En tant que contemporain et témoin de l'histoire européenne du xxe siècle, Jünger a participé aux deux guerres mondiales, d'abord dans les troupes de choc au cours de la Première Guerre mondiale, puis comme officier de l'administration militaire d'occupation à Paris à partir de 1941. Devenu célèbre après la publication de ses souvenirs de la Première Guerre mondiale dans Orages d'acier en 1920, il a été une figure intellectuelle majeure de la révolution conservatrice à l'époque de Weimar, mais s'est tenu éloigné de la vie politique à partir de l'accession des nazis au pouvoir. Jusqu'à la fin de sa vie à plus de cent ans, il a publié des récits et de nombreux essais ainsi qu'un journal des années 1939 à 1948 puis de 1965 à 1996. Parmi ses récits, Sur les falaises de marbre (1939) est l'un des plus connus. Francophile et francophone, Ernst Jünger a vu son œuvre intégralement traduite en français et « [...] fait partie, avec Günter Grass et Heinrich Böll, des auteurs allemands les plus traduits en France». Figure publique très controversée à partir de l'après-guerre dans son pays, il a reçu le prix Goethe en 1982 pour l'ensemble de son œuvre.
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« Qui n’a jamais eu
l’impression que sa vie (...) attend un exaucement inconnu - un complément pour
se parfaire ? »
Ernst Jünger – Polarisations
« Quelle est donc cette
question redoutable que le néant pose à l’homme ?
C’est la vieille énigme du Sphinx.
L’homme est interrogé sur lui-même : connaît-il le nom de l’être étrange qui se
meut à travers le Temps ? Il est dévoré, ou reçoit la couronne selon qu’il
répond. Le Néant veut savoir si l’homme est de taille à lui tenir tête, s’il
vit en l’homme des éléments que nul temps ne désagrégera. »
« La peur a
le dernier mot…qui demeurera toujours le grand partenaire de nos dialogues, en
toute délibération de l’homme avec lui-même. … si, par contre, la
peur est remise à sa place d’interlocutrice, l’homme peut à son tour prendre la
parole. Il cesse alors de se croire cerné. Une autre solution que celle de
l’automatisme se présentera à son esprit. C’est dire que désormais deux chemins
s’ouvrent à lui, ou, en d’autres termes, que sa liberté de décision est
restaurée »
« Si l’on voulait nommer
l’instant fatal, aucun sans doute ne conviendrait mieux que celui où sombra le
Titanic. La lumière et l’ombre s’y heurtent brutalement : l’hybris du progrès y
rencontre la panique, le suprême confort se brise contre le néant. »
«Le marcheur de la forêt …
a découvert la grande surprise des forêts : la rencontre avec soi-même, le
noyau inaltérable du soi, l’essence dont se nourrit le phénomène temporel et
individuel.
La forêt, asile de la vie, dévoile
ses richesses surréelles quand l’homme a réussi à passer la ligne. Elle tient
en elle tout le surcroît du monde »
Ernst Jünger -
Traité du Rebelle ou le Recours aux forêts.