lundi 14 janvier 2013

Morceaux choisis - Marc-Aurèle


Eugène Delacroix
[Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863]
Dernières paroles de l'empereur Marc Aurèle


« Qui vit en paix avec lui-même vit en paix avec l’univers.»

« L'action même de mourir fait partie de la vie; il suffit donc une fois de plus de bien s'acquitter du présent. »


« La durée de la vie de l'homme? Un point.
Sa substance? Un flux.
Ses sensations? De la nuit.
 Tout son corps? Un agrégat putrescent.
 Son âme ? Un tourbillon.
 Sa destinée? Une énigme insoluble.
 La gloire? Une indétermination.
 En un mot, tout le corps n'est qu'un fleuve ; toute l'âme, un songe et une fumée ; la vie, un combat, une halte en pays étranger; la renommée posthume, c'est l'oubli.
Qui donc peut nous guider?
Une seule et unique chose, la philosophie.»


« On ne saurait perdre ni le passé, ni l'avenir, car comment nous ravirait-on ce que nous n'avons pas?
Souviens-toi toujours de deux points: d'abord, tout, de toute éternité, est semblable et cyclique et il importe peu qu'on assiste au même spectacle pendant cent ou deux cents ans ou éternellement; ensuite, l'homme qui vit le plus longtemps et celui qui meurt le premier perdent autant.
 En effet, on ne peut être privé que du présent… »

« Tout est éphémère! Tout est mort depuis longtemps!
De plusieurs, il n'est même jamais fait mention, d'autres sont passés dans la légende, d'autres encore, de la légende sont tombés dans l'oubli. Souviens-toi qu'il faudra que ton agrégat se disperse, que ton souffle s'éteigne ou qu'il émigre et se fixe ailleurs.

Tout est en transformation, toi-même, tu es en changement constant et, en un sens, en dissolution; il en va ainsi du monde entier. »
        

"Dusses-tu vivre trois mille ans, et autant de fois dix mille ans, souviens-toi pourtant que personne ne perd une autre vie que celle qu'il vit, et qu'il n'en vit pas d'autre que celle qu'il perd. Donc le plus long et le plus court reviennent au même.
 Car le présent est égal pour tous ; est donc égal aussi ce qui périt ; et la perte apparaît ainsi comme instantanée ; car on ne peut perdre ni le passé ni l'avenir ; comment pourrait-on vous enlever ce que vous ne possédez pas ?
Il faut donc se souvenir de deux choses ; l'une, que toutes les choses sont éternellement semblables et recommençantes, et qu'il n'importe pas qu'on voie les mêmes choses pendant cent ou deux cents ans ou pendant un temps infini ; l'autre, qu'on perd autant, que l'on soit très âgé ou que l'on meurt de suite : le présent est en effet la seule chose dont on peut être privé, puisque c'est la seule chose qu'on possède, et que l'on ne perd pas ce que l'on n'a pas."

Marc-Aurèle
 (121 - 180)
« Pensées pour moi-même »
(II, 141)



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