Ne plus
se poser la question
Je suis dans une partie de ma vie,
pour le moment, calme et tranquille ; je n’ai pas de problème particulier
et je suis heureux dans mon couple. Pourtant quelque chose me manque pour être
serein, pour connaître un sentiment de complétude et de bonheur
définitif ; quelque chose qui m’a fait défaut toute ma vie et après quoi
je cours toujours sans jamais la rattraper.
D’aucun se contenterait d’une telle
situation, s’estimant satisfait de réunir de telles conditions de vie ;
d’autres y aspireraient vainement, toute leur vie, sans jamais atteindre un tel
équilibre vital. Pour ma part, je suis encore et toujours à la recherche de
moi-même.
Qui suis-je ?
De ma naissance à ma mort, que signifie ce
parcours ?
Pourquoi suis-venu ici et maintenant ?
Une vie s’écoule à satisfaire ses
besoins et ses plaisirs, à entrevoir et espérer des lueurs de bonheur, fragiles
et vacillantes comme les flammes des bougies que le moindre souffle balaie et
éteint.
Le système est ainsi fait que l’on ne
se rend même pas compte de ce qui se passe en soi, trop préoccupé par tout ce
qui arrive autour de soi ; on est dans l’action, ou dans la réaction, et
ce comportement a pour effet d’inhiber toute réflexion profonde concernant le
sens de notre existence.
Mais qui fait ce système ainsi, qui
nous réduit au rôle d’automate, programmé pour jouer son rôle quotidien, du
mieux possible, comme tout joueur d’un jeu de société, qui applique et respecte
la règle pour avoir du succès ou gagner la partie.
Aujourd’hui, j’ai quitté la partie,
pris du recul par rapport à tout et je tente de répondre à ces questions, sans
grande réussite pour le moment, je dois l’avouer.
Bien sûr, j’ai des bribes de réponses,
ici et là, qui constituent autant de pièces d’un puzzle dont la globalité et le
sens m’échappent encore ; bien sûr, quand je regarde d’où je viens et où
j’en suis, j’ai le sentiment d’avoir parcouru une longue distance, et même de
n’être plus tout-à-fait le même. Mais pour ce qui est de la partie du trajet
restant à effectuer, c’est le mystère total, pesant et encombrant, qui occulte
mon champ de vision.
Et s’il suffisait de ne plus se poser la
question, un peu comme dans le rêve où tout s’enchaine naturellement, sans
jamais chercher à savoir ni pourquoi ni comment, et où, au mépris de toute
logique ou analyse rationnelle, des tranches de vie défilent, sans queue ni
tête.
Et si la vie n’était qu’un rêve, le rêve de
quelqu’un d’autre qui n’est ni là ni maintenant, qui crée des tranches de vie
sans commencement et sans fin, au rythme d’une respiration cosmique, où
l’inspir et l’expir s’assimilent au flux et reflux de l’esprit face aux rives
de la matière.
« Expliquez-moi
l’énigme de la vie, la douloureuse et vieille énigme qui a tourmenté tant de
têtes… Dites-moi ce que signifie l’homme, d’où il vient, où il va, qui habite
là-haut au-dessus des étoiles dorées !
Les flots murmurent leur
éternel murmure, le vent souffle, les nuages fuient, les étoiles scintillent,
froides et indifférentes, -et un fou attend une réponse. »
Gérard de Nerval
(Questions)
"Peu à peu vous
vous ressentirez de moins en moins comme matière solide, et de plus en plus comme
énergie : la respiration, mais comme s’il n’y avait pas de corps physique et de
poumons pour respirer. Essayez de sentir la respiration, pas seulement comme
une ouverture et une fermeture du corps physique au niveau du thorax, mais
comme le mouvement même de la vie. Laissez-vous porter par ce flux et ce reflux
qui vous est donné sans cesse, depuis toujours, de la naissance jusqu’à la
mort. Fondez-vous dans votre propre respiration, avec cette conscience que ce
n’est pas vous qui respirez, mais que la respiration se produit d’elle-même.
Ce n’est même pas votre
vie, c’est la Vie universelle qui respire en vous. Unissez-vous de plus en plus
à cette respiration. Que l’idée du témoin neutre ne vous fasse pas prendre de
recul par rapport à la respiration. Vous êtes la respiration. Si vous devenez
consciemment votre respiration, vous pouvez rester un long laps de temps sans
idées parasites qui viennent vous distraire. Mais si des idées viennent, ne
soyez pas déçu, ne vous divisez pas, ne refusez pas.
Revenez tranquillement à
la conscience de cette respiration. Essayez de n’avoir plus d’autre référence
que le va-et-vient de la respiration elle-même."
Arnaud Desjardins
(Approches de la Méditation)
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