« La
vie est une maladie de l'esprit. »
Novalis
Des mots sur mes maux
A force de soigner les maux d’autrui depuis des
années je m’étais, sans doute plus ou moins inconsciemment, persuadé que
j’étais à l’abri de ces problèmes-là. Et, au pire, si la maladie me tombait
dessus, je devais être capable de faire pour moi ce que je faisais pour les
autres : guérir ou soulager.
Seulement voilà, aujourd’hui le cancer a décidé
d’investir mon organisme, « à l’insu de mon plein gré ».
Ce rappel à l’ordre, brutal et inattendu, me remet
en face des réalités de ce monde, en me confirmant que je n’ai pas un statut de
privilégié et que suis désormais un patient parmi les autres. Qui plus est,
cette situation me dévoile mes limites, puisque je n’ai pas diagnostiqué de
cancer dans un premier temps et ne l’ai donc pas vu venir, et ne suis pas
arrivé à l’éradiquer par la suite; du moins jusqu’à présent.
La nature humaine est ainsi faite qu’on ne peut
toucher du doigt que ce qui nous atteint directement. C’est d’autant plus vrai
pour la maladie et ses conséquences ; on en parle à longueur d’année pour
les autres, sans plus d’émotion, sans doute avec plus ou moins de commisération,
mais en restant à une certaine distance qui nous rassure. Mais quand cela
devient une affaire personnelle, c’est tout juste si on ne crie pas au scandale
et à l’injustice. L’attitude des médecins à ce sujet est révélatrice ; ils
sont les pires malades parce qu’ils n’ont jamais envisagé qu’ils le seraient un
jour et ce tout simplement parce quand on est dans le camp des soignants on ne
peut être conscient de l’état des patients, et surtout des rapports de peur qui
s’instaurent entre eux-mêmes et leur maladie.
Vivre avec sa maladie, c’est apprendre à être à
l’écoute de son corps, à la recherche de la moindre sensation, de bien-être ou
de mal-être, significative de l’évolution du mal, pour se rassurer si tout va
mieux ou pour se préparer au grand passage en cas de détérioration de son état.
Mais souvent quand il y a maladie c’est que le « mal a dit » ce qui
était latent en nous et que nous avons toujours refusé de voir ou
d’affronter ; c’est le résultat de cette fuite que nous payons alors
somatiquement. Dis-moi ce que je fuis et tu sauras ce que je suis. Comprendre
sa maladie, c’est déjà entrer dans sa guérison, à moins qu’elle ne soit
karmique.
L’homme ne peut s’arrêter de penser, son esprit
n’est jamais en repos et il se nourrit de flots d’émotions continuels qui
constituent son carburant existentiel. Quand tout va bien, il se berce
d’émotions positives qui contribuent à son bien-être ; quand tout va mal,
les émotions négatives coulent en cascade et alimentent des déprimes
temporaires ou une dépression, plus ou moins longue, en nourrissant alors des
troubles psychosomatiques.
Il est important dans ces contextes déstabilisants
de se recentrer sur soi, de bien hiérarchiser les valeurs véritables de la vie,
de visualiser mentalement les agents pathogènes, de mettre en place une
stratégie de défense imagée et de canaliser, voire réguler, ses émotions qui
vont prendre de plus en plus d’ampleur.
Dans tous les cas de figures il faut, autant que
faire se peut, adopter et conserver une attitude positive de confiance en soi,
associée à un moral de vainqueur, pour pouvoir se connecter – ou se reconnecter
- à l’énergie intérieure
d’auto-guérison qui est en nous.
C’est un peu la méthode Coué adaptée à un
traitement curatif ; il faut se convaincre que l’on va guérir pour pouvoir
le faire.
Cette situation n’est pas nouvelle pour moi puisque
voilà vingt ans j’ai déjà eu maille à partir avec le crabe et qu’il m’a fallu
neuf mois de chimiothérapie pour le vaincre. Je pensais que c’était un adieu
définitif ; apparemment, ce n’était qu’un au revoir.
Il va falloir réveiller le guerrier en moi pour
adopter une conduite de lutte ; comme on entonne dans les grandes
mobilisations : ce n’est qu’un début, le combat continue.
Voilà, j’ai habillé mon corps aux couleurs de mon
cœur, quitté la stupeur, abandonné la peur et décidé de m’en remettre à mon propre guérisseur ; j’ai mis des mots sur
mes maux et je me sens tout de suite mieux, prêt à reprendre ce credo parfois
oublié :
que c’est beau la vie…
pourvu qu’on en ait l’envie.
« Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi.
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi.
Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée. »
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée. »
« C'est beau la
Vie » - Jean Ferrat
Une maladie qui n'épargne personne et qui vous met la vie "en vrac"...
RépondreSupprimerDe tout coeur avec toi...
Hier soir, j'en parlais justement ici :
http://leslecturesdeflorinette.over-blog.com/article-revivre-guy-corneau-120895974-comments.html#anchorComment
Merci. C'est le temps des travaux pratiques, pour voir si on a bien compris et intégré les préceptes de l'enseignement et de se prouver qu'on peut rester acteur en temps de crise, pour gérer au mieux et arriver à bon port.
SupprimerCourage Ophoemon tu n'es pas seul ... petit convois d'énergies positives !!! ;)
RépondreSupprimerMerci. Je suis preneur de toute énergie positive et d'autant plus si elle arrive en convoi...
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