dimanche 20 janvier 2019

La vieillesse





 Double étude de tête de vieillard
Jacob Jordaens, peintre et graveur flamand, (1593 – 1678) 


Henri Estienne
 Les Prémices, 1594


La vieillesse

La vieillesse est l'âge ultime de l'être humain, qui succède à l'âge mûr, appelé aussi « troisième âge » (on nomme parfois « quatrième âge » le moment où l'état de vieillesse entraîne une situation de dépendance).
Étymologiquement, vieux (du latin vetulus) signifie atteint par la vétusté. On dirait en langage contemporain : atteint d’obsolescence programmée. Et c’est bien le cas, on peut se demander pourquoi notre durée de vie a été bridée ainsi, quel que soit notre créateur.
Les gens, d’une façon générale, ne s’intéressent pas à ce qui ne les concerne pas et, dés qu’ils sont touchés personnellement, ils font connaissance avec l’anxiété et la souffrance. Peut-on passer sa vie à se divertir, à s’ignorer, à se fuir, à jouer un rôle futile et vain consacré au paraître social, à la réussite financière ou au culte de l’ego ?
Sans doute le peut-on, mais plus dure sera la chute si l’on ne s’est pas trouvé soi-même à la fin du parcours.
 "Je dois trouver une vérité qui en soit une pour moi-même ; une idée pour laquelle je puisse vivre ou mourir." Søren Kierkegaard (1813-1855) affirme que l'homme ne peut trouver le sens de sa vie qu'en découvrant sa propre et unique vocation.
Et c’est sans doute le temps de la vieillesse qui est le plus propice à cet éveil à soi-même, s’il n’as pas été provoqué auparavant.
On devient vieux progressivement, un peu comme la grenouille qui cuit en partant d’une eau froide pour arriver à sa mort avant son ébullition. Ce n’est qu’une image, mais si on remplace la chaleur par la vétusté, on arrive au même résultat.
La vieillesse nous renvoie lentement mais sûrement à notre caducité. Vieillir, c’est dépérir, c’est-à-dire s’acheminer vers sa destruction. Quand on en prend conscience, cela nous préoccupe ou nous inquiète ; on ne peut oublier qu’il va falloir, à un moment donné, chaque jour plus proche, sauter dans l’inconnu. Pourtant on a accepté la règle du jeu quand on est venu s’incarner, même si on ne s’en souvient plus. Jeunesse insouciante et vieillesse amnésique sont les deux faces de l’être ; pourquoi s’esbaudit-on sur l’une pour pleurer la seconde ?
La vieillesse s’écoule entre habitudes, solitude et lassitude, faute de conserver au fond de soi l’espoir d’un ailleurs consolateur et réconfortant. Pouvoir répondre à la question : « Pourquoi suis-je venu ? » c’est comprendre en quoi cette réponse donne tout son sens à notre vie, nous libère du doute et de l’angoisse de l’après.
Aussi, accepter au lieu de rechigner, s’approprier au lieu de rejeter, s’impliquer au lieu d’ignorer, c’est ouvrir la porte à la sagesse. Fort de nos expériences vécues, de nos joies et nos peines, nos réussites et nos échecs, nous avons forgé notre être tout au long de notre vie. Aujourd’hui nous pouvons en recueillir les fruits à condition d’en prendre conscience, calmement et lucidement, en nous regardant au fond de nous-même. La vie est un processus continu de découverte de soi-même dans des situations multiples et diverses, qui doit aussi nous préparer au passage vers l’au-delà.
La vieillesse a l’apparence d’une gageure quand on doit affronter nos épreuves les plus difficiles au moment où on est le plus faible. Au-delà de cette apparente contradiction, on doit se rendre compte qu’il s’agit d’un passage à un autre plan d’existence que nous avons à préparer. En déposant notre camisole de chair, nous revenons au royaume de l’esprit pur, et c’est là notre vocation essentielle. Tout comme la chenille doit devenir papillon, le vieil homme doit céder la place à l’homme nouveau, à l’être rené en esprit.
Il faut parfois souffler sur les cendres pour raviver les braises et ranimer le feu. Et chacun ne peut souffler que pour lui.
Ce qui doit être notre dernier voyage ne doit pas prendre des allures de naufrage ; il nous suffit pour cela de bien tenir la barre en espérant pouvoir éviter les récifs périlleux, en les anticipant et en se préparant à leur faire face.

« Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
mais, dans l’oeil du vieillard, on voit de la lumière. »

Victor Hugo
La légende des siècles


Une femme, depuis sa naissance jusqu’à 80 ans.
Très réaliste et admirablement bien dessiné.
A voir en plein écran, vidéo émouvante réalisée par l’artiste coréen Stonehouse.
Le Speed-Painting est une technique qui consiste à peindre numériquement en un temps limité une œuvre détaillée.


dimanche 6 janvier 2019

Le chemin initiatique



Claude Verlinde - 1927 - Le chemin

Le chemin initiatique

« Ce n'est pas le chemin qui est difficile, c'est le difficile qui est le chemin. »

Soren Kierkegaard - Les maximes et pensées (1813-1855)

« Le travail que l'homme peut faire sur lui-même, je l'appelle le chemin initiatique.
Il commence avec une expérience. Cette expérience nous fait connaître notre Être essentiel.
Une telle expérience efface une fois pour toutes le doute qu'il s'agirait du résultat d'une recherche métaphysique, d'une pieuse spéculation ou d'une projection psychologique. 
L'Être essentiel est une réalité dont on peut vraiment faire l'expérience.»

Karlfried Graf Dürckheim - Le Centre de l'être


Le Tao commence par le taire et le non faire, et la voie s’ouvre ainsi.
Silence et immobilité avant d’entrer en contact avec soi.
Calme et respect envers soi-même.
Ouverture à l’univers.

C’est le « chemin sans chemin », la voie intérieure pour prendre conscience de son être profond.
Pour neutraliser le mental, qui multiplie ses interventions dès qu’on veut le tenir à l’écart, il faut faire le vide dans sa tête. Et pour faire le vide, il faut faire le noir.
Pour faire le noir, pour installer l’obscurité en soi, il faut fermer les yeux, calmement, sans se crisper.
 A partir de là, le mental, qui a compris la manœuvre, va se dépasser pour mettre en échec cette tentative de lui échapper.
Il faut surtout rester calme et ne pas rentrer dans son jeu…
Toutes les images, toutes les idées qu’il va vous envoyer doivent être chassées, effacées, sans être prises en compte. Si vous vous attardez sur une seule idée qu’il tente de programmer, il faut tout arrêter et reprendre à zéro.

Si vous arrivez à passer ce cap avec succès, vous allez constater au bout d’un moment, plus ou moins long, selon la sensibilité de chacun et son niveau d’entraînement, que le calme s’est installé et que l’obscurité règne en maître.
Si vous faites preuve de patience, en fixant votre regard interne sur une zone située entre les sourcils, vous aurez la satisfaction de voir apparaître une pastille d’un jaune lunaire, faisant suite a quelques éclairs de lumière, fugitifs et désordonnés.

A partir de là l’ouverture du canal se crée et la communication commence.
La présence du moi supérieur se manifeste à l’être au moment de l’éveil. Auparavant,  celui-ci plane au-dessus de l’être qui ne peut le contacter que pendant son sommeil,  sans s’en souvenir jamais au réveil.

"L'être humain est appelé à un éveil intérieur particulier par lequel seul il pourra appréhender le sens de son existence et connaître, de son vivant, par une expérience directe, la Source mystérieuse d'où il a émergé et dans laquelle il sera inexorablement réabsorbé lorsqu'il quittera cette forme d'existence. Mais cet éveil exige de lui des efforts spécifiques qui lui permettront de comprendre l'étrange absence à lui-même ou sommeil diurne dans lequel il passe d'ordinaire sa vie entière sans le savoir. "
Edouard Salim Michaël