« Le "Spirituel", du
fait qu’il connaît le lieu de son origine, [par son étincelle divine] connaît
du même coup le lieu où il est inéluctablement destiné à revenir ; sachant
d’où il est, il sait où il va… Qui connaît le principe de son être en connaît par
nécessité, la fin. »
H. C. Puech, En
quête de la gnose.
« Les fondements mêmes de toute vie
spirituelle sont, primo : discerner le réel et l'illusoire ; et secundo : se
concentrer sur le réel. »
"La vie humaine se déroule
simultanément sur trois plans, ou plutôt l'égo subit trois centres d'attraction
auxquels il répond de différentes manières, suivant sa nature ou sa valeur.
Nous vivons à la fois dans le corps, le cerveau et le cœur, si bien que nous
pourrions parfois nous demander où se situe notre véritable "moi"; en
fait, l'égo proprement dit, le "moi" empirique, a son siège sensible
dans le cerveau, mais il glisse volontiers vers le corps et tend à s'identifier
avec lui, tandis que le cœur est le siège symbolique du Soi, dont nous avons
conscience ou que nous ignorons, mais qui est notre vrai centre existentiel et
intellectuel, et par là même universel."
« Sentiers
de Gnose »
La Place
Royale
(1987, p.104)
Frithjof Schuon
La gnose n'est pas n'importe quoi
La gnose et le
gnosticisme, la théosophie et le théosophisme.
C'est un fait que trop d'auteurs - nous dirons
presque : l'opinion générale - attribuent à la gnose ce qui est propre au
gnosticisme et à d'autres contrefaçons de la sophia perennis et, en
outre, ne font aucune distinction entre celle-ci et les mouvements les plus
fantaisistes, tels le spiritisme, le théosophisme et les pseudo-ésotérismes qui
ont vu le jour au XXe siècle. Il est particulièrement regrettable que ces
confusions soient prises au sérieux par la plupart des théologiens, qui ont
évidemment intérêt à avoir de la gnose la plus mauvaise opinion possible ; or
le fait qu'une imposture imite forcément un bien, sans quoi elle n'existerait
pas, ne saurait autoriser à charger ce bien de tous les péchés de l'imitation.
En réalité, la gnose est essentiellement la voie de
l'intellect et, partant, de l'intellection ; le moteur de la voie est avant
tout l'intelligence, non la volonté et le sentiment, comme c'est le cas dans
les mystiques monothéistes sémitiques - y compris le soufisme moyen. La gnose
se caractérise par son recours à la métaphysique pure : distinction entre Âtmâ
et Mâyâ et conscience de l'identité potentielle entre le sujet humain, jîvâtmâ,
et le Sujet divin, Paramâtmâ. La voie comporte, d'une part, la
"compréhension" et, d'autre part, la "concentration"; donc
la doctrine et la méthode....
Quant au gnosticisme, qu'il se produise en climat
chrétien, musulman ou autre, c'est un tissu de spéculations plus ou moins
délirantes d'origine souvent manichéenne et c'est une mythomanie qui se
caractérise par un mélange dangereux de concepts exotériques et ésotériques.
Sans doute, il y a là des symbolismes qui ne manquent pas d'intérêt - le
contraire serait étonnant - mais on dit que "le chemin vers l'enfer est
pavé de bonnes intentions", on pourrait dire tout autant qu'il est pavé de
symbolismes.
(Avoir un centre, 1988, Editions Maison-Neuve Larose, page 67)
(Avoir un centre, 1988, Editions Maison-Neuve Larose, page 67)
Pour trop de personnes, le gnostique est l'homme
qui, se sentant illuminé par l'intérieur, non par la Révélation, se prend pour
un surhomme et se croit tout permis ; on accusera de gnose n'importe quel
monstre politique qui est superstitieux ou qui a de vagues intérêts occultistes
tout en se croyant investi d'une mission au nom de telle philosophie aberrante.
En un mot, dans l'opinion vulgaire, gnose égale "orgueil
intellectuel", comme si ce n'était pas là une contradiction dans les
termes, l'intelligence pure coïncidant précisément avec l'objectivité et
celle-ci excluant par définition tout subjectivisme, donc notamment l'orgueil
qui est la forme la moins intelligente et la plus grossière.
(Racines de la condition humaine, p.24).
Le mot "gnose", qui apparaît dans ce livre
comme dans nos précédents ouvrages, se réfère à la connaissance
suprarationnelle - donc purement intellective - des réalités métacosmiques ; or
cette connaissance ne se réduit pas au "gnosticisme" historique, sans
quoi il faudrait admettre qu'Ibn Arabî ou Shankara aient été des
"gnostiques" alexandrins... nous entendons le mot "gnose"
exclusivement dans son sens étymologique et universel et de ce fait nous ne
pouvons, ni le réduire purement et simplement au syncrétisme gréco-oriental de
l'antiquité tardive, ni à plus forte raison l'attribuer à n'importe quelle
fantaisie pseudo-religieuse ou pseudo-yoguique, ou même simplement littéraire.
(Comprendre l'Islam, p.136-137).
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