Eloge
de la lenteur
« Quand les choses se passent trop vite, personne ne
peut être sûr de rien, de rien du tout, même pas de soi-même. »
Milan Kundera
Impatience et énervement sont les
signes de l’aveuglement. A se placer dans la position d’attente et de
dépendance de l’extériorité, on se coupe de ses ressources propres internes.
C’est toujours en nous que se trouve
la solution que l’on doit trouver.
A défaut de pouvoir créer ou
modifier, il faut apprendre à gérer et à s’adapter.
« Celui dont le désir se
détourne des choses extérieures parvient au siège de l’âme. S’il ne trouve pas
l’âme, l’horreur du vide s’empare de lui et la peur le poussera à coups de
fouet encore et encore dans une quête désespérée des choses creuses du monde
auxquelles il aspirera aveuglément.
Il deviendra le bouffon de
son désir sans fin, s’éloignera de son âme et la perdra pour ne jamais la
retrouver. Il courra après toutes les choses, il les tirera toutes vers lui,
mais il ne trouvera pas son âme, car il ne la trouverait qu’en lui. S’il
possédait son désir au lieu que son désir le possède, il aurait posé une main
sur son âme, car le désir est l’image et l’expression de l’âme. »
C.G. JUNG - Le livre rouge
La recherche de l’âme peut parfois nous égarer, en nous confrontant au
vide existentiel, faute de la trouver.
« L’homme a besoin de trouver un sens pour
pouvoir continuer son chemin dans le monde. Sans ce sens, il est perdu dans le néant, au milieu de nulle
part, et déambule dans le vaste labyrinthe de l’existence. »
Le vide est vécu par l'homme comme une menace, il doit donc le meubler
pour le remplir, le combler, afin d’éviter que l’effet d’aspiration qu’il
provoque ne se propage dans l’être.
La solitude subie constitue aussi un vide qu'il
faut combattre par la mise en place d'habitudes quotidiennes afin de s'occuper
l'esprit, à défaut de pouvoir supprimer ce néant qui nous oppresse.
Ne dit on pas d'ailleurs que la nature a horreur
du vide.
Tout au long de la vie, la
peur constitue sans doute le plus grand danger pour l’être humain. L’origine de la peur provient de l'absence de connaissance d’une
situation ou d’un contexte donné. A défaut de comprendre ce qui se passe, face
à l’inconnu qu’il ne maîtrise pas, le vide créé génère un mécanisme où
l’imagination passe en revue toutes les possibilités qu’elle peut envisager.
C’est alors que le remède devient pire que le mal.
Tout ce que l'on ne connaît pas nous effraie et les délires de
l'imagination qui s’en suivent nous paniquent.
Ne pas paniquer pour ne pas installer
la peur et le doute en soi, ne pas se perdre en conjectures en imaginant le
pire, ce qui inhibe l’action et nous paralyse.
Il faut croire en soi pour maintenir la confiance
nécessaire à la réussite de toute expérience. A ce moment-là, on réveille les forces permettant
de tracer son propre chemin.
Être calme, c’est être présent à soi-même, en
conscience.
Il faut pouvoir réunir l’immobilité physique,
l’absence de bruit et le vide du mental pour accéder au calme, ce repos du
corps et de l’esprit.
"La véritable
intelligence s'effectue dans le silence. Dans le calme se trouve la créativité
et les solutions aux problèmes".
Eckhart Tolle
Il est vital de se
connecter avec son cœur à notre espace intime pour y retrouver notre vérité
intérieure, sans déformation, notre vérité pure et authentique à l’abri de
toutes les pensées parasites qui nous assaillent régulièrement.
Pour se tourner vers
l’intérieur, il existe plusieurs méthodes dont deux me semblent fiables et très
efficaces. Il s’agit de se centrer sur sa respiration ou de s’immerger dans la
nature, pour pouvoir aller vers l’intérieur en se coupant de ce qui se passe à
l’extérieur.
Pour la respiration,
il faut y associer la lenteur si l’on souhaite s’intérioriser.
Voilà ce que j’ai
constaté quand je fais du sport sur mon vélo elliptique.
Si je couple ma
respiration avec mon effort, sur un rythme de deux inspirs et deux expirs assortis
à la cadence du pédalage, je reste toujours à l’extérieur, fixé sur mon effort.
Par contre, si je
découple le rythme respiratoire du pédalage en adoptant une séquence trois
inspirs et quatre expirs, ma cadence se ralentit et je rentre en moi rapidement
en me coupant du contexte extérieur et en restant fixé sur mon souffle.
La respiration doit être axée sur le contrôle du souffle, en partant du
ventre et en remontant jusqu’aux clavicules, pour que les muscles, les nerfs et le diaphragme se détendent de
façon à ce que le lâcher prise s’installe. Une
respiration rapide est saccadée n’est pas bonne pour l’organisme ; elle
essouffle et n’oxygène pas. Il faut que l’air ait
le temps de descendre profondément dans les poumons pour les remplir, les
gonfler, les dilater.
Même facteur commun
pour la nature ; l’immersion doit se faire sur un rythme lent. Sans effort
et sans précipitation, prendre le temps de chasser les pensées, et vider le
mental de toute présence parasite, pour laisser le charme de la nature opérer
et nous enlever à nous-même en nous entraînant vers une autre dimension. Savoir
passer de l’observation à l’émerveillement, apaiser l’esprit puis se laisser guider par son intuition.
Et peut-être établir
un contact avec les esprits de la nature, les esprits de l’air, les esprits de
l’eau, les esprits du feu et les esprits de la terre.
A défaut, au moins
établir un état durable de vacuité mentale qui permette de se libérer de nos
contraintes coutumières et d’optimiser notre éveil spirituel.
Le véritable
bien-être vient de la faculté à instaurer un état de calme intérieur.
« La
vie spirituelle vise l’éveil de notre nature essentielle.
Elle
nous donne des qualités d’être qui manquent cruellement à l’homme actuel : le
silence, la simplicité, la sérénité, la confiance. »
K.G. Durkheim