Lucrèce - De la Nature
Lucrèce (en latin Titus Lucretius Carus) est un philosophe-poète latin du Ier siècle av. J.-C., (peut-être 98-54). On sait très peu de choses sur sa vie. Il est l'auteur du De rerum natura, un long poème passionné qui décrit le monde selon les principes d'Épicure.
Dans son ouvrage De la nature (De rerum natura), il nous offre une vision à la fois scientifique et poétique de la Vie, et de l’Univers…
Note : De la nature est le seul ouvrage de Lucrèce qui nous fut transmis. Après sa mort, Cicéron en fit effectivement la promotion (en y apportant quelques corrections). Le pouvoir chrétien - que les conceptions épicuriennes gênaient - aurait à l’époque limité sa diffusion, ainsi qu’au cours des siècles qui suivirent…
Extrait : “De la vie extraterrestre…”
« Tout d’abord, nulle part, en aucun sens, à droite ni à gauche, en haut ni en bas, l’univers n’a de limite; je te l’ai montré, l’évidence le crie, cela ressort clairement de la nature même du vide. Si donc de toutes parts s’étend un libre espace sans limites, si des germes innombrables multipliés à l’infini voltigent de mille façons et de toute éternité, est-il possible de croire que notre globe et notre firmament aient été seuls créés et qu’au-delà il n’y ait qu’oisiveté pour la multitude des atomes ? Songe bien surtout que ce monde est l’ouvrage de la nature, que d’eux-mêmes, spontanément, par le seul hasard des rencontres, les atomes, après mille mouvements désordonnés et tant de jonctions inutiles, ont enfin réussi à former les unions qui, aussitôt accomplies, devaient engendrer ces merveilles : la terre, la mer, le ciel et les espèces vivantes. Il te faut donc convenir, je le redis, qu’il s’est formé ailleurs d’autres agrégats de matière semblables à ceux de notre monde, que tient embrassé l’étreinte jalouse de l’éther.
Toutes les fois d’ailleurs qu’une abondante matière se tient prête, qu’un espace l’attend et que rien ne fait obstacle, il est évidemment fatal que les choses prennent forme et s’accomplissent. Et si par surcroît les germes sont en telle quantité que tout le temps de l’existence des êtres ne suffirait à les compter; si la même force subsiste et la même nature pour les rassembler en tous lieux et dans le même ordre que les atomes de notre monde, il faut admettre que les autres régions de l’espace connaissent aussi leur globe, leurs races d’hommes et leurs espèces sauvages.
A cela s’ajoute que dans la nature il n’y a pas un être qui soit isolé, qui naisse et grandisse unique et seul de son espèce : chacun rentre dans une famille, beaucoup font partie d’une espèce nombreuse. Tout d’abord vois les êtres vivants : c’est dans ces conditions que furent créés les fauves errant sur les montagnes et la race des hommes, ainsi que les troupes muettes des poissons couverts d’écailles et toutes les espèces ailées. Le même principe nous persuade que le ciel et la terre, le soleil, la lune, la mer et tout ce qui vit, loin d’être uniques de leur sorte, existent au contraire en nombre infini; car leur existence a son terme inflexible et leur essence est mortelle comme celle de tous les corps qui abondent en chaque espèce terrestre. »
Lucrèce (en latin Titus Lucretius Carus) est un philosophe-poète latin du Ier siècle av. J.-C., (peut-être 98-54). On sait très peu de choses sur sa vie. Il est l'auteur du De rerum natura, un long poème passionné qui décrit le monde selon les principes d'Épicure.
Dans son ouvrage De la nature (De rerum natura), il nous offre une vision à la fois scientifique et poétique de la Vie, et de l’Univers…
Note : De la nature est le seul ouvrage de Lucrèce qui nous fut transmis. Après sa mort, Cicéron en fit effectivement la promotion (en y apportant quelques corrections). Le pouvoir chrétien - que les conceptions épicuriennes gênaient - aurait à l’époque limité sa diffusion, ainsi qu’au cours des siècles qui suivirent…
Extrait : “De la vie extraterrestre…”
« Tout d’abord, nulle part, en aucun sens, à droite ni à gauche, en haut ni en bas, l’univers n’a de limite; je te l’ai montré, l’évidence le crie, cela ressort clairement de la nature même du vide. Si donc de toutes parts s’étend un libre espace sans limites, si des germes innombrables multipliés à l’infini voltigent de mille façons et de toute éternité, est-il possible de croire que notre globe et notre firmament aient été seuls créés et qu’au-delà il n’y ait qu’oisiveté pour la multitude des atomes ? Songe bien surtout que ce monde est l’ouvrage de la nature, que d’eux-mêmes, spontanément, par le seul hasard des rencontres, les atomes, après mille mouvements désordonnés et tant de jonctions inutiles, ont enfin réussi à former les unions qui, aussitôt accomplies, devaient engendrer ces merveilles : la terre, la mer, le ciel et les espèces vivantes. Il te faut donc convenir, je le redis, qu’il s’est formé ailleurs d’autres agrégats de matière semblables à ceux de notre monde, que tient embrassé l’étreinte jalouse de l’éther.
Toutes les fois d’ailleurs qu’une abondante matière se tient prête, qu’un espace l’attend et que rien ne fait obstacle, il est évidemment fatal que les choses prennent forme et s’accomplissent. Et si par surcroît les germes sont en telle quantité que tout le temps de l’existence des êtres ne suffirait à les compter; si la même force subsiste et la même nature pour les rassembler en tous lieux et dans le même ordre que les atomes de notre monde, il faut admettre que les autres régions de l’espace connaissent aussi leur globe, leurs races d’hommes et leurs espèces sauvages.
A cela s’ajoute que dans la nature il n’y a pas un être qui soit isolé, qui naisse et grandisse unique et seul de son espèce : chacun rentre dans une famille, beaucoup font partie d’une espèce nombreuse. Tout d’abord vois les êtres vivants : c’est dans ces conditions que furent créés les fauves errant sur les montagnes et la race des hommes, ainsi que les troupes muettes des poissons couverts d’écailles et toutes les espèces ailées. Le même principe nous persuade que le ciel et la terre, le soleil, la lune, la mer et tout ce qui vit, loin d’être uniques de leur sorte, existent au contraire en nombre infini; car leur existence a son terme inflexible et leur essence est mortelle comme celle de tous les corps qui abondent en chaque espèce terrestre. »
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