dimanche 7 avril 2013

Morceaux choisis - Jean Klein





« L’écoute est notre vraie nature.

 L’écoute est désencombrée, libre de toute mémoire. C’est un non-état. L’écoute est un continuum. Tout objet perçu vous ramène à votre vraie patrie, à l’écoute.

Dans l’écoute vous vivez réellement votre complète absence. C’est seulement dans cette absence complète que vous pouvez sentir votre présence.

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Ce que vous prenez pour une réalité est simplement un concept surgi de votre mémoire.

La mémoire surgit de l’esprit, l’esprit du témoin, le témoin de votre vraie nature. Vous êtes le témoin, le spectateur placé sur la rive et regardant le fleuve couler. Vous ne bougez pas, vous êtes au delà du changement, au delà du temps et de l’espace. Vous ne pouvez percevoir ce qui est permanent parce que vous l’êtes. N’alimentez pas les concepts dont vous avez fait vos fortifications ou l’image que les gens ont de vous. Ne soyez ni personne ni rien, contentez-vous de rester à l’écart de ce que la société vous demande. Ne jouez pas son jeu. Cela vous établira dans votre autonomie. L’exemple, si souvent utilisé dans le Vedanta, du serpent et de la corde, d’un côté se réfère au monde et, de l’autre, à la réalité ultime. Le serpent représente le monde des objets où nous rencontrons les personnalités, les pensées, et l’affectivité. La corde symbolise la réalité ultime, le silence de la conscience. Une fois que nous cessons de prendre la corde pour le serpent, l’idée du serpent disparaît et nous voyons la corde pour ce qu’elle est réellement. Il est parfaitement naturel que l’erreur perde sa substance et se dissipe quand la vérité devient évidente. Étant donné qu’une pensée fait partie intégrante de l’illusion, il lui est impossible de nous révéler la réalité ultime. Le “fait d’être”, la toute présence, qui est la source de toute expérience, est au delà de la dualité expérimentateur/expérimenté. Quand l’accent se trouve sur la conscience et non sur la pensée ou sur la perception, nous entrons progressivement dans une détente profonde, à la fois sur le plan neuromusculaire et sur le plan mental. Si nous observons avec détachement l’apparition et la disparition de tous les états que nous expérimentons, nous parvenons bientôt à appréhender que chaque état, chaque perception, chaque pensée sont réabsorbés dans une connaissance informulée, une connaissance qui est l’être. Ce continuum, seule réalité, est là avant que ne commence l’activité. Immergez-vous dans cette tranquillité chaque fois qu’elle se fait sentir.

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La “Présente Eternité” est totalement étrangère au Temps est à l’Espace.

Elle ne peut donc se situer dans aucun lointain, aucun passé, aucun futur. Elle est par essence la Réalité “hic et nunc” (ici et maintenant). Cette Réalité échappant à toute catégorie mentale est par cela même inexprimable, incommunicable et connaissable seulement par pur-expérience. Elle constitue l’arrière-plan d’ou la pensée et, par conséquent, le monde de la multiplicité, surgit et ou elle s’évanouit. Quand il y a activité mentale, cet arrière-plan est “conscience-témoin”, absolument non-impliquée, et quand il ya cessation de l’activité mentale, il est “Conscience Pure” sans objet. C’est cet arrière-plan qui est notre véritable nature qui ne peut se révéler que spontanément, c’est-à-dire dans une attitude excluant tout effort, toute préméditation et tout intention. Cette réalité, étant informelle, échappe à toute qualification. Les termes traditionnels de Paix et de Béatitude en donnent cependant la meilleure approche. Cet arrière-plan pourrait être perçu dans tous les intervalles entre deux pensées ou deux perceptions. Ces intervalles en effet, constituent une véritable ouverture sur l’instant Intemporel, c’est-à-dire la Présente Eternité. Mais ce qui empêche cette perception c’est la croyance que l’informel est irréel. De sorte que nous surimposons à cette perception de l’informel une idée de néant ou d’absence qui provoque un certain malaise. Ce malaise (peur du vide) nous précipite aussitôt dans la recherche d’une autre pensée ou perception capable de combler le vide tant redouté. »

Jean Klein

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