Le symbolisme du labyrinthe
« Vous ne les avez pas
guidés, pris par la main,
Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin ;
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte… »
Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin ;
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte… »
« A ceux qu’on foule aux
pieds » – Victor Hugo
(extrait)
Le labyrinthe désigne une construction composée d’un grand
nombre de galeries dont la disposition est telle qu’on peut difficilement en
sortir. On peut aussi l’appeler «dédale», du nom de son antique
concepteur grec. On l’associe à la constellation de la Vierge, image du
ventre qui opère une gestation.
Le parcours complexe du labyrinthe
sert à conduire un candidat de la périphérie de son être jusqu’à son centre
local, son Centre invisible, sa Source sacrée, son Point unique. Il
illustre le processus de l’intériorisation, qui force un retrait du monde
extérieur et qui ramène au Royaume du Père-Mère. Il permet de dissoudre
l’illusion de la puissance pour accéder au Savoir, fondement du véritable
pouvoir. Car on ne peut en sortir en suivant son parcours sinueux,
toujours déconcertant et fourvoyant, du monde de l’ignorance, mais en prenant
de l’altitude, soit en s’élevant pour accéder à la Connaissance
véritable. Le parcours du labyrinthe illustre le passage des ténèbres à
la Lumière qui marque la victoire du spirituel sur le matériel, de l’éternel
sur le périssable, de l’intelligence sur l’instinct, du Savoir sur la violence
aveugle, de l’Amour sur la haine.
Par définition, le labyrinthe évoque
les constructions du mental et de l’ego. Il évoque l’entrée dans des
territoires inconnus, ce qui rend apparemment le parcours compliqué et
difficile. Il implique le croisement de chemins dont certains ne
comportent pas d’issue et à travers lesquels il faut découvrir la route qui
conduit au centre. Par essence, il circonscrit, dans le plus petit espace
possible, l’enchevêtrement le plus complexe de sentiers qui retardent l’arrivée
du voyageur au centre qu’il veut atteindre. Il doit à la fois permettre
l’accès à un centre par une sorte de voyage initiatique et l’interdire aux
profanes et aux imposteurs, soit à ceux qui ne sont pas qualifiés. Voilà
le Sentier sinueux et tortueux qui défend la Cité sainte contre l’adversaire
humain et contre l’influence maléfique de l’Ombre. Il figure l’épreuve
discriminatoire préalable au cheminement vers le Centre sacré qui départage les
bons et les mauvais. Il annonce la présence d’une réalité précieuse,
cachée quelque part, dont l’accès n’est possible qu’à ceux qui connaissent le
plan secret pour s’y rendre. Ce plan révèle la manière de pénétrer, sans
s’égarer, dans le parcours même de sa vie d’ici-bas, soit dans le territoire de
la mort.
Ainsi, le labyrinthe évoque le voyage de l’âme, le passage entre
le monde concret et le monde subtil à travers lequel tout être poursuit son
périple évolutif, de ce monde à l’autre, pour en revenir encore et encore,
jusqu’à ce qu’elle connaisse la libération finale, après l’épuisement de ses
dettes karmiques et la réalisation de son illumination. À un autre degré,
il peut figurer les méandres intestinaux, les circonvolutions du cerveau ou le
monde astral avec ses multiples pièges factices. À ce propos, il peut
ainsi illustrer la projection illusoire des pensées qui résulte du fait que le
mental cherche à analyser l’être au lieu de tenter de se fondre avec lui.
Par ses errements, le mental enfonce l’être à travers les méandres de la
personnalité humaine qu’il renforcit sans cesse. Mais, qu’est-ce que «connaître»,
si ce n’est «co-naître», donc fusionner avec une réalité? En ce
sens, l’aller et le retour dans le labyrinthe servent d’allégorie à la mort
symbolique, suivie de la résurrection ou de la renaissance spirituelle.
Autrement dit, le labyrinthe désigne
le chemin ou le sentier qui conduit de la matérialité du corps à la subtilité
de l’Esprit, donc un pur fruit de l’imagination. Pour le comprendre et en
abattre les cloisons trompeuses, il faut oser s’y enfoncer, même s’il conduit
dans les profondeurs des ténèbres. Car, lorsqu’il est enfin purifié, il
devient le fondement sur lequel le Roi bâtit son Royaume éternel. Alors,
l’Initié, accouché de la Vierge, découvre la face cachée de la Lune, la Lumière
véritable, la Splendeur cachée de lui-même. Tout au long de son parcours,
l’astre de la nuit l’éclaire en accentuant les contrastes pour révéler les
illusions latentes des profondeurs. On parle ici du plan astral, celui de
l’inconscient personnel, lié à l’inconscient collectif, ce vaste plan
vibratoire dans lequel tous les êtres baignent. L’âme doit pouvoir le
traverser de nuit pour ramener au corps des énergies supérieures, plus
intenses, qui lui inculqueront une poussée spirituelle.
En ce sens, le labyrinthe réfère donc
à une technique holistique des plus anciennes qui permet de régler les
problèmes émotifs ou physiques en remontant à leur origine, là où l’être peut
se libérer totalement des vieux schèmes de pensée et de comportement. En
retrouvant son individualité, délivré des voiles, il peut enfin vivre
libre. Car c’est uniquement par un contact avec ses forces intérieures
qu’on peut trouver l’issue qui met un terme à toutes les comédies et à tous les
drames. Toute personne qui se fixe un but doit traverser en elle le
labyrinthe qui lui permet de l’atteindre. Par sa recherche, qui doit
devenir un cheminement intérieur, elle arrive à s’élever pour permettre de le
percevoir et de prendre la bonne direction pour l’atteindre et le
dépasser. Mais, pour s’élever dans la Lumière, au bout des méandres, il
faut apprendre à voir au-delà des apparences, maintenir son idéal, ce qui
implique, patience, endurance et persévérance, s’élever suffisamment haut pour
obtenir une vue d’ensemble du plan qui mène à son but.
Dans un sens pratique, on comprendra
que le labyrinthe correspond, pour un sujet particulier, à une période de sa
vie dans la limite de laquelle il donne tout pouvoir aux forces extérieures du
monde, conduit par la croyance au hasard. Alors, sa vie se complique et
l’oblige à cheminer dans l’angoisse et la confusion tant qu’il n’accède pas à
la maturité spirituelle qui lui permet de reconnaître le sens sacré de la
vie. Le labyrinthe suggère un besoin de se concentrer sur soi-même à
travers les mille chemins des sensations, des perceptions, des émotions et des
idées, en supprimant tout obstacle à l’intuition pure, pour revenir à la clarté
sans se laisser prendre aux détours du chemin. Il éclaire la
transformation progressive de l’ego (le petit moi ou la personnalité).
Mais, dans le labyrinthe, plus l’ego
est gonflé, plus les obstacles se multiplient et plus le voyage y est long et
difficile. Le détachement s’impose au vaniteux! Il doit explorer
les replis secrets de son esprit pour résoudre des schèmes karmiques ou des
peurs inconscientes. Il doit découvrir la manière de se réajuster aux
situations de la vie qui le font passer à travers une période éprouvante, non
pour le punir, mais pour lui faire comprendre les lois. Il découvrira la
lumière au bout du tunnel dans la mesure où il avancera avec sérénité et
prudence. Mais il ne devrait pas s’y aventurer seul, il risquerait de s’y
perdre à tout jamais. Toutefois, s’il réussit à s’en sortir, il sera
devenu un Initié.
© 2009-14 Bertrand Duhaime (Douraganandâ) Tous
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De naître et de mourir un court étonnement !
Un mot qu'avec mépris l'Etre éternel prononce !
Labyrinthe sans clef ! question sans réponse,
Songe qui s'évapore, étincelle qui fuit !
Eclair qui sort de l'ombre et rentre dans la nuit,
Minute que le temps prête et retire à l'homme,
Chose qui ne vaut pas le mot dont on la nomme !
De naître et de mourir un court étonnement !
Un mot qu'avec mépris l'Etre éternel prononce !
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Songe qui s'évapore, étincelle qui fuit !
Eclair qui sort de l'ombre et rentre dans la nuit,
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Chose qui ne vaut pas le mot dont on la nomme !
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