L’erreur spirituelle
"Pour comprendre comment les énergies psychiques circulent et
travaillent dans l’homme, il faut observer comment elles circulent et
travaillent dans la nature.
Regardez un arbre : plus son tronc et ses branches s’élèvent, plus ses
racines s’enfoncent profondément dans le sol. C’est un système de compensation
que l’on retrouve dans tous les plans, qu’ils soient physique, psychique ou
spirituel.
Donc, plus l’homme tend à s’élever dans sa conscience, plus il descend
dans son subconscient. Chaque niveau de conscience représente des courants, des
forces, des entités, et il doit veiller à tenir ces deux mondes en équilibre.
La grande erreur de ceux qui décident d’embrasser la vie spirituelle,
c’est de négliger la réalité du monde obscur qu’ils portent en eux. Ils
s’imaginent qu’il suffit de vouloir travailler pour la lumière, de vouloir être
sages, justes et désintéressés pour y parvenir effectivement.
Eh non, malheureusement non.
Et c’est ainsi que l’on voit des personnes parler d’amour spirituel, de
sentiments nobles et désintéressés, alors qu’elles vivent dans le désordre des
passions.
Et d’autres s’imaginent qu’elles se sont consacrées à un idéal, alors
qu’en réalité elles sont en train de donner libre cours à leur vanité, à leur
besoin de dominer les autres.
Vous direz : « Mais pourquoi ? Elles sont hypocrites, elles manquent de
sincérité ? »
Non, il peut y avoir chez elles de réelles aspirations spirituelles ;
seulement il ne suffit pas d’« aspirer » pour réaliser !
Et si l’on ne fait pas l’effort d’entrer en soi-même pour comprendre les
structures et les mécanismes du psychisme humain, on va au devant des pires
contradictions."
Omraam Mikhaël Aïvanhov
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« Il n’y a pas d’éveil de la conscience sans douleur.
Les gens feront n’importe quoi, aussi absurde que ce soit, afin d’éviter de
faire face à leur âme. Nous ne devenons pas illuminés en imaginant des formes
lumineuses, mais en prenant conscience du mal »
C.G. Jung
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« Tant que la connaissance n’est que par le mental,
elle n’est qu’une simple connaissance « par reflet », comme celle des ombres
que voient les prisonniers de la caverne symbolique de Platon, donc une
connaissance indirecte et tout extérieure ; passer de l’ombre à la réalité,
saisie directement en elle-même, c’est proprement passer de l’« extérieur » à
l’« intérieur », et aussi, au point de vue où nous nous plaçons plus
particulièrement ici, de l’initiation virtuelle à l’initiation effective.
Ce passage implique la renonciation au mental,
c’est-à-dire à toute faculté discursive qui est désormais devenue impuissante,
puisqu’elle ne saurait franchir les limites qui lui sont imposées par sa nature
même ; l’intuition intellectuelle seule est au delà de ces limites, parce
qu’elle n’appartient pas à l’ordre des facultés individuelles. On peut, en
employant le symbolisme traditionnel fondé sur les correspondances organiques,
dire que le centre de la conscience doit être alors transféré du « cerveau » au
« cœur »; pour ce transfert, toute « spéculation » et toute dialectique ne
sauraient évidemment plus être d’aucun usage ; et c’est à partir de là
seulement qu’il est possible de parler véritablement d’initiation effective.
Le point où commence celle-ci est donc bien au delà de
celui où finit tout ce qu’il peut y avoir de relativement valable dans quelque
« spéculation » que ce soit ; entre l’un et l’autre, il y a un véritable abîme,
que la renonciation au mental, comme nous venons de le dire, permet seule de
franchir. Celui qui s’attache au raisonnement et ne s’en affranchit pas au
moment voulu demeure prisonnier de la forme, qui est la limitation par laquelle
se définit l’état individuel ; il ne dépassera donc jamais celui-ci, et il
n’ira jamais plus loin que l’« extérieur », c’est-à-dire qu’il demeurera lié au
cycle indéfini de la manifestation.
Le passage de l’« extérieur » à l’« intérieur », c’est
aussi le passage de la multiplicité à l’unité, de la circonférence au centre,
au point unique d’où il est possible à l’être humain, restauré dans les
prérogatives de l’« état primordial », de s’élever aux états supérieurs et, par
la réalisation totale de sa véritable essence, d’être enfin effectivement et
actuellement ce qu’il est potentiellement de toute éternité.
Celui qui se connaît soi-même dans la « vérité » de l’«
Essence » éternelle et infinie, celui-là connaît et possède toutes choses en
soi-même et par soi-même, car il est parvenu à l’état inconditionné qui ne
laisse hors de soi aucune possibilité, et cet état, par rapport auquel tous les
autres, si élevés soient-ils, ne sont réellement encore que des stades
préliminaires sans aucune commune mesure avec lui, cet état qui est le but
ultime de toute initiation, est proprement ce qu’on doit entendre par l’«
Identité Suprême ».
« Aperçus sur
l'initiation » - René Guénon