dimanche 31 mars 2013

Qu’est-ce que l’éveil spirituel ?



Qu’est-ce que l’éveil spirituel ?


Si seulement je le savais …


Ce que n’est pas l’éveil spirituel ?

La religion et le mysticisme ? Croyance et endoctrinement !
Les sociétés discrètes et leurs secrets ? Rituels et mystères !
Les gourous et leur commerce ? Illusionnisme et charlatanisme !

Par quoi commencer ?

D’abord, se découvrir pour se retrouver : la connaissance (gnosis)
Puis, faire le ménage pour niveler le terrain : la purification
Enfin, se construire en esprit : l’être opératif


« La vraie connaissance se révèle opérative. Perpétuellement dynamique et en s’accroissant d’elle-même, elle n’est autre qu’un processus indéfini de transformation de l’homme et de son milieu. En effet, les énergies divines et cosmiques sont à la disposition de l’être humain. Il est appelé à les reconnaître et à les utiliser. »

Yves Albert Dauge,  (Revue Epignôsis)


«  Aussi loin que remonte l'histoire, nous avons le témoignage que la Tradition enseignait à chacun la manière de combler ce fossé par la connaissance de soi et par le travail sur soi. Il est urgent que nous appliquions de toutes nos forces à nous connaître nous-mêmes si nous voulons arriver à une maîtrise de nous-mêmes suffisante pour éviter une catastrophe semblable à celle dont les Ecritures Saintes nous ont conservé le récit. »

 ~ Mouravieff, Gnôsis, Volume II

 « Et il importe de ne pas perdre de vue que, pour accumuler une énergie quantitativement et qualitativement suffisante pour rétablir l'équilibre et l'harmonie qui se trouvent actuellement compromis, il reste peut-être un demi-siècle à peine car la Période de Transition est déjà considérablement avancée.
L'importance et l'urgence du travail ésotérique, individuel et collectif, apparaissent ainsi dans toute leur ampleur. Aujourd'hui, la formule des recherches poursuivies dans le silence des cabinets de travail des hommes de science et des cellules monastiques, recherches progressant lentement, pied à pied et d'une génération à l'autre, est périmée. Pour épargner à l'humanité le Déluge de Feu, il faut désormais recourir à des moyens rapides et mener le travail ésotérique au sein même de notre Mixtus Orbis, qui est en danger de sombrer. »

 ~ Mouravieff, Gnôsis, Volume III, p.112

 « Le manque d'harmonie dont souffre le monde, et qui ne fait que gagner en profondeur sur tous les plans, est une menace grave pour le redressement moral et spirituel de l'humanité et un sérieux risque d'échec pour la dernière étape de la Période de transition, que nous abordons actuellement.

 Si ce risque n'est pas écarté, c'est le Déluge de Feu qui nous attend. Immense est l'effort à fournir pour conjurer ce sort, et court le temps qui nous reste pour le mener à bien. »

 ~ Mouravieff, Gnôsis, Volume III, p.152

L'éveil
« Il y a une différence entre être conscient et être éveillé. A partir du moment où l'être naît son âme est enclenchée et la conscience jaillit de l'esprit et envahit le corps. Ensuite selon son éveil, c'est-à-dire selon que l'âme est consciente ou non, l'être plongera dans les limbes plus ou moins rapidement. Cette plongée dans les limbes le ramènera à la vie de la matière. Pour que cette plongée dans l'inconscience soit le plus tard possible ou mieux qu'elle n'ait pas lieu du tout il lui faut accéder, alors qu'il se trouve dans son corps matière, à une certaine compréhension de lui-même, c'est à dire à un éveil de plus en plus large, jusqu'à devenir total.
L'être doit prendre conscience de son essence immatérielle tandis qu'il se trouve dans la matière puisque c'est dans la matière que se trouve la conscience.
Mais ce n'est pas tout, l'être doit être conscient de la dualité de l'univers qui piège chacun dans une de ses deux faces ou bien qui fait de chacun un être indécis basculant sans cesse d'un ressenti à l'autre. La connaissance du bien et du mal est le principal obstacle à l'éveil total qui est l'atteinte de la supraconscience. Sans la supraconscience pas de sortie vers l'éternité consciente.
Le but de la vie étant d'abord d'être conscient, de soi, des autres, de l'univers, puis d'accéder à la supra conscience qui permet de tout dépasser et de reformer l'unité en soi. Unité indispensable pour accéder aux mondes éternels de l'Esprit et de la Paix.
Être conscient c'est être présent à la vie et à la réalité du corps. Mais Être éveillé c'est être aussi présent à la vie et à la réalité de l'âme. Comme peu de gens parviennent à la supra conscience il y a une voie de salut qui c'est celle de l'âme sœur. Cette voie nécessite tout de même un minimum d'ouverture d'esprit de l'être dans le sens où il doit absolument y avoir en lui l'acceptation de l'autre, l'acceptation de la différence, le désir de fusion et d'anéantissement de soi pour renaître plus grand. Celui qui accède à la réalité de son âme va enclencher la naissance de l'âme complémentaire. Cela va lui permettre d'éviter l'inconscience qui découle de la plongée dans les limbes, source du retour en incarnation.
Être éveillé ne veut pas dire être actif, en fait l’activité est inversement proportionnelle à l’éveil. Ce qui ne veut pas dire non plus que ceux qui sont éveillés sont des fainéants. Si la majorité de tous les êtres éveillés préfèrent vivre en ermite, bon nombre d’entre eux aussi demeurent confrontés à leurs congénères en permanence.
L’éveil ne veut pas dire "savoir que l’on existe dans le monde", mais "savoir que l’on existe aussi hors du monde". Savoir que l’on existe dans le monde c’est prendre conscience du support du corps et non pas de l’âme. Savoir que l'on existe dans le monde c’est tout simplement être conscient d’être en vie.
Les deux éveils
Il y a deux éveils, le premier qui est l'éveil de l'ego, c'est à dire de l'individu en incarnation, le deuxième qui est l'éveil de l’âme, celui qui provoque la naissance de l'âme complémentaire.
Dans l'éveil de l'Ego, l'être est un homme ou une femme précis, dans l'éveil de l'âme l'être est un immortel androgyne ou a-sexué. L'éveil c'est quand l'être ne se prend plus pour l’identité sous laquelle il apparaît aux yeux des autres. L'éveil c'est faire la différence entre ce qui est véritablement notre soi et l’aspect extérieur que le monde voit de nous, aspect qui ne concerne que la vie en cours. Le Soi regroupant toutes les expériences acquises par l'esprit lors d'incarnations précédentes par exemple, mais aussi par l'évolution de sa vie intérieure et imaginaire.
Mais pour atteindre l'éveil de l'âme il faut lâcher prise au côté visible des choses, à tout ce qui est concret, intellectuel ou scientifique. Pour atteindre l’invisible il faut se soustraire du visible. C’est là que réside le problème, car pour dépasser le visible il faut déjà croire à l’invisible. Il est impossible d’obtenir la moindre preuve concrète du monde invisible puisque celui ci se trouve hors de notre "visible", hors de notre portée naturelle. Seule notre âme peut y pénétrer. Mais si nous n'en sommes qu'à notre toute première vie nous n'avons par conséquent en nous aucun souvenir de ces mondes invisibles puisque nous n'y sommes encore jamais allés. Alors notre raison affirmera que ces mondes invisibles n’existent pas.
Rappelons que la foi est avant tout une affaire personnelle et que la spiritualité ne doit jamais être confondue avec la religion. Être éveillé c'est être libre. Être religieux, c'est suivre des règles. Et....suivre des règles ce n'est pas vraiment ce qui s'appelle être libre.
Être éveillé ne veut pas dire être intellectuellement au top niveau. L’intellect n’entre pas en ligne de compte. Plus l'on pense, plus l'on raisonne, plus la matière est forte, plus la matière dirige. On a besoin du raisonnement pour que l'ego qui est le lien entre notre corps et notre esprit soit conscient, mais il ne faut pas s'enfermer dans son raisonnement. L’âme éveillée aime la Vie. Aimer la vie n’est pas aimer la société ou la civilisation dans laquelle on se trouve. Ce n’est pas aimer danser, aller au cinéma, ou accumuler des richesses…. Aimer la vie c’est vouloir demeurer soi, en dehors de l’apparence du moment. Aimer la vie c’est simplement vouloir continuer à exister. Peu importe où et comment.
La conscience d’être est liée au support matériel, soit au corps, l’éveil est lié au "soi" immatériel qui est l’âme.
Les deux éveils de l’âme
Le premier éveil est toujours lié à la vie extérieure et forme l'ego. 
Le deuxième éveil est toujours lié à la vie intérieure, c’est lui qui permet à l’âme de se sonder elle-même et d'unifier les différents éléments qui la composent.
Lorsque l’ego se met en place il est attiré par la vie, la compétition, le concret, par le besoin de s’imposer, son mot d’ordre sera vaincre les autres. Mais lorsqu’il en sera à son deuxième éveil, son mot d’ordre sera se gagner soi-même.
Dans le premier éveil on s’impose, on joue le jeu de la matière, on lutte, on combat, on possède. Le premier éveil attache l’âme à la matière qui l’attirera dans tous les domaines. Pouvoir, sciences, argent, honneurs, compétitions, guerres, vacances, plaisirs, arts et amours seront les moyens pour permettre le déclenchement de la conscience de chaque âme. Le premier éveil nécessite d’aller au bout de ses rêves, de ses fantasmes et de ses désirs. D’aller au bout de toute chose et de soi pour pouvoir un jour tout dépasser et au final se dépasser soi-même.
Dans le deuxième éveil on s’affranchit de l’ego. On parvient au soi. On s’affranchit de l’Univers.
Tout un tas d’individus vivent dans une sorte de détachement indifférent, planant sur des sommets évasifs et se croient aux portes de la Divinité tandis qu’ils ne sont encore jamais entrés en eux-mêmes et qu’ils n’ont encore jamais construit leur monde intérieur. Quand on construit son monde intérieur, c'est à dire quand on prend connaissance de son être profond et que l'on construit son âme on n’escalade plus l’Himalaya de ses connaissances spirituelles livresques mais on explore les dimensions de son propre monde intérieur. Là, on est dans l’éveil. Tant que l’on a besoin de se référer à un rituel, à des mantras, à des prières, à des contorsions gestuelles que d’autres pratiquent, on n’est pas éveillé. Quand, après avoir fait le tour des expériences des autres, "je" me pose, "je "décide ce qui "me" convient et "je" trouve "mes" propres formules et "ma" propre voie, alors là "je suis dans la voie qui mène à l'éveil".
Quand l'éveil est absent chacun joue le rôle de l’univers. C'est à dire qu'il se prend pour son corps. A noter qu'un éveil absent n'est pas un cerveau ou un corps inactif. Un individu peut occuper son cerveau à mille connaissances et son corps à milles activités et ne pas s’éveiller. Plus l'être est conditionné par la société dans laquelle il vit, plus son éveil est nul, plus son corps ou son cerveau sont occupés. En somme c’est par leur silence qu’on reconnaît les éveillés. C’est par leur turbulence qu’on reconnaît les endormis.
Le deuxième éveil
Le deuxième éveil est l'éveil de la vie intérieure. Que l’on soit simplement intuitif ou que l’on ait de grandes capacités pour explorer son monde intérieur nous tomberons tous sur des éléments troublants plus ou moins semblables, la seule différence tiendra dans notre interprétation.
Je pourrais penser que je me souviens de vies antérieures, je pourrais aussi penser que j'ai beaucoup d'imagination, peu importe, je vais découvrir en moi d'autres identités. Mais pas tout le monde. Ceux qui en sont à leur première incarnation ne trouveront rien en eux... Sauf l'imaginaire, car l'âme, toujours accrochée au monde visible, peut accéder aux dimensions invisibles dans lesquelles se situe le monde imaginaire.
Si j'entre dans mon imaginaire je prends alors connaissance de toutes ces idées personnifiées qui peuplent mes rêves éveillés. Il s'agit de personnages qui sont tous moi. Chacun d'entre eux ne représentant qu'un de mes aspects.
A quoi sert l'éveil ?
L'être dont l'âme est éveillée est celui qui voit son origine qui est l'Esprit, l'être dont l'âme est non éveillée est celui qui avance conscient de lui-même via son corps, conscient de ce monde, mais qui n'ayant toujours pas touché l'Esprit en lui n'a pas déclenché en lui-même sa propre source de conscience.
Que l'on touche l'Esprit Originel en soi ou qu'on ne le touche pas ne fait pas de différence dans la vie ni dans l'après vie. La seule différence que cela va générer est le retour à la vie ou pas. Tant qu'on n'a pas vu l'Esprit en soi, l'âme complémentaire ne peut se former et l'unité en soi ne peut avoir lieu. Alors la réincarnation surviendra à plus ou moins long terme. »

Ainsi parlait Robert Charroux



Robert Charroux

Robert Charroux, de son vrai nom Robert Grugeau est né le 7 avril 1909 à Payroux dans le département de la Vienne (France) et mort le 24 juin 1978 à l'âge de 69 ans à Vienne dans le département de l'Isère. C'est un écrivain français qui a développé un certain nombre de thèses pseudo scientifiques apparentées à la théorie des anciens astronautes.
Il a déclaré : « Ainsi le globe se révéla plein d'insolite dense et fascinant, (…), et le désir de faire partager mes vues, de dénoncer les impostures, me poussa à écrire mes livres. »

« L'histoire authentique des civilisations est interdite.
Des conjurations puissantes veillent sur la stricte observance d'une version altérée qui seule à le droit d'être exprimée.

 (...) Notre histoire sociale et religieuse est trafiquée depuis des millénaires...depuis que les Egyptiens, oubliant ou voulant oublier les vérités transmises par leurs ancêtres, s’octroyèrent le titre d'initiateurs premiers et de premiers hommes de notre planète! »
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"Les connaissances supérieures étaient-elles un legs de civilisations terrestres très anciennes ou avaient-elles une origine extraterrestre ?
Deux quasi-certitudes nous guident : une civilisation très avancée a précédé notre époque préhistorique ; l’aventure cosmique que nous allons vivre a été vécue par d’autres humains".
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"Depuis 6 000 ans au moins, des hommes savent quelque chose qu’ils ont mission de taire.
Et depuis 6 000 ans des hommes qui ne savent pas essaient, parallèlement, d’inventer, de créer, de faire avancer la science et la civilisation".
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"Tuer un homme vaut la peine de mort.
Tuer dix hommes conduit à l’institut psychiatrique.
Tuer dix millions d’hommes dépasse les limites communes et n’est plus justiciable de peine".
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"Les soubassements dans les ruines de l’antique ville aux sanctuaires gigantesques, au Liban, sont l’œuvre mystérieuse d’un peuple qui savait transporter, tailler et hisser des pierres de 750 000 kg alors que le monde, à la même époque, ignorait la brouette, la clef de voûte et le ciment armé.
Dans une carrière située à environ 1 km de la ville, on peut encore voir la plus grande pierre taillée du monde, appelée « Hadjar el Gouble « (la pierre du Sud)".
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"Or, les irradiations par radiographies, par médicaments, par télévision, etc., s’accumulent irréversiblement pour 5 000 ans, sans possibilité actuellement connue de les neutraliser.
C’est pour cette raison que les déchets radioactifs des usines atomiques ne peuvent pas être détruits même s’ils sont noyés dans les fosses océaniennes. On a envisagé un moyen de débarrasser le globe de ces produits : les envoyer dans le Cosmos ! "
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« D'où étaient issus les hommes pré-diluviens qui fondèrent l'Atlantide et Mû ?
Descendaient-ils des singes comme le voudraient les préhistoriens ? Ces derniers ne trouvent pas de chaînons reliant l'homme à un ancêtre animal. S'ils les avaient trouvés, on le saurait et les musées ne se feraient pas faute de présenter les preuves. Cherchez à Paris, à Saint-Germain-en-Laye, aux Eyzies, à Berlin, à Londres, à Tokyo. Votre enquête sera négative.
Par contre, on trouve, et à profusion, les chaînons reliant la plupart des animaux à leurs ancêtres : le crocodile au serpent, le serpent au poisson, le chien au loup, le porc au sanglier, le coq à l'oiseau, l'éponge au végétal on n'en finirait pas de trouver des filiations !
Mais pour l'homme : rien ! Ou plutôt, si ! Les préhistoriens peuvent présenter quelques chaînons, les seuls ou à peu près qui soient authentiques : des crânes relativement récents d'hommes plus intelligents que nous, puisque leur volume de boîte crânienne de 1 600 cm³ est plus vaste que la nôtre dont la moyenne est de 1 550 seulement !
L'honnête homme en déduirait logiquement :
1. que nous n'avons pas d'ancêtre animal connu ;
2. que notre type actuel paraît descendre d'un homme ancien plus évolué.
Oui, c'est ce que devrait penser un honnête homme, mais pas un préhistorien !
Par ailleurs, comme le monde existe depuis des périodes de temps que nous ne pouvons même pas concevoir, on est amené à admettre que si les hommes fossiles n'existent pas sur terre, c'est qu'ils doivent exister ailleurs !
Hypothèse hérétique qui nous aurait valu le bûcher il y a quelques siècles !
Pourtant les plus ancienne traditions aryennes l'ont dit cent fois : les hommes blancs viennent d'une autre planète, ce qui en d'autres termes veut dire que les Celtes, les Hindous, les Scandinaves, les Hébreux, les Germains, les Grecs, les Egyptiens, les Arabes, sont des descendants d'extra-terrestres.
Sanchoniathon a écrit : " Les dieux de nos ancêtres étaient des mortels, des hommes ", or, les plus anciens dieux sont l'Aryaman védique qui était un dieu marieur et l'Airyaman avestique dont le privilège était de guérir. »


" Le livre des maîtres du monde " de Robert Charroux
(pages 328-329 - Editions Robert Laffont)


Sans titre - Andreas Zielenkiewic


samedi 23 mars 2013

Je sais que je ne sais rien



Je sais que je ne sais rien

"Avoir la gnose, déclarent d'un commun accord l'extrait 78 de Théodote, Marcos chez Irénée, le IVème Traité du Corpus Hermétiste, c'est connaître ce que nous sommes, d'où nous venons et où nous allons, ce par quoi nous sommes sauvés, quelle est notre naissance et quelle est notre renaissance."

Henri-Charles Puech
 «En quête de la gnose" (tome I, pages 165-166)


« Connais-toi toi-même, Temet nosce, Gnothi seauton. »


Je sais que je ne sais rien. Il faut sans cesse se répéter cet adage pour pouvoir se rendre compte que la véritable connaissance, profonde et authentique, celle qui va nous révéler réellement à nous même, ne s’acquiert pas de façon spontanée et mécanique mais demande un effort de volonté et de concentration soutenu.

A défaut, nous serons toujours dans le superficiel et l’illusoire qui bercent régulièrement notre vie quotidienne, selon le bon plaisir de notre ego, conditionné par nos sens, nos émotions, nos plaisirs et nos besoins.

Pourquoi est-ce si difficile d’appliquer notre mode de connaissance à notre nature spirituelle et que faut-il faire pour passer du registre du savoir à celui de la connaissance existentielle ?

Ce n’est pas facile de l’expliquer rationnellement. Tout est une question de regard.

Prenons un exemple concret : vous êtes spectateur d’une pièce de théâtre ; les comédiens jouent leur rôle et vous analysez les personnages en présence, l’action qui se déroule, la qualité des décors et le talent des acteurs ; vous êtes dans l’illusion théâtrale, ce qui est tout-à-fait normal, puisqu’il s’agit d’un divertissement. Cela correspond à la vie quotidienne et à notre façon d’appréhender tout ce qui se passe autour de nous.
Pour changer de registre de connaissance, il faut changer de regard et, au lieu de vous limiter au spectacle de ce qui vous entoure, chercher à comprendre quel sens le dramaturge a voulu donner à sa pièce de théâtre, pourquoi il l’a écrite et dans quel but s’est-il donné cette peine.

La démarche n’a plus rien à voir avec l’autre façon d’appréhender les choses ordinaires de la vie ; vous êtes à la recherche d’un sens, d’une valeur qui dépasse les apparences et les anime en dévoilant leur raison essentielle d’exister. Et de ce fait vous entrez en contact avec le monde de l’essence en lieu et place de l’univers de la manifestation ; vous touchez du doigt le secret de l’existence même de tout être.

Ce n'est pas la forme extérieure qui est existentielle, mais l'essence qui génère et exprime cette extériorité ; et pour arriver à la saisir et à la comprendre il faut aller la débusquer. A ce moment-là nous acquérons un statut d’être spirituel qui nous ouvre les portes des dimensions supérieures ; nous ne sommes plus la marionnette et nous devenons progressivement le marionnettiste, en nous rapprochant de l’énergie créatrice.  Et nous devenons existentialistes, au vrai sens du terme, celui qui place l'homme au centre de sa réflexion et qui considère que l'homme seul peut décider du sens qu'il va donner à son existence, à condition d’en découvrir son essence spirituelle en dehors de tout conditionnement extérieur, qu’il soit social, philosophique ou religieux.


"Et les hommes, que penseront-ils de moi, dont ils avaient une opinion si élevée, quand ils apprendront les errements de ma conduite, la démarche hésitante de ma sandale, dans les labyrinthes boueux de la matière, et la direction de ma route ténébreuse à travers les eaux stagnantes et les humides joncs de la mare où, recouvert de brouillards, bleuit et mugit le crime à la patte sombre !… Je m'aperçois qu'il faut que je travaille beaucoup à ma réhabilitation, dans l'avenir, afin de reconquérir leur estime. Je suis le Grand-Tout ; et cependant, par un côté, je reste inférieur aux hommes, que j'ai créés avec un peu de sable !"

Lautréamont
 "Les chants de Maldoror" (chant troisième)

Morceaux choisis - Rainer Maria Rilke




« Ainsi la vie n’est que le rêve d’un rêve,
 Mais l’état de veille est ailleurs. »

« La destinée ne vient pas du dehors à l'homme, elle sort de l'homme même.  »


« Ce que j'ai découvert c'est que la vie est encadrée par l'invisible, que les anges vivent dans cet invisible. Et que notre tâche à nous les hommes est de transformer le visible en invisible. Nous sommes des abeilles qui butinons l'or du visible pour en faire la trame de l'invisible. »

« Notre tâche est d'imprimer en nous cette terre provisoire et caduque, si profondément, si douloureusement et passionnément que son essence resurgit invisiblement en nous. Nous sommes les abeilles de l'Univers. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de l'Invisible.

Et cette activité est à la fois soutenue et stimulée par le fait qu’une si grande part du visible s’efface toujours plus rapidement et pour n’être point remplacée.

 …Les choses animées, vivantes, les choses associées à notre connaître sont sur leur déclin et ne peuvent plus être remplacées. Nous sommes peut-être les derniers à les avoir connues. Sur nous repose cette responsabilité d’avoir non seulement leur souvenir (ce serait trop peu et trop peu sûr), mais encore à sauvegarder leur valeur humaine et laïque.

 …L’Ange des Elégies est cette créature dans laquelle la transmutation du visible en invisible que nous réalisons apparaît comme déjà accomplie ; l’Ange des Elégies est cet être qui se porte garant de reconnaître dans l’invisible un rang supérieur de réalité. »

Extrait d’une lettre de Rainer Maria Rilke à Witold de Hulewicz, du 13 novembre 1925

"Quelque chose d'inconnu" de Andreas Zielenkiewicz


samedi 16 mars 2013

Sommes-nous prêts à connaître le vrai secret ?



Sommes-nous prêts à connaître le vrai secret ? 
par
Michael Brown


Le vrai secret est "ne rechercher que ce que nous sommes vraiment aptes et prêts à recevoir."   

Le voilà, sans préalable financier, sans poudre aux yeux New Age, sans présentations fantaisistes et coûteuses qui nous sont proposées par les touristes de la métaphysique. La révélation du Vrai Secret soulève immédiatement la question:

"Quelle est la seule chose que nous sommes vraiment aptes et prêts à recevoir ?"

C'est ici que se trouve l’épreuve de vérité.

La réponse à cette question n'est pas quelque chose que nous pouvons obtenir par la pensée, par des affirmations positives ou des vœux illusoires. Le Vrai Secret ne concerne pas le fait d'obtenir quelque chose mais plutôt de savoir recevoir. Il ne s'agit pas non plus de consommation – le Vrai Secret ne pourra donc séduire les 'consommateurs de spiritualité'. Comme il n'est absolument pas attractif sur le plan commercial il ne peut donc être abordé comme une marchandise ni être un moyen pour les "gourous de la loi d'attraction" – ainsi décrétés par les médias – de nous soutirer notre argent.

Répondre à cette interrogation va nous demander un ajustement de notre perception ce qui va impliquer de nous poser une série de questions -- en apparence simplistes -- sans interférer avec le processus de réponse. Le dévoilement de la grandeur du Vrai Secret est un processus de "Demander pour recevoir", non pas de  "Demander et aller prendre".

L'un des plus grands écueils rencontré par l'humanité est notre obsession à obtenir des 'réponses' sans réellement nous 'questionner'. De plus, nous avons tendance à chercher une 'réponse' sous forme de concept mental et non comme une expérience qu'il nous faut intégrer physiquement, mentalement et émotionnellement. Nous ne réalisons pas que nous ne pouvons recevoir une réponse à une question si nous interférons dans le processus de réponse, le mental ne peut appréhender cela. Cette prise de conscience s'accomplit en acceptant que la question est la cause et la réponse, l'effet. Lorsque nous restons présents au point causal sans nous mettre sur notre propre chemin, l'effet se manifeste toujours. C'est la façon appropriée et mûre d'aborder et d'appliquer La Loi d'Attraction.

Si le Vrai Secret est de "Ne rechercher que ce que nous sommes vraiment aptes et prêts à  recevoir", la première étape pour réaliser cela est de "se poser les bonnes questions sans laisser le corps mental saboter le processus de réponse" afin que la réponse puisse être expérimentée et intégrée physiquement, mentalement et émotionnellement. De cette manière la réponse va se manifester comme "quelque chose que nous connaissons par nous-mêmes à travers l'expérience" contrairement à "une information métaphysique séduisante que nous obtenons par le biais d'une autre personne".

Si le Vrai Secret est de "Ne rechercher que ce que nous sommes vraiment aptes et prêts à recevoir", la première étape consiste alors à nous poser une question évidente :

"Quelle est la seule chose que je suis vraiment apte et prêt à recevoir ? "

A ce stade, soit nous en restons là en espérant qu'éventuellement la réponse va se manifester, soit nous pouvons nous aider nous-même par un approfondissement en nous engageant dans une pratique temporaire, simple et puissante qui va nous permettre d'expérimenter la réponse, sans effort et de façon efficace, physiquement, mentalement et émotionnellement.

Il est conseillé de faire cette pratique matin et soir pendant 21 jours de la façon suivante :

Asseyez-vous confortablement dans une position que vous pouvez maintenir pendant environ 15 minutes.

Posez-vous les questions suivantes :

"Qui suis-je ?"

"Que suis-je ?"

 "Où suis-je ?"

 "Comment suis-je ?"

"Quand suis-je ?"

 "Pourquoi suis-je?"

Entre chaque question, faites une pause de quelques secondes et demeurez dans l'écoute intérieure. Constatez de quelle façon votre mental va immédiatement tenter d'y trouver une réponse. Observez ces réponses mais ne les acceptez pas comme étant "la réponse". En continuant régulièrement à vous poser ces questions deux fois par jour, il est possible que le mental devienne irrité, frustré, voire même qu'il essaie de trouver une ou deux raisons séduisantes et convaincantes pour que vous cessiez cette pratique. Cette réaction est due au fait que la réponse par l'expérience apportée par la répétition de ces questions pendant 21 jours est destinée à mettre fin à l'illusion du corps mental comme quoi il serait la source de toutes choses que nous pouvons connaître et le seul moyen d'y accéder.

Après vous être posé toutes les questions ci-dessus, détachez complètement votre attention de celles-ci et restez dans le calme pendant 10 à 15 minutes. N'essayez pas  de 'faire quoi que ce soit'. Observez de quelle façon vous essayez de faire quelque chose. Laissez faire. Soyez à l'écoute des sons qui vous entourent et attentifs aux sensations de votre corps. Soyez 'l'observateur' de vos pensées, sans fusionner avec elles ni les endormir ou les contrôler de quelque manière que ce soit.

Faites cela 15 minutes puis passez à autre chose.

Vous pouvez même utiliser temporairement cet exercice comme une introduction à votre pratique de méditation habituelle si vous pratiquez celle-ci deux fois par jour.

Au bout de 21 jours cessez totalement cette pratique ; cessez de vous poser ces questions.

Il est essentiel d'arrêter le processus du questionnement' afin d'ouvrir un espace pour que l'expérience de la réponse puisse se manifester.

La réponse à la question "Quelle est la seule chose que je suis vraiment apte et prêt à recevoir ?" se manifestera quand vous vous y attendrez le moins, il ne faut donc nourrir aucune attente. Toute attente n'est qu'un fantasme du mental. Les réponses à ces six questions se dévoileront sous forme d'expérience physique, mentale et émotionnelle – harmonieuse et juste.

N'ayant rien à gagner en gardant les choses pour moi, laissez-moi vous donner une indication quant à la façon de reconnaître les profondes conséquences de cette pratique du questionnement :

Vous réaliserez un jour que vous avez abordé une expérience quelque peu inhabituelle. Cette prise de conscience se fraiera son chemin à l'intérieur de vous aussi ne la recherchez pas. Vous ressentirez que malgré tout ce que vous expérimentez extérieurement, vous avez la sensation "qu'il ne se passe rien". Évidemment il se passera des choses et vous serez activement impliqués dans toutes sortes d'activités, mais vous aurez quand même le sentiment "qu'il ne se passe rien". Par exemple, une situation que vous avez vécue auparavant de façon très négative ou très positive pourra vous sembler comme "n'avoir aucune réalité… comme si elle n'avait jamais existé". Au départ, cela vous paraîtra un peu étrange, comme si quelque chose s'était arrêté, comme si quelque chose était mort.

En observant cela il est possible que vous vous attendiez à ce que cet état passe et à retrouver les atmosphères passées chargées d'émotions dramatiques auxquelles vous avez été habitués toute votre vie. Bien qu'il soit possible que vous y retourniez de temps à autre, vous reviendrez cependant spontanément, comme un bouchon de liège remonte à la surface, au sentiment "que rien ne s'est passé ou que rien ne passe", malgré tout ce vous expérimentez extérieurement.

Le sentiment  "qu'il ne se passe rien" -- malgré tout ce que vous expérimentez extérieurement -- est la réponse harmonieuse et juste à votre pratique du questionnement.

Ce sentiment est l'ouverture vers la réalisation du Vrai Secret.

Mais cela dépasse ce que le corps mental peut saisir ici à travers mes explications écrites. C'est pourquoi il est conseillé d'en faire 'l'expérience' grâce à cette simple pratique du questionnement pendant 21 jours, puis de lâcher prise. Expérimenter ce sentiment de vacuité par vous-mêmes va vous amener à une profonde prise de conscience : Peu importe ce qui vous arrive et ce qui se passe autour de vous, il existe quelque chose en vous qui demeure immuable. C'est un véritable avant-goût de qui et de ce que vous êtes réellement.

Le sentiment  "que rien ne se passe" est une façon d'expérimenter une rencontre avec la partie de vous-même qui est 'rien' (vacuité).

Par cette simple pratique de questionnements délibérés et sans saboter le processus de réponse en y impliquant votre mental, vous allez accéder fondamentalement et sans effort à la redécouverte de votre soi authentique. Au premier abord cette expérience peut bien sûr paraître déroutante car elle n'apportera pas le résultat ou la réponse que vous attendiez. Peut être vous attendiez-vous à quelque chose de plus 'spirituel' ou de plus excitant – avec plein de fioritures ? Au départ, cette rencontre ne sera certainement pas ce que vous pensiez vouloir ni rechercher ! Vous ne vous attendiez probablement pas à découvrir que "votre moi authentique n'est que vacuité et qu'il n'a donc aucune identité. Une telle découverte est accablante et offensante pour tout ego trop bien entretenu.

Cependant, lorsque vous placez votre attention sur cet état de vacuité et demeurez tranquille dans cet état de non-identité, vous découvrez un silence immaculé, un calme et une paix authentique palpables même au milieu de vos activités extérieures continuelles. Vous découvrez également que ce sentiment de paix, cette inactivité intérieure, commencent à étancher cette soif dont vous n'aviez aucune idée que vous souffriez. Au fur et à mesure qu'au cours de votre journée vous passez davantage de moments à vous plonger dans cette expérience de vacuité et de non-identité, vous réalisez que vous commencez à vous sentir renouvelés, régénérés et revitalisés, comme si vous assimiliez des aliments hyper-nutritifs.

De plus, pendant que vous commencez à vous familiariser profondément avec cette résonance immuable, vous réalisez inévitablement que c'est la seule partie de votre expérience ici-bas que vous pourrez emporter avec vous lorsque vous quitterez ce monde ; tout le reste devra être déposé au seuil de la mort physique.

Donc réexaminons le Vrai Secret.

Nous avons commencé en disant que le VRAI SECRET est de "Ne rechercher que ce que nous sommes vraiment aptes et prêts à recevoir." Donc, "Quelle est la seule chose que nous sommes vraiment aptes et prêts à recevoir ?" Au fur et à mesure que nous devenons de plus en plus intimes avec la Présence de notre essence authentique et que nous sommes nourris par elle, et tandis que nous nous immergeons dans l'éternel bien-être de sa paix magnifique, la réponse à cette question commence à poindre :

"Ce que nous recherchons est d'expérimenter de plus en plus cet état de vacuité et de devenir intimement relié avec la partie de notre Soi qui est au-delà de l'identité!"

Le souci est que nous ne pouvons ni réaliser de film prestigieux sur 'la vacuité' ou sur 'la non-identité', ni partir en tournée internationale pour vendre la 'vacuité' ou 'la non-identité' comme un produit tangible. Nous ne pouvons connaître cette vérité que par notre expérience intérieure et en la partageant quotidiennement à travers notre exemple rayonnant. En conséquence d'autres questions émergent :

 "Sommes-nous prêts à expérimenter l'éveil à cette part de notre Soi qui est vacuité pour pouvoir rencontrer intimement la part éternelle de nous-mêmes qui n'a pas d'identité ?"

"Sommes-nous réellement prêts pour la paix intérieure authentique inhérente à notre éveil au Vrai Secret ?"

 Ou allons-nous continuer à nous satisfaire avec Le Secret (l'autre) qui nous hypnotise en nous faisant croire qu'en attirant de plus en plus de choses et qu'en devenant quelqu'un 'd'important' nous manifestons réellement ce dont nous avons besoin pour étancher notre soif apparemment insatiable ?


Le Vrai Secret est celui-ci :

Nous ne pouvons réaliser
La PAIX & LA JOIE authentiques
que lorsque nous ne recherchons que
CE QUE nous sommes vraiment aptes et prêts à recevoir.

(Ndt : L'auteur fait référence au livre « LE SECRET », concernant la loi d'attraction, très médiatisé ces dernières années.)

 www.thepresenceportal.com
Michael Brown ©
cv8vd
Traduction française : Linda P. Steketee



Ainsi parlait Antonin Artaud



« Je n'ai jamais rien étudié, mais tout vécu et cela m'a appris quelque chose. »

Antonin Artaud, né Antoine Marie Joseph Paul Artaud, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 4 septembre 1896 et mort à Ivry-sur-Seine le 4 mars 1948, est un théoricien du théâtre, un acteur, écrivain, essayiste, dessinateur et poète français.

Figure emblématique de l’artiste incompris, l’œuvre d’Antonin Artaud vise un absolu qui n’a convaincu que très peu de personnes de son vivant. En 1920, le jeune homme débarque à Paris pour entamer une carrière dans l’écriture mais ses premières tentatives ne trouvent pas le succès auprès des maisons d’édition. Homme de théâtre, il fréquente Lugné-Poë, directeur de l’Œuvre, et joue dans ses spectacles. Plusieurs collaborations avec des metteurs en scène jalonnent le parcours d’Artaud comme avec les Pitoëff, avec qui il partage l’idéal du théâtre du rêve. Avec Vitrac, il fonde le théâtre Alfred Jarry et tente de rénover la conception du spectacle qui doit être teinté de grotesque et de risque. Des concepts trop innovants et un public trop frileux font que la tentative échoue. Le comédien s’essaye au cinéma mais n’obtient que des seconds rôles et se fait recaler lors des auditions à cause d’une “trop grande acuité dans l’interprétation”. En 1931, il assiste à une représentation de théâtre balinais. C’est la révélation. Artaud est convaincu que la parole n’est pas le véhicule de la pensée mais plutôt son point de suture. Il souhaite un retour au rituel et prône l’exercice de la transe. Il écrit le recueil intitulé ‘Le Théâtre et son double’, pamphlet révolutionnaire qui ne trouve pas l’écho nécessaire pour débarrasser le théâtre de la sclérose du vaudeville bourgeois et du mélodrame de chaumière. C’est seulement un demi-siècle après la mort d’Antonin Artaud que ses talents de théoricien et de poète visionnaire sont unanimement reconnus.
Evène

Lettre aux Recteurs des Universités Européennes

Monsieur le Recteur,

Dans la citerne étroite que vous appelez « Pensée », les rayons spirituels pourrissent comme de la paille. Assez de jeu de langue, d'artifices de syntaxe, de jongleries de formules, il y a à trouver maintenant la grande Loi du cœur, la Loi qui ne soit pas une loi, une prison, mais un guide pour l'Esprit perdu dans son propre labyrinthe.

Plus loin que ce que la science pourra jamais toucher, là ou les faisceaux de la raison se brisent contre les nuages, ce labyrinthe existe, point central ou convergent toutes les forces de l'être, les ultimes nervures de l'esprit. Dans ce dédale de murailles mouvantes et toujours déplacées, hors de toutes formes connues de pensée, notre Esprit se meut, épiant ses mouvements les plus secrets et spontanés, ceux qui ont un caractère de révélation, cet air venu d'ailleurs, tombé du ciel.

 Mais la race des prophètes s'est éteinte. L'Europe se cristallise, se momifie lentement sous les bandelettes de ses frontières, de ses usines, de ses tribunaux, de ses universités. L'Esprit gelé craque entre les ais minéraux qui se resserrent sur lui. La faute en est à vos systèmes moisis, à votre logique de 2 et 2 font 4, la faute en est à vous, Recteurs, pris au filet des syllogismes. Vous fabriquez des ingénieurs, des magistrats, des médecins à qui échappent les vrais mystères du corps, les lois cosmiques de l'être, de faux savants aveugles dans l'outre-terre, des philosophes qui prétendent à reconstruire l'Esprit. Le plus petit acte de création spontanée est un monde plus complexe et plus révélateur qu'une quelconque métaphysique.

Laissez-nous donc, Messieurs, vous n'êtes que des usurpateurs. De quel droit prétendez-vous canaliser l'intelligence, décerner des brevets d'esprit ? Vous ne savez rien de l'Esprit, vous ignorez ses ramifications les plus cachées et les plus essentielles, ces empreintes fossiles si proches des sources de nous-même, ces traces que nous parvenons parfois à relever sur les gisements les plus obscurs de nos cerveaux. Au nom même de votre logique, nous vous disons : la vie pue, Messieurs. Regardez un instant vos faces, considérez vos produits. A travers le crible de vos diplômes, passe une jeunesse efflanquée, perdue. Vous êtes la plaie d'un monde, Messieurs, et c'est tant mieux pour ce monde, mais qu'il se pense un peu moins à la tête de l'humanité. 

Antonin Artaud
 La Révolution Surréaliste, n°3 (1925)

"Colysée" de Andreas Zielenkiewicz


dimanche 10 mars 2013

Communication avec Ophoemon (9)



L’éveil, une authentique veille salvatrice


As-tu remarqué des changements en toi ? Non, et pourtant ils ont eu lieu et ont modifié beaucoup de choses, mais n’ont en rien compromis ton équilibre interne. Ton organisme est en cours d’adaptation à la nouvelle situation de la terre et en mode préparation à des situations nouvelles qui vont se présenter ; c’est notre rôle de veiller à ce que tout se passe pour le mieux quelles que soient les circonstances extérieures que tu ne peux pas maîtriser et auxquelles tu seras confronté. Sache que cela fait de toi un privilégié par rapport à tous ceux qui vont se sentir emportés par une vague qui les dépasse totalement et qu’ils ne verront même pas venir.

Le réseau est actif et vous allez devenir conscients de son existence, de son rôle et de son efficacité. Vous allez, dans un premier temps, avoir la possibilité de vous connaitre, ou plutôt de vous reconnaître car, de l’autre côté, vous ne vous êtes jamais quittés, et cela aura pour effet de vous rassurer, de vous réconforter.

Dans un deuxième temps, des pouvoirs spécifiques vous seront dévoilés et octroyés pour vous permettre d’être acteurs dans l’époque que vous allez traverser, ainsi que le contenu de votre mission précise face aux évènements imminents.

Chacun sera prévenu et contacté par télépathie spirituelle, ce qui implique que vous bénéficierez des facultés de clairvoyance afin d’optimiser les communications entre vous, et entre vous et nous.

Tout commencera par des visions comme les images d’un film du cinéma muet, puis le son vous sera donné et, à partir de là, vous serez totalement et définitivement opérationnels.

Vous devez apprendre à observer les évènements avec détachement, prendre du recul par rapport à la situation présente et juguler vos émotions pour ne pas vous laisser emporter par l’emballement des sens.

Plus vous vous connaîtrez et mieux vous connaîtrez les autres ; il ne s’agit pas d’un paradoxe mais de la prise de conscience qu’il est nécessaire de s’aimer pour pouvoir aimer les autres ; il ne s’agit pas d’égoïsme, mais de connaissance de soi, et vous ne pouvez découvrir autrui qu’après vous être découvert vous-même, sinon vous êtes sourds et aveugles, engourdis dans un sommeil profond qui vous paralyse et que vous ignorez.

Vous devez vous éveiller à vous-même pour pouvoir connaître le monde spirituel et ses règles, faute de quoi le dormeur restera endormi, enfermé, claquemuré tel un mort vivant. Et vous êtes le seul à pouvoir le faire ; n’attendez rien de l’extérieur, ce serait vain et illusoire. Seul l’éveil personnel vous autorisera une authentique veille salvatrice garante de la réussite de votre évolution spirituelle et de la libération définitive de toutes vos entraves.

Ainsi parlait Bertolt Brecht




Bertolt Brecht (né Eugen Berthold Friedrich Brecht le 10 février 1898 à Augsbourg, en Bavière - 14 août 1956 à Berlin-Est) est un dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète allemand du XXème siècle (naturalisé autrichien en 1950).

Un poème écrit lors de son exil durant la seconde guerre mondiale.

A ceux qui viendront après nous

I

Vraiment, je vis en de sombre temps !
Un langage sans malice est signe
De sottise, un front lisse
D’insensibilité. Celui qui rit
N’a pas encore reçu la terrible nouvelle.

Que sont donc ces temps, où
Parler des arbres est presque un crime
Puisque c’est faire silence sur temps de forfaits !
Celui qui là-bas traverse tranquillement la rue
N’est-il donc plus accessible à ses amis
Qui sont dans la détresse ?

C’est vrai : je gagne encore de quoi vivre.
Mais croyez-moi : c’est pur hasard. Manger à ma faim,
Rien de ce que je fais ne m’en donne le droit.
Par hasard je suis épargné. (Que ma chance me quitte et je suis perdu.)

On me dit : mange, toi, et bois ! Sois heureux d’avoir ce que tu as !
Mais comment puis-je manger et boire, alors
Que j’enlève ce que je mange à l’affamé,
Que mon verre d’eau manque à celui qui meurt de soif ?
Et pourtant je mange et je bois.

J’aimerais aussi être un sage.
Dans les livres anciens il est dit ce qu’est la sagesse :
Se tenir à l’écart des querelles du monde
Et sans crainte passer son peu de temps sur terre.
Aller son chemin son violence
Rendre le bien pour le mal
Ne pas satisfaire ses désirs mais les oublier
Est aussi tenu pour sage.
Tout cela m’est impossible :
Vraiment, je vis en de sombre temps !

II

Je vins dans les villes au temps du désordre
Quand la famine y régnait.
Je vins parmi les hommes au temps de l’émeute
Et je m’insurgeai avec eux.
Ainsi se passa le temps
Qui me fut donné sur terre.

Mon pain, je le mangeais entre les batailles,
Pour dormir je m’étendais parmi les assassins.
L’amour, je m’y adonnais sans plus d’égards
Et devant la nature j’étais sans indulgence.
Ainsi se passa le temps
Qui me fut donné sur terre.

De mon temps, les rues menaient au marécage.
Le langage me dénonçait au bourreau.
Je n’avais que peu de pouvoir. Mais celui des maîtres
Etait sans moi plus assuré, du moins je l’espérais.
Ainsi se passa le temps
Qui me fut donné sur terre.

Les forces étaient limitées. Le but
Restait dans le lointain.
Nettement visible, bien que pour moi
Presque hors d’atteinte.
Ainsi se passa le temps
Qui me fut donné sur terre.

III

Vous, qui émergerez du flot
Où nous avons sombré
Pensez
Quand vous parlez de nos faiblesses
Au sombre temps aussi
Dont vous êtes saufs.

Nous allions, changeant de pays plus souvent que de souliers,
A travers les guerres de classes, désespérés
Là où il n’y avait qu’injustice et pas de révolte.

Nous le savons :
La haine contre la bassesse, elle aussi
Tord les traits.
La colère contre l’injustice
Rend rauque la voix. Hélas, nous
Qui voulions préparer le terrain à l’amitié
Nous ne pouvions être nous-mêmes amicaux.

Mais vous, quand le temps sera venu
Où l’homme aide l’homme,
Pensez à nous
Avec indulgence.