vendredi 26 octobre 2018

Ainsi parlait Jean d'Ormesson

"Train dans la neige", peint en 1875 par Claude Monet

Le train de ma vie

« À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage…
Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand.
D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au revoirs et d’adieux.
Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes. On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous. Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train. »
Jean d’Ormesson



lundi 8 octobre 2018

Flamme hugolienne


Flamme hugolienne


“Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière.”

 Victor Hugo - Les Contemplations



Victor Hugo
Le phare des Casquets
1866

Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
……..
Il rayonne ! il jette sa flamme
Sur l'éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l'âme
D'une merveilleuse clarté.
Il inonde de sa lumière
Ville et désert, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
À tous d'en haut il la dévoile ;
Car la poésie est l'étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs !

Victor Hugo, "Les Rayons et les Ombres"
(1840)

mercredi 26 septembre 2018

C'est par là qu'entre la lumière


C'est par là qu'entre la lumière




“Il y a une faille dans toute chose, c'est par là qu'entre la lumière.”
Leonard Cohen



Représentation de l’Allégorie de la caverne par Félix Girard

"Si les fenêtres de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l’homme, — ainsi qu’elle l’est — infinie. Car l’homme s’est lui-même enfermé jusqu’à ne plus rien voir qu’à travers les fissures étroites de sa caverne".

William Blake, Le mariage du ciel et de l’enfer (1790-1794)
Rembrandt
 Philosophe en méditation (1632) Louvre

«Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité ; mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.»

Carl Gustav Jung


vendredi 31 août 2018

Ainsi parlait Antonio Machado





Antonio Machado, né le 26 juillet 1875 à Séville (Andalousie) et mort le 22 février 1939 à Collioure (Pyrénées-Orientales, France), est un poète espagnol. Il est l'une des figures du mouvement littéraire espagnol connu sous le nom de Génération de 98. Il mélange la rêverie mélancolique et raffinée à l'inspiration terrienne.

Après une enfance passée à Séville, il s’installe à Madrid avec sa famille en 1883. Haut représentant de la « génération de 98 », il est élu à l’Académie espagnole en 1927. Au début de la guerre civile, il abandonne Madrid pour se réfugier avec sa mère et d’autres membres de sa famille à Rocafort, puis à Barcelone. En 1939, il entreprendra le chemin de l’exil, mais la mort le surprendra à Collioure.


Il n’y a pas de chemin …

Tout passe et tout reste,
mais nous, nous devons passer,
passer en marchant,
en marchant sur la mer.

Je n’ai jamais couru après la gloire,
ni voulu ancrer dans la mémoire
des hommes ma chanson ;
moi j’aime les mondes subtils,
légers et gentils,
où flottent des bulles de savon.

J’aime les voir se peindre
de soleil et de rouge écarlate, voler
sous le ciel bleu, trembler
subitement et se casser…

Je n’ai jamais couru après la gloire.

Marcheur, seules tes traces de pas
et le chemin comptent ;
marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant.

En marchant se fait le chemin,
et en regardant derrière,
on voit le sentier
sur lequel on ne posera plus jamais le pied.

Marcheur, il n’y a pas de chemin,
seulement ton sillage dans la mer…

Il y a longtemps, en ce lieu
où aujourd’hui les bois s’arment d’épines,
on entendit la voix d’un poète crier
« Marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers…

Le poète mourut loin de chez lui.
La poussière d’un pays voisin le recouvrit.
En s’éloignant, on le vit pleurer.
« Marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers…

Quand le chardonneret ne peut pas chanter.
Quand le poète est pèlerin,
quand rien ne sert de prier.
« Marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers.

Antonio Machado




vendredi 6 juillet 2018

Communication avec Ophoemon (15)






L’émancipation spirituelle en cours

Tout est mouvant avec une seule certitude fondamentale : le changement est là et le vieux monde va s’écrouler comme un château de cartes.
Dans ton pays, notamment, les choses vont changer et ce à l’avant-garde du reste du monde. Le gouvernement sera renversé et les membres de la Cabale arrêtés et jugés, c’est déjà en cours.
Un souffle libératoire est engagé qui va ébranler le monde entier. Les forces vives spirituelles y ont contribué et le combat doit perdurer jusqu’à l’extinction totale de l’ancien système et de ses sbires.
Je sais que vu de chez vous tout cela peut paraitre énorme, trop gros pour être crédible, et pourtant c’est bien ce qui va se passer, à très court terme, notamment dans ton pays, et puis le mouvement de libération revêtira une ampleur mondiale.
C’est la fin du truquage généralisé et de la corruption institutionnalisée qui est en marche.

La période qui débute sera agitée car il faut démolir les vieilles constructions et niveler le terrain avant de reconstruire, c’est nécessaire et tous ces mouvements vont engendrer le nouveau monde qui sera fait de justice et d’humanité. Une grande lessive est lancée pour purger tous les vices et corruptions des dirigeants de cette société pourrie ainsi que leurs complices.

Puis ce sera le calme après la tempête avec la remise en vigueur des valeurs spirituelles si longtemps bafouées.

Ce moment est exceptionnel dans l’évolution spirituelle de l’humanité car il en constitue un palier majeur ; vous obtenez aujourd’hui votre majorité en entrant de plain pied dans une nouvelle dimension vibratoire qui vous libèrera des contraintes matérielles et de la mainmise d’entités prédatrices qui avaient réduit l’humanité à une classe d’esclaves, en bridant tout leur potentiel évolutif intrinsèque.

Vous en prenez progressivement conscience même si nombre d’entre vous sont encore totalement dépassés par ce raz de marée qui se déroule à leur insu.
Vous êtes sur le point d’avoir vos réponses définitives à vos questions essentielles :
Qui suis-je ? D’où je viens et où je vais ?

Auriez-vous jamais pensé pouvoir résoudre cette énigme existentielle dans votre actuelle incarnation ?

Le filet qui vous retenez captifs a cédé sous les coups de boutoirs des forces positives qui vous assistent. Les pantins politiques s’effondrent entrainés dans la chute vertigineuse de leurs maîtres ; les fils des marionnettes ont été sectionnés et la vermine sera balayée comme des fétus de paille.

Rien ne peut plus interrompre ce mouvement ni la dynamique de votre émancipation spirituelle ; tout ce qui tentera de se mettre en travers sera broyé inexorablement et transformé en poussière.


Les pseudo-démocraties, et leurs cohortes de l’ombre, disparaissent quand le règne de l’Esprit adombre la Terre.

Sans haine ni violence. Avec force et justice.
Que la Lumière soit.



lundi 18 juin 2018

Etre, ou ne pas être ?



« Si les hommes n’ont pas pour unique objet le passage dans l’état d’éveil, c’est que les difficultés de la vie en société, la poursuite des moyens matériels d’existence ne leur laissent pas le loisir d’une telle préoccupation. Les hommes ne vivent pas seulement de pain, mais jusqu’à présent notre civilisation ne s’est pas montrée capable d’en fournir à tous.
A mesure que le progrès technique permettra aux hommes de respirer, la recherche de l’éveil, de l’hyperlucidité, se substituera aux autres aspirations. La possibilité de participer à cette recherche sera finalement reconnue parmi les droits de l’homme. La prochaine révolution sera psychologique. »

« Le matin des magiciens » – Louis Pauwels & Jacques Bergier


Etre, ou ne pas être ?

Poser la question, c’est déjà y répondre, a-t-on l’habitude de dire.

Comment analyser cet adage ?
Tout d’abord, un principe s’impose : s’il n’y a pas de question, il n’y a pas de réponse. Et c’est alors le règne de l’ignorance.
S’interroger, c’est vouloir connaitre, et ce pour pouvoir comprendre.
Que la question soit concrète ou abstraite, le processus reste le même.

La vie est ainsi faite qu’on la vit sans s’en rendre compte, comme si c’était un dû qui s’écoule naturellement, presque à notre insu. De l’enfance à la jeunesse, c’est dans l’insouciance que tout se déroule ; avec la maturité surviennent quelques questions qui restent le plus souvent sans réponse parce que repoussées à plus tard….

Enfin, avec l’âge mûr, on se pose les vraies questions, avec cette sensation toujours plus prenante qu’on est le dos au mur et qu’il n’y a plus de temps à perdre. Et comme dit le dicton populaire, « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ». Plus d’échappatoires ou de dérobade, il faut s’y mettre et affronter la réalité, désormais à court terme, les yeux dans les yeux.

Mais par quel bout le prendre ?
Il est difficile de s’interroger sur sa vie parce qu’on manque de recul et d’impartialité mais il est pratiquement impossible pour tout un chacun de comprendre le sens de sa vie.
Se demander si notre vie a un sens c’est déjà sous-entendre qu’elle doit en avoir un, mais que nous ne le connaissons pas. Et passer sa vie à rechercher ce sens ne nous apportera rien, car il s’agit d’une recherche intellectuelle qui n’a pas de prise sur ce qui la dépasse.

Il ne faut surtout pas confondre la chevauchée intellectuelle avec le cheminement spirituel.

Ce qui distingue la vie spirituelle de la vie intellectuelle est que la seconde permet de connaitre le monde, et tout son environnement matériel et concret, alors que la première doit permettre de se connaitre soi-même, au-delà des apparences, pour trouver le sens de son existence.

Le critère essentiel de la spiritualité coïncide avec l’intériorité, que l’homme nourrit et développe par l’introspection et la méditation régulières.
C’est le propre de la démarche spirituelle : ne rien attendre de l’extériorité pour ouvrir la porte à l’intériorité.

Un second critère de la spiritualité est la verticalité; l’intellect est au spirituel ce que l'horizontalité est à la verticalité. La verticalité ouvre le champ de la spiritualité, de la hauteur, du recul... Mais la verticalité ne peut s'exprimer en dehors de toute horizontalité, tout comme le spirituel a besoin de l’intellect pour pouvoir décoller vers d’autres champs de conscience.
Pour s’élever au-dessus de la matière et se dégager des contingences qui nous parasitent sans cesse, il faut prendre de l’altitude pour atteindre un ailleurs ressenti comme libératoire.  En fait, l’intellect mène au spirituel à condition d’en sortir.

Un troisième critère est le lâcher prise, qui permet de se détacher de ce qui nous entoure au quotidien pour atteindre à une sorte de sérénité nonchalante.
Le fait d’être en attente nous met en état de dépendance de ce que nous attendons. Si nous n’attendons rien, nous sommes totalement libre et disponible pour nous occuper de nous-même.

Lâcher prise peut se comprendre de plusieurs façons ; mais pour faire simple et bien définir cette notion primordiale de la spiritualité, il faut avoir recours à son contraire : le contrôle.
Lâcher prise, c’est abandonner toute volonté de contrôle, toute vigilance chronique.
Il faut ouvrir les vannes et se vider de tout ce qui nous envahit à longueur de temps : nos affects, nos pulsions, nos émotions, nos mémoires, conscientes ou enfouies, qui nous parasitent et nous oppressent.

Prendre conscience de ce fonctionnement routinier, qui nous pilote à notre insu, en l’identifiant permet de le neutraliser. Vous devez être capable d’observer vos pensées sans vous laisser entrainer par elles, en restant indifférent à leur présence. Progressivement le processus même de la pensée va se raréfier, puis s’arrêter totalement.
En devenant observateur neutre de vous-même, vous vous éveillerez au calme intérieur qui vous permettra d’être présent en conscience et d’acquérir une véritable lucidité spirituelle. Il ne sera plus question de réussir dans la vie mais bien de réussir sa vie et de réaliser l’épanouissement de notre être.

"Tout le chemin de la vie, c'est de passer de l'ignorance à la connaissance, de l'obscurité à la lumière, de l'esclavage des sens à la liberté de l'esprit, de l'inaccompli à l'accompli, de l'inconscience à la conscience, de la peur à l'amour.
Cette quête, c'est la plus belle aventure qui soit : l'aventure intérieure de la sagesse. Pour cela, peu importe que tu sois riche ou pauvre, humble ou puissant, petit ou grand. La sagesse est offerte à tous. Elle se donne gratuitement. Il suffit juste de la désirer.
Et toute la vie t'apparaîtra comme ce qu'elle est : un voyage initiatique.
Allons, mets-toi en marche et va vers toi-même. Alors, l'univers te sourira."
Frédéric Lenoir  -  L'Ame du Monde



mercredi 23 mai 2018

« Vanités » d’Antonio de Péréda



Allégorie de la Vanité

« Vanités » d’Antonio de Péréda

Antonio de Pereda est un peintre espagnol né à Valladolid en 1599, mort à Madrid en 1669. Il vint très jeune à Madrid, et ses dispositions pour la peinture le firent admettre dans l'atelier de Pedro de las Cuevas. A dix-huit ans, le jeune artiste débutait par une Conception, entourée d'une gloire d'anges, qui fut fort admirée, et que son protecteur, le marquis Crescenzi, envoya à Rome au cardinal, son frère; à Rome comme à Madrid, l'œuvre fut jugée belle, et Pereda regardé désormais comme un peintre de grand avenir. Il obtint aussitôt la commande, pour le palais du Buen Retiro, d'un grand tableau représentant le Marquis de Santa Cruz secourant Gênes assiégée.

Puis ce fut l'amiral de Castille, dont la galerie de tableaux était célèbre, qui demandait à Pereda une peinture allégorique, « el Desengaño de la vida », aujourd'hui à l'Académie de San Fernando, et qui est regardée comme le chef-d’œuvre de l'artiste. Elle nous montre un jeune et élégant gentilhomme, endormi sur son fauteuil, au retour de quelque nuit d'orgie. Auprès de lui, sur une table, c'est un amoncellement de pièces d'argent et d'or, de bijoux, de colliers, d'armes magnifiques, et, au milieu de ces richesses et de tout ce que convoite L'ambition humaine, se voit une tête de mort. Un rêve traverse le sommeil du jeune débauché, et la vision qu'il a dans ce rêve se fait tangible; un ange, l'ange de la Mort, lui apparaît, tenant dans ses mains une longue banderole où se lisent ces mots fatidiques : 
« Aeterne pungit, cito volat et occidit. »
("Il pique éternellement, il s'envole vite et détruit tout.")

Le rêve du Chevalier