mardi 3 septembre 2013

Le chemin de l'éveil



Le chemin de l’éveil



« Ne croyez pas sur la foi des traditions quoiqu’elles soient en honneur depuis de nombreuses générations et en beaucoup d’endroits ; ne croyez pas une chose parce que beaucoup en parlent ; ne croyez pas sur la foi des sages des temps passés ; ne croyez pas ce que vous vous êtes imaginé, pensant qu’un dieu vous l’a inspiré.



Ne croyez rien sur la seule autorité de vos maîtres ou des prêtres.



Après examen, croyez ce que vous-même aurez expérimenté et reconnu raisonnable, qui sera conforme à votre bien et à celui des autres. »



Le Bouddha (Kalama sutta)





Message du Bouddha à ses disciples



« Il existe un chemin qui mène des misères écrasantes de cette vie transitoire au réel bonheur, et il est ouvert à tous.



Mais la voie est dure et il n’existe aucune méthode magique pour la rendre facile. Elle implique une constante et opiniâtre étude de soi-même ; elle signifie renoncer à tout ce à quoi vous attachez à présent tant de prix de manière insensée : votre moi actuel, avec tous les désirs insatiables et ignorants, et les besoins aveugles qui l’ont rendu ce qu’il est.



Personne ne peut emprunter ce chemin pour vous, ni homme, ni dieu ; vous devez l’emprunter vous-même. Aussi commencez maintenant. Soyez alerte et inlassablement vigilant. Faîtes l’effort le plus soutenu dont vous soyez capable.



Ne laissez rien vous séduire qui vous attarderait en cours de route, ni complaisance envers vous-même, ni le besoin erroné d’autopunition, ni vaine curiosité métaphysique, ni le désir de la compagnie de ceux qui ne sont pas encore prêts à suivre le Sentier.



Avancez sans compromission aucune vers le but. Et la victoire sur le moi – la plus grande de toutes les victoires et la clé de la paix et de la joie dans cette vie et au-delà – sera remportée. »





………………………



« La raison d’être d’un chemin spirituel et le message fondateur de toute religion reposent sur le fait qu’il existe en l’être humain un aspect de sa nature qui n’est pas soumis aux limitations du temps et de l’espace, et qu’il lui est possible de découvrir par un travail approprié sur lui-même.



Michèle Michaël



« Lorsqu’un aspirant se lance dans une voie spirituelle, quelle qu’elle soit, à la recherche de ce que certains dénomment la libération, d’autres leur Etre Suprême, ou encore, leur Nature-de-Bouddha, il est en fait en quête de lui-même, de l’énigme de son Origine. Il lui faut perdre totalement l’idée qu’il peut accéder à un monde d’une nature aussi sacrée et impénétrable communément pour découvrir le mystère de son Origine et de la Création tout en restant ce qu’il est ordinairement, avec ses penchants indésirables (sexuels ou autres), ses pensées chaotiques et sa manière irréaliste de concevoir l’existence – ce qui, malheureusement, s’avère être le souhait inconscient ( ou même parfois conscient) d’une grande partie des hommes et des femmes engagés dans une voie spirituelle. »



« La seule préoccupation d’un chercheur doit consister à trouver comment s’éveiller de cet étrange état d’absence à lui-même et de rêvasserie futile dans lequel il passe si pitoyablement sa vie, et qui est à l’origine de toutes les actions irréfléchies et du malheur qui afflige ce monde – un état d’être devenu tellement partie intégrante de sa nature qu’il lui est quasiment impossible de parvenir à le reconnaître.

Tout le temps durant lequel un homme est plongé dans son sommeil nocturne, il ne peut absolument pas savoir qu’il dort ; ce n’est que lorsqu’il s’éveille au matin qu’il peut affirmer qu’il a dormi. De même, sans jamais l’appréhender d’ordinaire, il passe son existence dans une autre sorte de sommeil, un bien curieux sommeil diurne où, comme il vient d’être expliqué, une absence à lui-même très particulière dans laquelle, coupé de son Essence Primordiale, il ne fait que rêver sa vie et, par conséquent, ne peut réaliser de quelle manière il n’existe pas !

L’homme vit dans un monde peuplé d’endormis qui bercent les rêves d’autres endormis, lesquels s’imaginent qu’emmagasiner des connaissances intellectuelles tirées de divers livres suffit pour provoquer chez eux une transformation spirituelle – ou même l’illumination !

En réalité, une démarche spirituelle accomplie dans ce curieux sommeil diurne ou absence à soi-même ne peut avoir de valeur et, par conséquent, ne peut en aucun cas procurer à un aspirant les fruits espérés.

Tout travail spirituel réel implique de la part du chercheur un contrôle délibéré et répété des mouvements désordonnés de son mental. Afin d’y parvenir, une pratique assidue de la méditation ainsi que d’autres exercices de concentration qu’il lui faut effectuer dans la vie active s’avère indispensable pour re-diriger son attention vers le but de sa quête chaque fois qu’elle va à la dérive. »



« Il existe dans la création une loi que nul ne peut modifier, à savoir que pour se retrouver –retrouver sa véritable Identité Princière-, l’homme doit consentir à se perdre d’abord, autrement dit, à perdre l’image qu’il a fabriquée de lui-même et à laquelle il est attaché, la manière dont il s’est habitué à concevoir sa vie, son rêve irréaliste d’une existence terrestre idyllique, son souhait d’un corps à jamais jeune, ses désirs insatiables (qui ne cessent de lui procurer des tourments), ses ambitions (grandes ou petites) et ainsi de suite.



Tant que cette perte de lui-même le rebute et demeure inenvisageable pour lui, il ne pourra jamais accepter de fournir les efforts requis pour découvrir en lui l’aspect ineffable de sa nature, son Souverain Céleste, dont il pressent avec appréhension qu’il éclipsera inévitablement son individualité ordinaire – de même que le lever de soleil ne peut qu’éclipser les ténèbres de la nuit lorsqu’il se met à répandre sa lumière sur la terre.

La réponse que l’aspirant cherche au mystère de son incarnation et aux problèmes de la vie extérieure se trouve dans le présent. Aussi, plus il parviendra à se maintenir dans un état de continuelle présence intérieure, libre du poids du passé et de la crainte de l’avenir, plus il aura accès à des niveaux de conscience supérieurs en lui, nécessaires pour lui permettre de rejoindre un aspect indicible de son être qu’il porte dans le fond de lui-même – un aspect sanctifié de la plus haute subtilité éthérée, qui constitue sa Véritable Nature. »



« Au commencement de son engagement dans une quête spirituelle (qui est au fond la quête de son Origine, de sa Véritable Identité), l’aspirant a besoin de tous les supports dont il peut disposer pour l’aider à demeurer concentré durant ses pratiques de méditation – des supports tels qu’une intense sensation corporelle, le mouvement de son abdomen lors de l’inspir et de l’expir, ou encore le précieux soutien que l’on dénomme en Inde le « Nada », un son cristallin audible à l’intérieur des oreilles et de la tête.

Il ne pourra éviter de constater que, pendant un certain temps, il se sent plus ou moins présent intérieurement et conscient de lui-même d’une manière qui diffère un peu – ou parfois beaucoup, tout dépend de son sérieux – de son état d’être habituel ; puis, quelque chose de mystérieux se produit, qui dépasse sa compréhension et, avant qu’il ne se rende compte de ce qui s’est passé, il n’est, pour ainsi dire, plus là, perdu à lui-même, englouti à nouveau dans une subtile torpeur mentale et dans ses rêveries coutumières ! »



« L’homme du commun vit dans une totale ignorance de lui-même, de l’aspect énigmatique de sa double nature enfoui en son être, et des lois mystérieuses régissant le Cosmos, qui le dépassent. En considérant que le Temps est effectivement courbe dans son déroulement et non pas rectiligne comme il l’imagine ordinairement, le chercheur ne doit-il pas se demander – en se rappelant l’étrange tendance inhérente à la nature de l’être humain à vouloir continuellement repenser, redire et refaire tout ce qu’il a pensé, dit et fait dans le passé – s’il consentirait, sans regret aucun, à reproduire éternellement tout ce avec quoi il est occupé dans le présent, en sachant que ses actes vont creuser toujours plus profondément leur sillon en son être, l’assujettissant ainsi à un recommencement sans fin duquel il ne pourra plus se libérer ?



C’est là une perspective qui remplit d’effroi et qui fait songer aux paroles troublantes du Bouddha sur « l’enchainement de l’homme à la ronde des naissances et des morts » !

De surcroit, l’aspirant doit s’interroger sur l’étrange possibilité (qui ne peut manquer de faire surgir en lui un sentiment d’inquiétude) que chaque pensée qui lui est venue à l’esprit, chaque parole qu’il a prononcée et chaque acte qu’il a accompli existent toujours sur un plan énigmatique qui demeure insaisissable à l’esprit limité de l’homme de la rue. »



« Au fur et à mesure que le chercheur se détachera davantage de ce qui se présente à son regard, devenant ainsi plus libre intérieurement et plus conscient de lui-même, il réalisera la nécessité pour son évolution vers encore d’autres plans d’être d’accorder de moins en moins de crédit à la réalité extérieure (qu’il reconnaitra alors n’être que relative) et de plus en plus d’importance à la Réalité Intérieure qui, en dépit de son invisibilité, devra finir par prendre toujours plus de place dans sa vie jusqu’à s’imposer comme la seule à laquelle il acceptera de se fier.



Suite à tout ce travail effectué sur lui-même, il découvrira qu’en raison de sa capacité à être plus présent et plus conscient de lui-même lors de son contact avec la vie extérieure, les différentes impressions qui l’envahissent du dehors seront, pour ainsi dire, mieux digérées par lui et, par conséquent, n’auront plus sur son être les mêmes effets indésirables qu’auparavant, lorsqu’il les recevait passivement en lui. »



« Il faut que les chercheurs parviennent à reconnaître la nature des différents obstacles qui leur barrent la route vers leur Etre Suprême et les empêchent de s’immerger en Lui, en particulier celui de l’attachement qu’ils peuvent toujours éprouver envers leur état d’être coutumier.



Il est évident qu’une cruche pleine d’eau doit préalablement être vidée de son contenu avant que l’air ne puisse l’occuper. Il en est de même pour l’aspirant. Il est nécessaire qu’il soit d’abord vide pour pouvoir Etre ; en d’autres termes, il faut qu’il abandonne son individualité ordinaire pour permettre à l’Infini de prendre la place ainsi libérée et de le combler de sa Sainte Présence.



Le chercheur doit réaliser que ce n’est qu’en atteignant un certain degré dans l’intensité de sa concentration qu’il peut espérer se défaire de son individualité coutumière pour pouvoir rejoindre en lui un tout autre état d’être et de conscience que celui qu’il connaît communément. »



« La perception du Temps se révèle mystérieusement différente selon le niveau de conscience où l’on se trouve placé. Une vérité perçue depuis d’autres dimensions peut sembler incompréhensible par la logique ordinaire. Ainsi, le mouvement circulaire du temps ramène les mêmes conditions et les mêmes situations sans que ceux qui les vivent ne soupçonnent qu’ils sont enfermés dans un cercle de récurrence ; toutefois, à l’intérieur d’un cycle temporel donné, les événements ne peuvent se répéter de façon  tout-à-fait analogue.

Autrement dit, lorsque le Temps recommence sa trajectoire, d’une façon inexplicable ordinairement, tout se reproduit de la même manière, tandis qu’au sein d’un même cycle temporel, s’il y a répétition, ce n’est jamais de façon exactement identique. »



« Il s’avère toutefois nécessaire de spécifier qu’il est extrêmement difficile de travailler seul et qu’il faut avoir touché le fond du désespoir avant de trouver son chemin sans aide d’un territoire intérieur aussi mystérieux et inhabituel, parsemé d’obstacles de toutes sortes ou même de dangers invisibles. »



« C’est une loi irréfutable de la nature que seuls les plus forts parviennent à survivre, les autres sont dévorés ou éliminés. Il en va de même dans le domaine spirituel. Seuls les plus solides et déterminés arrivent au bout du chemin, les autres succombent en route et sont avalés ou détruits par la vie ! »



Extraits du livre de

Salim Michaël

« Les fruits du Chemin de l’Eveil »

Guy Tredaniel Editeur



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