Salvador Dali - Galatea des Sphères, 1952
«Ma présence n’est pas ici. Je suis habillé de moi-même.»
Paul Eluard
Je suis l’autre
La singularité est le symptôme de la spiritualité. Ce qui nous est propre
et unique est frappé au sceau du spirituel ; lové en nous il ne demande
qu’à éclore. Il faut chercher au-delà de l’apparence, qui n’est que leurre et
illusion, le réel « je suis ».
« Chaque être
humain possède un visage intérieur, différent de celui qu’il présente chaque
jour à la vue des autres, et ce visage se modifie continuellement, car il
dépend étroitement de sa vie psychique. C’est ce visage intérieur qu’il doit
chaque jour sculpter, éclairer par ses sentiments et ses pensées les plus
nobles, afin qu’il imprègne et modèle un jour son visage physique. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov
« L’autre », c’est l’âme, ce dieu tombé
qui se souvient des cieux, incarcéré dans sa prison de chair. Dis-moi ce que tu cherches et je te dirai
qui tu es ; il faut devenir plus contemplatif qu’actif, chercher
le toujours dans l’aujourd’hui, chercher
le pérenne dans l’éphémère pour révéler en soi-même toute sa potentialité
spirituelle. C’est bien là notre mission secrète,
supprimer le cours du temps en touchant à l’absolu, tomber le masque pour
retrouver notre autre en le libérant.
« Alors le chercheur veut faire entrer ce feu, cette
vérité ardente dans chaque instant et dans chaque geste, dans son sommeil et
dans ses jours, dans son mal et dans son bien, dans toute la vie, et que tout
soit purifié, dévoré par ce feu, que quelque chose d’autre naisse enfin, une
vie plus vraie, un être plus vrai. Il entre sur la voie du surhomme. Alors le
chercheur veut faire entrer ce feu dans sa substance et dans son corps, il veut
que sa matière reflète la Vérité, incarne la Vérité, il veut que ça rayonne
dehors comme au-dedans.
………………
Il entre sur la voie de l’être supramental. Car en vérité
ce moi de feu qui grandit, ce corps ardent qui ressemble de plus en plus à
notre archétype divin, à notre frère de lumière sur les hauteurs, qui semble
nous déborder de toutes parts et même rayonner autour dans une vibration déjà
orange, est le corps même qui formera l’être supramental.
C’est la prochaine
substance de la terre: « plus dure que le diamant, et pourtant plus fluide
qu’un gaz ». C’est la condensation de la grande Énergie avant qu’elle se
transforme en matière. »
Satprem
Extrait de la Genèse du Surhomme
N’avez-vous jamais remarqué, lorsque vous faites le calme en vous, et
que la concentration s’installe, qu’alors un changement s’opère au sein de
votre personnalité. Il est du à un relâchement de votre vigilance qui vous
transforme en observateur en lieu et place de l’acteur que vous êtes au
quotidien.
Vous n’êtes plus en attente mais seulement présent à vous-même, et ceci
ouvre la porte à l’autre.
La voie de l'âme se dévoile à celui qui la cherche. Prendre conscience de
ce cheminement existentiel permet de se mettre en marche vers soi. À partir du
moment où j’ai compris qui je n’étais pas ce que je pensais être, ma vision de
moi-même s’est affranchie de ses limites. Tout commence en se posant la
question : Qui est l’autre ?
« L’homme est une étroite passerelle, un appel qui
grandit »
Sri Aurobindo
Une idée terrible me vint :
L’homme est double, me dis-je.
« Je sens deux hommes en moi », a écrit un Père de l’Église. Il
y a en tout homme un spectateur et un acteur, celui qui parle et celui qui
répond. Les Orientaux ont vu là deux ennemis : le bon et le mauvais génie.
Suis-je le bon ? suis-je le mauvais ? me
disais-je.
En tout cas, l’autre m’est hostile… »
Gérard de Nerval in
Aurélia