Mon royaume n’est plus de ce monde
Et puis quoi, être le porteur de torche, transformer la flamme en feu, s’abreuver à tous les feux du soleil, s’enflammer jusqu’à l’incandescence, devenir source vitale et cascade d’énergie, tel un geyser d’étincelles désintégrer tous les miasmes qui nous parasitent. Voilà, sans doute, le devenir de l’homme qui libèrera en lui-même le fils de la lumière et assumera pleinement sa mission de guerrier de la terre, au détriment des forces des ténèbres qu’il refoulera jusqu’aux confins de la géhenne.
Car la victoire est à ce prix et la défaite aussi ; il faut vouloir se brûler pour connaître la lumière et descendre sans peur dans le puits de Dieu. Alors, tout comme l’aigle, l’homme regardera le soleil en face, pour apercevoir dans le miroir l’être révélé et purifié qu’il vient d’enfanter. Et ce sera le temps où les initiés parcourront le monde à pas de géants, pour le délivrer de ses entraves.
Tant qu’il y aura des frères de l’ombre, il y aura les fils de la lumière, et leurs incessants combats. Les fils de la lumière sont des guerriers venus sur terre pour purifier la matière qui génère l’ombre. Ils sont tantôt vainqueurs, tantôt vaincus ; c’est la loi du genre. Même vaincus, ils ne connaissent ni hargne, ni haine, ni esprit de revanche ; quand ils mordent la poussière, c’est en toute humilité qu’ils retrouvent le goût acre de la terre qui les a vu naître ; mais ils savent qu’ils sont les fils du ciel et qu’ils ne font que passer ici-bas.
Le fils de la lumière est ici, dans un monde où les frères de l’ombre ont établi leur royaume, avec une mission bien précise ; il sait que le combat sera long et difficile mais, qu’à la fin, il gagnera la guerre. Il croit toujours en lui et ne connaît pas le doute ; chaque combat le rend plus fort. Il connaît la règle et respecte le code.
Celui qui n’a que des défaites est un perdant, celui qui n’en a aucune est un fuyard, car les héros n’existent que dans les légendes. Le fils de la lumière est étranger au monde de l’illusion, de la duperie, du truquage ; il a pour lui sa pureté et sa lucidité ; il a la sagesse de connaître ses limites et la prudence de ne pas aller au-delà ; il sait où il va et contre qui il est. Il connaît ses amis et ses ennemis le connaissent.
A quoi peut-on reconnaître un fils de la lumière ?
Il est toujours vigilant, sur le qui vive, il analyse toutes les situations qui se présentent, les dissèque ; il craint sans cesse la ruse et la perfidie des frères de l’ombre.
Il est mal dans sa peau, souvent pessimiste ; il n’aime pas ce monde où la densité de la matière l’écrase ; lui, le fils de la lumière, a l’impression d’être descendu au fin fond de la mine, dans l’obscurité la plus totale. Pourtant, il est toujours conscient de sa mission, qu’il a acceptée et qu’il doit remplir avec succès.
Il n’attend rien des autres et tout de lui-même ; la solitude est son habitude, il le sait, rien ne sert de se plaindre ou de pleurer sur soi. Quand il doute, il regarde le ciel pour le prendre à témoin ; la lumière du soleil le régénère et il reprend rapidement espoir.
Il est là pour ce combat qu’il a choisi et qui l’a choisi ; un parmi ces fils de la lumière, il est le maillon qui permet à la chaîne fraternelle de protéger les hommes de leurs faiblesses et de leurs erreurs. C’est un combattant pour la vie, qu’il défend sans cesse, contrairement aux frères de l’ombre qui sont des combattants pour la mort. Son but est de faire comprendre à chaque être humain qu’il est lui-même un fils de la lumière en devenir, même s’il n’en a pas conscience aujourd’hui.
Et puis il y a cette différence magistrale entre les deux camps, antagonistes, en guerre depuis des millénaires ; les fils de la lumière tirent leur force du père qui les a engendrés et qui veille toujours sur eux ; les frères de l’ombre ont renié le père pour prendre le pouvoir et le détrôner. Peut-on accepter que des parricides dans l’âme accèdent un jour à une légitimité, quelle qu’elle soit.
C’est bien pour cela que moi, fils de la lumière, depuis des millénaires, au côté de mes frères, je mène le même combat, et je continuerai tant que le père me le demandera.
Ne rien attendre, ne rien vouloir, ne rien avoir ; seulement être, ne pas perdre et ne pas se perdre. Avec cette nostalgie, tout au fond de soi, de sa lumière originelle, de cette clarté immaculée que j’ai perdue et dont je me souviens.
Moi, Fils de la Lumière, j’en porte ici le témoignage.
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