; également
traduit par ressouvenir) est, dans la pensée de Platon, le ressouvenir par
l'âme de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps
et qu'elle a perdu lors de sa réincorporation. L'acquisition de la connaissance
doit alors débuter par une re-connaissance. Cette théorie sert tout à la fois à
démontrer l'immortalité de l'âme et l'existence de réalités intelligibles.
"Nous sommes
endormis - dans un état de rêve - et pensons à tort que nous sommes
éveillés. L'un des aspects fondamentaux de la catégorie ontologique de
l'ignorance est l'ignorance de cette ignorance
même; non seulement l’être ne sait pas, mais il ne sait pas qu'il ne sait
pas. Nous sommes dans une sorte de prison mais nous ne le savons pas.
Cette prison
de Fer Noir, c'est-à-dire la matrice hyper-dimensionnelle, est une
vaste forme de vie complexe qui se protège en induisant une hallucination
négative d’elle-même.
L'occlusion
s'auto-perpétue; elle nous en fait perdre conscience. Nous sommes
censés la combattre phagocytairement, mais la valence même de la stase (Prison
de Fer Noir) nous entraîne dans des micro-extensions de soi; c'est
précisément pourquoi c'est si dangereux. C'est la chose terrible que cet état provoque ; en étendant sa pensée androïde de plus en plus
largement, il exerce un pouvoir terrible et subtil, et de plus en plus de
gens tombent dans son champ (pouvoir), au moyen duquel il grandit.
C'est une forme de vie
sinistre en effet. D'abord il prend le pouvoir sur nous, nous réduisant à
des esclaves, et ensuite il nous fait oublier notre état antérieur, en nous
privant de voir ou penser directement, et finalement il devient invisible à
cause de ce qu'il nous a fait. Nous ne pouvons même pas surveiller notre
propre déformation, notre propre déficience. N'ayant pas de psyché propre, il tue les psychés authentiques de ces
créatures enfermées en lui, et les remplace par un faux support de stockage de
sa propre psyché morte. La doctrine même de la
lutte contre le «monde hostile et son pouvoir» a été dans une large mesure
entérinée et mise au service de l'Empire. La matrice de cette prison gâche
chaque nouvel effort de liberté dans le moule d'une tyrannie plus poussée. L'Empire
n'est qu'un fantasme s'étendant d’autant que nous nous sommes endormis.
Tant que la racine de la
méchanceté est cachée, elle est forte. Mais dès qu’elle est reconnue, elle
est dissoute. Quand elle est révélée, elle périt ... C'est puissant tant
que nous ne l'avons pas reconnue. L'artefact nous
asservit, mais d'un autre côté, il essaie de nous apprendre à renoncer à son
asservissement. Le plus grand pouvoir de la compassion [amour supérieur
incarné] est la seule puissance capable de résoudre le labyrinthe.
La vraie mesure d'un
homme n'est pas son intelligence. Non, la vraie mesure d'un homme est
celle-ci: avec quelle rapidité peut-il répondre aux besoins des autres et
combien de lui-même il peut donner. Si le paradoxe final du labyrinthe est
que la seule façon de s'en échapper est de rentrer volontairement dans le
labyrinthe, alors peut-être que nous sommes ici volontairement; nous y sommes
revenus.
Anamnesis était la perte
de l'amnésie. Tu t'es souvenu de tes origines, et elles venaient d'au-delà
des étoiles."
Philip
K. Dick