Troisième promenade
Le soleil déclinait ; le soir prompt à le suivre
Brunissait l'horizon ; sur la pierre d'un champ
Un vieillard, qui n'a plus que peu de temps à vivre,
S'était assis pensif, tourné vers le couchant.
C'était un vieux pasteur, berger dans la montagne,
Qui jadis, jeune et pauvre, heureux, libre et sans lois,
A l'heure où le mont fuit sous l'ombre qui le gagne,
Faisait gaîment chanter sa flûte dans les bois.
Maintenant riche et vieux, l'âme du passé pleine,
D'une grande famille aïeul laborieux,
Tandis que ses troupeaux revenaient de la plaine,
Détaché de la terre, il contemplait les cieux.
Le jour qui va finir vaut le jour qui commence.
Le vieux pasteur rêvait sous cet azur si beau.
L'océan devant lui se prolongeait, immense
Comme l'espoir du juste aux portes du tombeau.
O moment solennel ! les monts, la mer farouche,
Les vents, faisaient silence et cessaient leur clameur.
Le vieillard regardait le soleil qui se couche ;
Le soleil regardait le vieillard qui se meurt.
Promenades dans les rochers (III)
(Recueil : Les quatre vents de l'esprit)
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La vérité est comme le soleil.
Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder.
Au fond, Dieu veut que l'homme désobéisse. Désobéir, c'est chercher.
L'instinct, c'est l'âme à quatre pattes ;
la pensée, c'est l'esprit debout.
La conscience, c'est Dieu présent dans l'homme.
Ne rien faire est le bonheur des enfants et le malheur des vieux.
J'aime mieux tout de quelque chose que quelque chose de tout.
Tout le monde a droit de vie ici-bas, et la mort de faim est un crime social.
On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime.
L'odieux est la porte de sortie du ridicule.
Il y a toujours dans le bonheur, même des meilleures gens, un peu d'insolence aimable qui défie les autres d'en faire autant.
Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style.
En art point de frontière.
J'aime tous les soleils et toutes les patries. Je suis le combattant des grandes rêveries.
Etre contesté, c'est être constaté.
L'eau qui ne court pas fait un marais, l'esprit qui ne travaille pas fait un sot.
(Extrait de « Tas de pierres »)
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