La porte
étroite
« Innombrables sont nos voies et nos demeures
incertaines. »
Saint John Perse
« Le frôlement de l’il y a, c’est l’horreur. »
Emmanuel Levinas
« Ne croyez pas que
quand vous serez dans l'autre monde vous allez acquérir les qualités que vous
n'avez pas su manifester dans celui-ci ! Si vous étiez méchant,
déraisonnable et égoïste ici sur terre, vous le resterez là-bas aussi. Dans
l'autre monde on ne s'améliore pas ; dans l'autre monde on vérifie
seulement, on constate, on prend conscience de ses erreurs, de ses lacunes ou
au contraire de ses actes justes et bons. C'est ici, sur la terre, que l'on
s'instruit. Et si on n'a pas commencé à s'instruire ici, ce n'est pas de
l'autre côté qu'on commencera à le faire. De l'autre côté, je le répète, on
constate seulement, et on ne peut rien faire, on ne peut plus corriger quoi que
ce soit. On voit, par exemple qu'on était jaloux, orgueilleux, coléreux,
craintif, et on ne peut rien y changer. Pour changer quelque chose, il faut
redescendre sur la terre et travailler à réparer toutes ses erreurs et à
s'améliorer. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov
Omraam Mikhaël Aïvanhov
On passe sa vie à ne pas y penser, ou du
moins à faire comme si on n’y pensait pas.
C’est le divertissement, au sens
pascalien du terme, qui nous gouverne, pour nous éviter ce face à face gênant
avec soi-même, parfois insupportable.
Et puis, le temps passant, l’approche du
terme augmente l’angoisse : ne sommes nous nés que pour la mort, cette
disparition physique qui est conçue comme une véritable annihilation ?
Car c’est ainsi, il y a la mort comme
point final de notre existence, et le frôlement du « il y a » nous
inocule l’horreur, ce sentiment de peur panique, synonyme d’impuissance face à
ce qui nous dépasse et qu’on ne peut identifier.
« Nous autres humains
sur terre, nous sommes pris dans un terrible engrenage :
la certitude de
mourir sans en connaître ni le jour ni l'heure devient en nous
la source de toutes les incertitudes.
Malgré nos mille mesures
visant à nous sécuriser, nous vivons sous la menace de maladies,
d'accidents, de conflits meurtriers, de perte d'êtres chers.
D'où notre permanente
angoisse.
François Cheng
"Cinq
méditations sur la mort, autrement dit sur la vie"
Pourtant, a bien y regarder, notre vie
constitue un labyrinthe dont la mort est l’issue libératoire, la fin d’une
incarcération charnelle. Toutes les personnes ayant vécu des épisodes de mort
provisoire (NDE) affirment avoir éprouvé un sentiment de libération totale et
d’amour universel après leur décorporation, quelque chose de très fort et
d’inédit difficile à traduire par des mots, notre vocabulaire étant inapte à
cerner ce qu’il ne peut comprendre. Le relatif ne peut atteindre l’absolu.
En
réalité, la mort n’est qu’une ombre que la lumière dissipe. A condition de
toujours rester, au cours de ce changement d’état, de cette mue, en quête de cette
lumière subtile, qui nous permettra de continuer à assurer notre progression
spirituelle. Le chemin ne s’arrête pas sur le plan de l’astral par où
transitent les désincarnés après leur décès.
Bien au contraire, il faut être là plus
vigilant que jamais pour ne pas succomber aux chants des sirènes et se perdre
dans les pièges de l’illusion. Et le travail fait ici bas permettra de rester
actif et positif sur les plans éthériques qui nous entourent.
« L’homme comprendra
que la mort est un plan de vie inerte à l’intérieur duquel les
âmes s’épanouissent dans la nonchalance spirituelle qui est une forme de
nectar atmosphérique les maintenant dans le sommeil spirituel. Cet état
est une condition de la vie au-delà du plan matériel permettant à l’âme de
se mouvoir dans des atmosphères subtiles représentant la quintessence de
la vie astrale. Cependant, ce n’est qu’au cours de l’incarnation que l’âme,
à travers le plan mental de l’ego, prendra conscience d’elle-même et
qu’elle cessera d’être un élément neutre dans l’évolution de son
existence. »
Bernard de Montréal
Le travail spirituel doit se faire essentiellement
ici et maintenant pour se poursuivre de l’autre côté du miroir. Sur terre,
c’est notre action, notre empathie et notre intégrité qui doivent nous aider à tracer une trajectoire correcte,
déjà décidée avant de s’incarner, pour poursuivre notre avancement
spirituel ; cette phase correspond aux travaux pratiques qui doivent
permettre d’expérimenter notre projet de vie.
Mais c’est aussi une démarche volontaire
et régulière de connaissance de soi, par l'introspection
qui désigne l'action de « regarder à l'intérieur » de soi.
L'introspection devient
ainsi le chemin intérieur de toute démarche spirituelle, et nous en sommes le
seul guide. A défaut d’introspection, pas de connaissance de soi, et donc pas
de travail initiatique possible.
Arrivés de l’autre côté, c’est le temps
des corrections, des réajustements avec la reprise de cours théoriques pour se
remettre sur les bons rails, si tant est qu’on ait dévié quelque peu entre les
prévisions et la réalisation de notre contrat de vie.
Le travail entre deux vies consiste en
une prise de conscience des corrections à effectuer en fonction des erreurs
commises lors de notre dernière existence et à préparer un retour en
incarnation permettant de se donner la chance de réussir ce que nous n’avons pas
su faire précédemment.
Dans le feu de l’action, nous n’avons pas
toujours le recul nécessaire pour avoir une
analyse claire et lucide ; nous aurons alors une longue période de
réflexion profonde et de compréhension objective où nous serons notre propre
juge.
Il faut toujours apprendre de ses échecs
et se construire dans ses succès, sans se laisser griser ; il n y a pas
d’expérience inutile, même si elle n’apparait pas significative lorsqu’elle se
déroule.
Dés lors, pour les âmes ayant terminé leur formation sur
les plans subtils, l’incarnation, dans
un nouveau corps physique et terrestre, est proposée assortie d’une
nouvelle mission qui débute avec le parachutage dans la matière dense et le nouveau
franchissement de la porte étroite de la naissance.
« L'Initiation est une ascèse qui apprend à l'homme à se débarrasser de
ses faiblesses et de toutes ses tendances inférieures. On peut la comparer à
l'orifice par lequel passe le serpent qui doit changer de peau.
Le disciple est celui qui se prépare à passer
par la porte étroite qui lui enlèvera sa vieille peau. Et au lieu de se
troubler et d'avoir peur, il doit se réjouir de devenir un homme
nouveau avec des pensées, des sentiments, un comportement nouveaux, dignes d'un
véritable fils, d'une véritable fille de Dieu.
Chacun de vous est appelé à
passer par la porte étroite, et on peut dire qu’au cours de son existence
l’homme passe par trois portes : celle de la naissance par laquelle passent
tous les hommes, qu’ils soient bons ou mauvais. Ensuite, la porte de la mort,
et là encore passent les bons et les mauvais. Mais la porte étroite, la porte
de l’Initiation, seuls peuvent y passer ceux qui sont capables de grands
sacrifices et renoncements. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov
« La mort n'est que le plus puissant acte de
la vie ; car elle enfante une vie supérieure. »
Alphonse de Lamartine
Alphonse de Lamartine
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