dimanche 10 juin 2012

Ainsi parle René Girard



René Noël Théophile Girard, né à Avignon le 25 décembre 1923, est un philosophe français, membre de l'Académie française depuis 2005. Ancien élève de l'École des chartes et professeur émérite de littérature comparée à l'université Stanford et à l'Université Duke aux États-Unis, il est l’inventeur de la théorie mimétique qui, à partir de la découverte du caractère mimétique du désir, a jeté les bases d’une nouvelle anthropologie. Il se définit lui-même comme un anthropologue de la violence et du religieux.

Son premier livre est publié en 1961, Mensonge romantique et vérité romanesque, où il expose sa découverte du désir mimétique. Puis il commence à réfléchir aux aspects anthropologiques du mimétisme : la question du sacrifice. Ce sera l'objet de son livre le plus connu, La violence et le sacré, publié en 1972. Il prépare la troisième étape de son travail théorique dès 1971. La relative incompréhension qu'a rencontré La violence et le sacré lui fait éprouver la difficulté de rendre ses idées accessibles. Avec l'aide de Jean-Michel Oughourlian et de Guy Lefort, deux psychiatres français, il met au point l'ouvrage qui expose l'ensemble de sa pensée y compris, pour la première fois, le rôle central qu'ont pour lui les textes bibliques. Ce livre, Des choses cachées depuis la fondation du monde, paru en 1978, est bien accueilli par le grand public français mais «reçu par un silence à peu près total» par les milieux universitaires. Depuis il poursuit sa recherche et précise sa pensée dans de nombreux ouvrages.

« Les animaux d'une même espèce ne luttent jamais à mort ; le vainqueur épargne le vaincu. L'espèce humaine est privée de cette protection.  »


« Il y a toujours mort d'homme à l'origine de l'ordre culturel.  »


« Toute pratique rituelle, toute signification mythique, a son origine dans un meurtre réel.  »

« Nous devons nous détruire ou nous aimer, et les hommes – nous le craignons – préfèreront se détruire. »

« Toutes les sociétés humaines sans exception ont tendance à se détraquer sous l'effet de leur violence interne. Lorsque cela se produit, elles disposent d'un moyen de rétablissement qui leur échappe à elles-mêmes et que l'anthropologie n'a jamais découvert, la convergence spontanée, mimétique de toute la communauté contre une victime unique, le "bouc émissaire" originel sur lequel toutes les haines se déchargent sans se répandre catastrophiquement aux alentours, sans détruire la communauté. »

"L'infrastructure cachée de toutes les religions et de toutes les cultures est en train de se révéler.
C'est le vrai Dieu de l'humanité que nous fabriquons de nos propres mains pour le contempler, celui qu'aucune religion désormais ne réussira plus à maquiller.
Nous ne l'avons pas vu arriver parce qu'il ne voyage plus sur les ailes des anges des ténèbres, parce qu'il apparaît toujours désormais là où personne ne l'attend, dans les statistiques alignées par les savants, dans les domaines les plus désacralisés.

C'est un sens merveilleux de l'à-propos qui suggère à leurs inventeurs, pour les armes les plus terribles, les noms qui évoquent le mieux la violence extrême, les divinités les plus atroces de la mythologie grecque : Titan, Poséidon, Saturne : le dieu qui dévore ses propres enfants.

Nous qui sacrifions des ressources fabuleuses à engraisser la plus inhumaine des violences, pour qu'elle continue à nous "protéger", et qui passons notre temps à transmettre à des planètes déjà mortes , les messages dérisoires de la Planète qui risque de mourir, par quelle hypocrisie extraordinaire prétendons-nous ne pas comprendre tous ces hommes, qui avant nous, faisaient déjà la même chose , ceux qui jetaient dans la fournaise d'un quelconque Moloch un ou deux de leurs enfants pour sauver les autres ? "

René Girard
"Des choses cachées depuis la fondation du monde"  

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