samedi 23 avril 2016

Le but de la méditation



Le but de la méditation

Le but de la méditation sera toujours la transparence de l'être humain pour la transcendance qui est présente dans le tréfonds de son être.
Cette idée est basée sur la bipolarité de l'homme : un pôle conditionné et un pôle inconditionné.
Nous pouvons nous poser la question : d'où savons-nous quelque chose de ce noyau inconditionné ? Est-ce là le fruit d'une pieuse imagination ? Est-ce le résultat d'une métaphysique spéculative ? Est-ce l'acceptation d'un dogme ?
Tout notre travail repose sur la reconnaissance d'une expérience qui mérite d'être qualifiée d'expérience de la transcendance. Cette expérience est à la base du chemin initiatique tel que l'Orient le connaît. Dès le moment où nous envisageons la chance d'une telle expérience, nous nous trouvons également sur le chemin initiatique.
Qu'est-ce que la voie initiatique ?
 C'est toujours l'effort de l'homme pour se débarrasser d'un voile qui l'empêche de voir et de sentir sa vérité authentique, sa vérité essentielle. Toujours ce chemin commence avec une expérience dans laquelle l'homme se sent touché par quelque chose de l'au-delà. Il se sent touché par quelque chose qui fait partie de lui-même, mais qu'il a apparemment perdu et qu'il lui faut retrouver. Et le chemin initiatique est cet effort systématique pour se débarrasser de ce qui cache ce tréfonds qui s'est révélé dans cette expérience. Et enfin, c'est le chemin qui engage l'homme dans un mouvement de transformation existentiel ayant pour base cette expérience.

Le travail que l'homme peut faire sur lui-même, je l'appelle le chemin initiatique. Il commence avec une expérience. Cette expérience nous fait connaître notre Être essentiel. Une telle expérience efface une fois pour toutes le doute qu'il s'agirait du résultat d'une recherche métaphysique, d'une pieuse spéculation ou d'une projection psychologique. L'Être essentiel est une réalité dont on peut vraiment faire l'expérience.
Imaginez pour un instant qu'étant dans une forêt vous n'ayez plus de noms pour ce que vos yeux rencontrent, pour ce que vos oreilles entendent, pour ce que sent votre peau. Qu'est-ce que vous rencontrez? Ce n'est pas un ça puisque vous n'avez pas de concept à votre disposition, mais vous rencontrez une vie extraordinaire qui vous fait frissonner. Et dans ce frisson, c'est vous-même que vous rencontrez d'une façon extraordinaire. Étant ainsi en vous-même dans un sens très profond et en deçà ou au-delà de tout concept, c'est le divin que vous rencontrez....chaque méditation est l'effort d'entrer dans cette solitude, ce silence.

Graf Durkheim

« Le Centre de l'être »

mardi 5 avril 2016

Le chemin de la Vie

Le chemin de la Vie

 

Christiane Singer




De notre conception à notre mort, la vie est conçue comme un chemin d’initiation, un cycle d’expériences successives. La roue qui va tourner son grand tour est à chaque point où son cercle ferré touche le sol à son point de départ. Chaque instant est le début, chaque nouveau jour, chaque nouveau livre, chaque nouvelle rencontre. A chaque moment nous commençons de neuf. […] La vie ne commence de faire mal, très mal, que lorsque nous ne nous laissons pas porter par son courant […]. Retenir le flux de l’existence, c’est oublier que la vie est l’art de la métamorphose. La femme que vous avez devant vous a déjà enterré un enfant, l’enfant qu’elle a été ; joyeux, il chantait et dansait ; puis une adolescente embarrassée de ses jambes. J’ai enterré aussi une jeune femme, une jeune mère. J’ai enterré une femme mûre. Je viens même d’enterrer la femme féconde que j’étais ; c’est-à-dire que je suis entrée dans ma seconde fécondité. Et j’enterrerai cette femme mûrissante que je suis en devenant la femme vieille qui est en moi ; puis la très vieille femme ; puis, la morte et celle qui fera le passage vers l’autre rive. 

Ainsi, chaque fois que j’ai quitté un espace, je suis entrée dans un autre. Ce n’est pas facile. C’est dur de quitter le pays de l’enfance ; c’est dur de quitter le pays de la jeunesse ; c’est dur de quitter l’épanouissement féminin, de quitter la fécondité. D’un pays à l’autre, d’un espace à l’autre, il y a le passage par la mort. Je quitte ce que je connaissais et je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas où j’entre. Traiter ce passage comme s’il allait de soi ? Bien sûr que non : ce serait légèreté. Mais, puisque plusieurs fois déjà j’ai fait l’expérience qu’en quittant un " pays " j’entrais dans un autre d’une égale richesse sinon d’une plus grande richesse, pourquoi donc hésiterais-je devant la vieillesse ? […]

(Psychologies - 1996)

« Il est essentiel de prendre soin de ce ciel en nous, invisible aux autres, de ce sanctuaire que la vie nous a édifié et que peuplent les messagers, ceux qui, de façon multiple, nous ont inspirés, conduits vers le meilleur de nous-mêmes.
Dans tous les lieux habités par la souffrance se trouvent aussi les gués, les seuils de passage, les intenses nœuds de mystère. Ces zones tant redoutées recèlent pourtant le secret de notre être au monde, ou comme l'exprime la pensée mythologique : là où se tiennent tapis les dragons sont dissimulés les trésors.
L'espoir ne doit plus être tourné vers l'avenir mais vers l'invisible. Seul celui qui se penche vers son cœur comme vers un puits profond retrouve la trace perdue. »


Extrait de la conférence « Choisis la vie et tu vivras ! » donnée à Montréal le 22 octobre 2004.