Les
trois âges – Salvador Dali (1940)
« Ainsi la vie
n’est que le rêve d’un rêve,
Mais l’état de veille est ailleurs.»
Rainer Maria Rilke
La mort n’est que l’autre face de la vie
« Affirmer la vie,
c’est aussi affirmer la mort.
Admettre l’une sans l’autre, c’est une limitation qui, finalement, nous exclut de tout l’infini.
La mort n’est que l’autre face de la vie, le côté de la vie qui n’est pas tourné vers nous, et que nous n’éclairons pas.
Nous nous réalisons simultanément dans l’un et l’autre monde, notre existence s’y nourrit inépuisablement… …car il n’y a ni un en deçà, ni un au-delà, mais la GRANDE UNITE dans laquelle les êtres qui nous surpassent, les anges, sont chez eux.
Nous, les hommes d’ici
et d’aujourd’hui, nous ne sommes pas un seul instant satisfaits dans le monde
du Temps, ni fixés en lui.
Nous débordons sans
cesse vers notre origine, vers les hommes de jadis, et vers ceux qui semblent
venir après nous.
C’est dans ce monde ouvert, qui est le plus grand, que TOUS existent.
La nature, les choses qui nous entourent et qui nous servent sont provisoires et caduques, comme nous, mais elles sont, aussi longtemps que nous sommes ici-bas, …notre possession et notre amitié.
Pour nous, il s’agit donc, non pas de noircir et de rabaisser tout ce qui est d’ici-bas, mais précisément à cause de leur caractère provisoire, qui est aussi le notre, de saisir ces phénomènes et ces choses avec la compréhension la plus intime, et de les transformer.
Nous sommes les
abeilles de l’univers.
Nous butinons éperdument le miel du visible pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’Invisible ! »
Rainer Maria Rilke
(Lettre du 13 novembre 1925 à Witold von Hulewicz, le traducteur
polonais des Élégies, dans laquelle Rilke définit ainsi le sens des Élégies)