L’obligation de conscience
« Ce qui pousse
chaque être à retrouver le sens de sa propre existence, est un besoin
essentiel. Lorsque nous détournons cette aspiration de son intention d'origine,
nous passons notre temps à gratifier des besoins sur le plan physique, des
envies sur le plan émotionnel et des volontés sur le plan mental. Le processus
de gratification sur ces plans-là se révèle, à l'expérience, toujours habité
par la peur et la souffrance.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a toujours l'envie, le désir ou
la volonté à satisfaire et, en même temps, le besoin de combler un manque
incessant.
A travers l'obligation
de conscience vécue quotidiennement nous restons par contre en contact avec le
besoin fondamental de notre être qui est de se comprendre soi-même.
………………..
L’enseignement de la
prise de conscience m'oblige à amener ma conscience, mon attention, là où c'est
difficile et en relation à l'endroit de la difficulté, je suis aussi obligé à
la relation consciente.
Et là, que vais-je voir?
Je vais constater, avec
une acuité de plus en plus profonde, combien cette relation est négligée.
Combien elle est profane, dans le sens d'être avant tout utilitaire : ce qui
est bon pour moi, je le prends; ce qui est mauvais pour moi, je le repousse, et
ceci sur tous les plans: matériel, corporel, sensoriel, autant qu'affectif,
émotionnel, sentimental ou encore conceptuel.
J'attire ce qui m'arrange, je repousse ce qui me dérange. Tout mon rapport à l'autre, qu'il soit un être humain, un objet, un événement, une situation, tout cet univers est géré par cette loi: attirer-repousser, j'aime-je n'aime pas, je prends-je rejette.
Est-ce que je peux penser un instant, connaître véritablement la nature de l'autre, la nature de la relation, si je ne vis de l'autre et de la relation que ce processus-là ? »
« ... Là où siège
la difficulté, là est la pratique.
Qu'est-ce qui est difficile?
C'est l'autre. L'autre est la difficulté,
l'autre est la pratique.
Dans la contemplation, l'un est la joie, l'un est la pratique. Dans l'action,
l'autre est la difficulté, l'autre est donc la pratique. Soyons simples et
reconnaissons que nous considérons l'autre, depuis toujours, comme la source
des bienfaits et la source des souffrances. On se dit que c'est à cause de
l'autre, la faute de l'autre, ou grâce à l'autre. »
« Quand je parle
d'un chemin, quand je parle d'une quête, c'est la quête d'un sens beaucoup plus
vaste que cette simple relation-là. C'est la quête d'une qualité beaucoup plus
vaste que ce genre de commerce que j'ai avec l'autre, cette transaction
continuelle, ce marché.
Cette quête me demande de voir dans l'autre quelque chose de beaucoup plus vaste que ce qui peut servir ou desservir mon intérêt personnel. »
L'obligation de
conscience
(Editions du Relié, 2004)
Yvan Amar (1950-1999), philosophe, est l'auteur
de : L'Effort et la Grâce et Le Maître des Béatitudes, parus aux éditions Albin
Michel ainsi que Les Nourritures silencieuses et La Pensée comme voie d'éveil,
aux éditions du Relié.
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