samedi 23 décembre 2017

Comprendre le phénomène de l’ascension

Salvador Dalí
Ascension (détail)
1958

Comprendre le phénomène de l’ascension

Interview avec Chris Iwen

En quelques mots, comment pouvons-nous définir l’ascension ?

De quelle ascension parlez-vous ? Il existe au moins trois formes bien distinctes lorsqu’on mentionne la notion d’ascension d’une manière générale. Beaucoup de chercheurs spirituels ont un peu de mal à embrasser la notion d’ascension avec une compréhension pertinente. Et, sans vouloir être critique, des distorsions dommageables se produisent assez souvent dans la compréhension que les chercheurs spirituels essaient d’avoir de l’ascension. Un exemple de distorsion se retrouve dans une certaine tendance à ramener l’ascension à un processus qui change la personne seulement dans sa subjectivité, en laissant intacte la localisation dimensionnelle de son corps extérieur. Nous ne prétendons pas détenir la vérité définitive sur ce sujet, mais nous pouvons, comme d’habitude, dire quelques mots de ce que nous en savons. Et peut-être que ce que nous dirons, pourra apporter à certains une meilleure compréhension de l’ascension. Nous allons essayer d’être aussi brefs que possible, car nous voulons seulement souligner les grandes lignes.

Pouvez-vous nous donner une définition très générale de l’ascension ?

Vous connaissez tous la notion de dimension vibratoire. Une dimension vibratoire, c’est un substrat de matière-énergie et d’espace-temps caractérisé par une plage vibratoire relativement délimitée. Nous allons essayer de le dire plus simplement encore. Considérons seulement la matière-énergie. La matière est de l’énergie coagulée, tandis que l’énergie est de la matière non-coagulée. C’est la raison pour laquelle nous pouvons parler directement de matière-énergie. Nous espérons que vous avez quelque intuition de ce que nous entendons par « coagulée ». Tout ce qui existe, est constitué de quelque forme de matière-énergie.
Votre corps physique est constitué de matière-énergie vibrant à une certaine fréquence. Les objets autour de vous, les corps physiques des autres personnes, le corps physique de la planète elle-même, les corps physiques des étoiles, la lumière physique qui vous permet de voir, l’air physique qui vous permet de respirer… tout cela vibre à une fréquence plus ou moins similaire à celle de votre propre corps physique. Il est possible de définir une plage vibratoire, et de situer plus ou moins précisément le taux vibratoire de chaque « objet » physique à l’intérieur de cette plage vibratoire. Et en définissant cette plage vibratoire, on aura défini ce qu’on appelle la dimension physique. N’importe quel objet ayant un taux vibratoire se situant à l’intérieur de cette plage vibratoire, sera un objet appartenant à la dimension physique.
Une dimension vibratoire, c’est donc : une plage vibratoire délimitée par une valeur-base et une valeur-plafond ; et l’ensemble de tous les objets faits de quelque forme de matière-énergie, dont le taux vibratoire se trouve dans cette plage vibratoire. Des objets appartenant à une même dimension vibratoire, partagent certains degrés d’interaction. Plus la distance vibratoire est grande entre deux objets, moins ils sont en mesure d’interagir l’un avec l’autre. Mais ce n’est là qu’une sorte de loi générale, il existe évidemment des nuances et des adaptations dans certains cas. Quand un objet change de taux vibratoire et sort de la plage vibratoire qui détermine une dimension donnée, le dit objet change de dimension. Il disparaît littéralement de sa dimension d’origine, et il apparaît dans une autre dimension.
La dimension physique est appelée 3ème dimension. Même si cette dénomination provient d’une confusion avec les caractéristiques volumétriques de l’espace, nous allons la conserver quand même. Il existe des dimensions vibratoires dont les plages vibratoires sont supérieures à la plage vibratoire de la 3ème dimension. On parle alors de 4ème, 5ème, 6ème dimension, etc. Quand un objet passe de la 3ème à la 4ème dimension, cet objet disparaît concrètement de la 3ème dimension, et il apparaît dans la 4ème dimension. Les caractéristiques spatio-temporelles sont différentes d’une dimension à l’autre, mais nous n’allons pas les évoquer précisément. Cela pourra faire l’objet d’une autre discussion.
A partir de tout ça, comment proposer une définition très générale de l’ascension ? Quand un être est incarné dans une dimension donnée, cela signifie que son corps extérieur est un objet stable de cette dimension. Par exemple, chez un humain physique, le corps extérieur est appelé corps physique, parce que c’est un corps dont le taux vibratoire est stable et se trouve contenu d’une manière quasi-fixe dans la plage vibratoire de la 3ème dimension. Mais il en va autrement pour les corps intérieurs. Le corps astral d’un humain physique, n’est pas un corps physique, bien qu’il existe un lien magnétique entre le corps astral et le corps physique.
Prenons un cas de figure particulier. Un homme désincarné, donc qui n’a pas de corps physique et qui vit dans un sous-plan ou un autre du plan astral, peut faire un travail spirituel qui va élever le taux vibratoire de son corps astral. Son travail spirituel ne fait pas seulement qu’améliorer son taux vibratoire dans les limites de la plage vibratoire de son sous-plan d’appartenance. Son corps astral passe vraiment d’une plage vibratoire donnée, à une plage vibratoire supérieure. Cet homme va littéralement changer de sous-plan astral. Du point de vue astral, on peut dire que cet homme a ascensionné.
Maintenant, prenons un cas de figure un peu différent. Il s’agit d’un homme incarné, dont le corps d’incarnation est un corps physique. Cet homme entreprend lui aussi un travail spirituel. Ce travail lui permet de faire passer le taux vibratoire de son corps astral, d’une plage donnée, à une plage supérieure. Mais, même si le taux vibratoire de son corps d’incarnation s’est amélioré, ce corps d’incarnation demeure quand même un corps de 3ème dimension. Du point de vue astral, cet homme a ascensionné. Mais du point de vue de l’incarnation, cet homme n’a pas ascensionné du tout. Il y a donc une différence entre l’ascension intérieure qui concerne uniquement les corps subtils, et l’ascension incarnationnelle qui concerne non seulement les corps subtils, mais aussi le corps d’incarnation.
L’ascension incarnationnelle implique naturellement une ascension intérieure, c’est important de le souligner. Tandis que l’inverse n’est pas nécessairement vrai. Certes, réaliser une ascension intérieure induit une certaine élévation du taux vibratoire du corps d’incarnation, mais cela ne signifie pas forcément que ce corps d’incarnation va changer de dimension. L’ascension intérieure est quelque chose de très important. Mais l’ascension incarnationnelle est ce qui nous intéresse ici. C’est le passage définitif du corps d’incarnation, d’une dimension donnée, à une dimension supérieure. Ce passage connaît au moins trois formes différentes. Voilà pour une définition très générale.
Il y a des personnes qui ont vécu une ascension intérieure, mais qui continuent cependant à être des humains incarnés, avec un corps physique et tout ce que cela implique du point de vue des limitations et des besoins. L’ascension intérieure n’est pas nécessairement un phénomène « fort ». Prenons le cas de deux personnes, A et B. La personne A a un corps astral qui vibre selon la 2ème dimension astrale, et la personne B a un corps astral qui vibre selon la 3ème dimension astrale. Cela se traduira peut-être par le fait que les dispositions psychologiques de B paraîtront un peu plus saines et un peu plus positives que celles de A. Si la personne A ascensionne intérieurement, elle accèdera à des dispositions psychologiques aussi saines et positives que celles de B. Cela arrive assez souvent : beaucoup de personnes vivent une ascension intérieure, et dans certains cas cela signifie seulement qu’elles accèdent à une certaine forme d’équilibre psychologique.
Nous ne voulons pas établir une hiérarchie, mais l’ascension incarnationnelle est beaucoup plus intéressante. Et celle-là, pour l’instant peu de gens l’ont réalisée. Nous parlons bien du passage définitif de tout l’être incarné, de la 3ème dimension, vers une dimension supérieure. Du moins en ce qui concerne les êtres incarnés dans la 3ème dimension, c’est-à-dire « vous et moi ». Si on ne peut pas rechercher une véritable ascension incarnationnelle, alors par défaut il faut essayer de rechercher une ascension intérieure. Mais si vous lisez ceci, c’est que l’ascension incarnationnelle vous intéresse.

Abordons à présent les trois formes d’ascension incarnationnelle que vous évoquez. Quelles sont-elles ?

Nous avons dit qu’il existait au moins trois formes. Elles sont faciles à distinguer les unes des autres. La première forme est représentée par ce qu’on peut appeler l’ascension personnelle. La seconde forme est représentée par ce qu’on peut appeler l’ascension indirecte. Et la troisième forme est représentée par ce qu’on peut appeler l’ascension impersonnelle (que nous avons appelée ascension par grâce dans un texte précédent). Certainement que tous les mots que nous pourrons utiliser sont quelque peu insuffisants, mais nous espérons que la réalité derrière les mots ne vous échappera pas. Si vous vous intéressez à l’ascension depuis un certain temps, vous avez certainement constaté que les messages et les enseignements relatifs à l’ascension sont à la fois similaires et divergents. Ces contradictions et ces ressemblances ne sont pas seulement dues à la fiabilité assez relative de nombre de channels. Elles proviennent aussi des différences qui existent entre les orientations spécifiques des groupes non-physiques qui ont pour mission générale de communiquer aux channels des messages et des enseignements relatifs à l’ascension.
Les êtres non-physiques sont organisés, et il existe des groupes de travail parmi eux, un peu comme il en existe parmi nous. Tous les groupes non-physiques sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans le travail qui consiste à aider les humains incarnés à ascensionner. Mais certains groupes non-physiques ont, pour ainsi dire, des missions plus spécifiques par rapport à l’aide à l’ascension des humains incarnés. Certains de ces groupes privilégient un certain type d’ascension, sans pour autant exclure les autres types. Et cette manière de procéder peut entraîner des contradictions apparentes entre les messages et les enseignements. Peut-être que nous n’éclaircirons pas totalement le sujet, mais nous espérons que vous y verrez un peu plus clair dans toute cette affaire.

Qu’est-ce que l’ascension personnelle ?

L’homme possède au fond de son cœur une étincelle divine. L’Eveil divin, c’est lorsque cette étincelle est transmutée et devient un soleil divin. L’homme devient ainsi un Eveillé, ou un Maître… dans le sens transcendant de ces termes (nous soulignons transcendant, car il est parfois d’usage de parler d’éveil et de maître pour des choses qui relèvent toujours de faibles niveaux énergétiques). L’Eveillé, du fait de son énorme puissance énergétique, est capable de transmuter le taux vibratoire de son corps d’incarnation. Et quand il le fait effectivement, il change de dimension. Il ascensionne. C’est cela l’ascension personnelle : c’est réaliser l’Eveil, puis une fois devenu Eveillé, poser l’acte de la transmutation vibratoire du corps d’incarnation. Cet acte est ce que le mot indique : un acte.
Dans l’ascension personnelle, vous aurez compris que la chose importante c’est l’Eveil divin. Quand un être atteint l’Eveil divin, il peut décider de rester encore plusieurs années dans la 3ème dimension. Pour des milliers de raisons. Et quand le moment vient pour lui de quitter la 3ème dimension, il opère sa transmutation et ascensionne. Il disparaît littéralement de la 3ème dimension avec son corps d’incarnation. C’est ce qu’a réalisé le Maître Jésus. Mais il n’est pas le seul. D’autres personnes ont réalisé l’Eveil divin, puis effectué l’ascension personnelle. Le Maître Jésus est en quelque sorte l’illustration historique la plus marquante de l’ascension personnelle, mais il est possible de citer d’autres noms de gens qui ont réalisé l’Eveil, et qui ensuite ont ascensionné. Mais nous vous laisserons trouver les noms.
Un Eveillé qui a ascensionné, devient ce qu’on appelle un Maître ascensionné, c’est-à-dire un Maître qui a ascensionné. Signalons que tous les Eveillés ne décident pas d’ascensionner. Certains peuvent simplement quitter leur corps physique le moment venu, et laisser derrière eux un cadavre. Et la plupart du temps, ce n’est pas un cadavre ordinaire : le corps physique demeure à peu près incorruptible, au moins pendant de nombreuses années. Pourquoi certains Eveillés décident d’ascensionner ? En partie parce qu’ils choisissent d’effectuer un type de service à l’humanité qui nécessite de se positionner dans la 4ème ou la 5ème dimension. Et pourquoi d’autres Eveillés laissent leur corps derrière eux ? En partie parce qu’ils choisissent d’effectuer un type de service à l’humanité qui nécessite de se positionner dans des plans spirituels où il n’est pas possible ou souhaitable de transporter le corps d’incarnation.
Qu’il ait ascensionné ou pas, un Eveillé divin demeure un Eveillé divin. Notre véritable but à tous est l’Eveil divin. L’ascension personnelle n’est qu’un acte assez banal pour l’Eveillé, et qui est déterminé par des choix de service spécifiques. Même si l’ascension est quelque chose de passionnant, nous ne devons pas oublier que le véritable but est l’Eveil divin. Certains chercheurs spirituels préfèrent axer leur quête spirituelle essentiellement sur la notion d’Eveil, et se montrent presque allergiques à toute notion d’ascension. Ils ont raison, à cette nuance près qu’ils ne devraient pas être allergiques à la notion d’ascension. D’autres chercheurs spirituels sont tellement axés sur la notion d’ascension, que la notion d’Eveil leur paraît presque anecdotique. De notre point de vue, cela est une erreur. S’il faut privilégier une notion par rapport à une autre, alors cela devrait être l’Eveil. Mais chaque chercheur spirituel est libre de définir sa spiritualité comme il l’entend, dans la mesure où il prend soin de faire de l’amour l’essence de sa démarche.

On ne peut donc réaliser l’ascension personnelle que si l’on réalise l’Eveil divin ?

En effet. Et la réalisation de l’Eveil divin nécessite un travail spirituel sérieux et discipliné. Sans vouloir faire de l’élitisme, nous pouvons dire qu’un tel travail spirituel ne saurait être mené que par une personne dont la volonté de cœur est bien trempée. En d’autres termes, avant de vous lancer dans la quête de l’Eveil divin, assurez-vous d’avoir une volonté de cœur particulièrement forte. Si non, prenez le temps de cultiver d’abord votre volonté de cœur. La véritable spiritualité est fondée sur l’énergie et la force du cœur.

Qu’est-ce que l’ascension indirecte ?

L’ascension indirecte est fondée, tout comme l’ascension impersonnelle, sur l’ouverture du cœur. L’Eveil divin est un accomplissement intérieur transcendant, c’est la transformation de l’étincelle divine en soleil divin. Mais ce que nous appelons ouverture du cœur s’apparente beaucoup plus à quelque chose comme la transformation de l’étincelle divine en petite flamme… C’est un degré de développement du cœur qui n’implique aucune transcendance énergétique, mais qui signifie quand même une certaine réalisation qualitative intérieure. On peut dire qu’il s’agit du stade de la paix intérieure. Non pas un affranchissement total des aléas émotionnels, mais la capacité de demeurer dans la paix intérieure, au-delà ou en dessous de l’activité du mental-émotionnel.
L’ouverture du cœur est en quelque sorte un « petit éveil du cœur ». L’être au cœur ouvert a, pour ainsi dire, réalisé une assez grande ascension intérieure, mais l’ascension personnelle demeure très au-delà de ses possibilités énergétiques. C’est là que rentre en ligne de compte la possibilité d’ascension indirecte. L’intérêt particulier de l’ascension incarnationnelle, c’est que des êtres de 4ème ou de 5ème dimension, vivent avec un degré de liberté et de bien-être nettement plus élevé que les conditions qui règnent dans la 3ème dimension. L’ascension personnelle demeure un accomplissement vraiment héroïque. Mais l’ascension indirecte est plus accessible. Faire ascensionner des êtres de 3ème dimension, vers une dimension supérieure, c’est littéralement les libérer.
En quoi consiste l’ascension indirecte ? Elle consiste en deux sous-types. Le premier sous-type est l’ascension indirecte octroyée par des Maîtres ascensionnés. Et le second sous-type est l’ascension indirecte à base de technologie de la lumière. La technologie de la lumière n’a pas grand-chose à voir avec la technologie de matière, car la lumière dont il est question est une énergie vivante et intelligente, qui est sensible, pour ne pas en dire plus, aux rayonnements du cœur. Avec une technologie « froide », il est possible d’éthériser quelqu’un pour une période limitée, mais pas de le faire ascensionner vraiment.
Les deux sous-types d’ascension indirecte se ressemblent suffisamment assez pour que nous n’ayons pas à les distinguer plus que nécessaire. Le Maître ascensionné utilise la lumière, presque la même qui est impliquée dans la technologie de la lumière. Grâce à la lumière, des équipes non-physiques peuvent faire ascensionner des êtres physiques. Mais voilà, pour que la lumière puisse pénétrer dans le champ énergétique de la personne, et opérer la transformation vibratoire, il faut que cette personne ait le cœur ouvert. Avoir le cœur ouvert, implique que le champ énergétique soit imprégné d’une sorte de magnétisme positif. C’est ce magnétisme dont la lumière a besoin pour faire son travail.
Vous comprendrez donc pourquoi l’ouverture du cœur est la clef de l’ascension indirecte. Vous savez tous comment réaliser l’ouverture de votre cœur. Ce n’est pas bien compliqué. Du moins dans le principe. Cependant, l’ascension indirecte étant un processus reposant sur des énergies limitées (même si ces énergies peuvent être grandes), elle exige de la personne quelque chose de plus que la seule ouverture du cœur. En d’autres termes, même si votre cœur est ouvert, vous pouvez ne pas être dans les conditions énergétiques nécessaires pour bénéficier d’une ascension indirecte.
Le cœur doit être ouvert, mais il faut aussi satisfaire à d’autres paramètres, notamment des paramètres relatifs aux mémoires énergétiques cellulaires, et des paramètres relatifs aux charges karmiques. Votre karma et votre patrimoine cellulaire doivent être dans un certain état minimum de purification, sans cela toute tentative de vous faire ascensionner rencontrerait une résistance trop importante. C’est la raison pour laquelle de nombreux messages et de nombreux enseignements transmis par channeling, portent sur des principes et des techniques de travail sur les mémoires cellulaires ou les allègements karmiques. Ces principes et ces techniques existent sous différentes formes dans toutes les cultures. Et le commandement de base dont la mise en pratique conduit à l’ouverture du cœur, puis à l’Eveil pour les plus disciplinés, est également connu dans toutes les cultures. Tout le monde est préparé pour l’ascension indirecte.

Existe-t-il une date pour l’ascension indirecte ?

En réalité, il n’existe encore aucune date. Et certainement que si une date est décidée par les autorités spirituelles qui s’en occupent, nous ne la connaîtrions qu’au jour et à l’instant de sa mise en application. Et si vous vous demandez de quelle manière elle sera entreprise, nous pouvons vous dire qu’il existe deux grands scénarios possibles.
Le premier scénario est très spectaculaire, et vous verriez apparaître des millions de vaisseaux de lumière dans le ciel, projetant de grands faisceaux de lumière ascensionnels. Le second scénario est très sobre. Il consisterait, s’il était appliqué, en ceci : à partir d’une certaine date, toute personne qui remplirait les conditions d’ouverture du cœur et de purification cellulaire et karmique, serait ascensionnée. Et les gens seraient ascensionnés au fur et à mesure qu’ils atteindraient les conditions nécessaires. C’est exactement la même chose qu’avec l’ascension impersonnelle, du moins dans les deux grandes possibilités de scénarios.
A notre avis, l’ascension indirecte ne sera probablement jamais mise en application de manière massive. Quelques individus seront ascensionnés de temps en temps, non seulement parce qu’ils auront rempli les conditions, mais aussi parce que leurs choix de service et leurs mérites particuliers auront rendu judicieux leur ascension indirecte. D’ailleurs, il s’est toujours trouvé quelques cas d’ascension indirecte à certaines périodes de l’histoire. Et parfois des groupes de plusieurs centaines ou de plusieurs milliers de personnes, ont été ascensionnés. La plupart des cas d’ascension indirecte avaient un profil bien précis : un groupe de chercheurs spirituels est lié ensemble autour d’un Maître, et quand ce Maître décide d’ascensionner, il fait ascensionner avec lui l’ensemble du groupe.
En fait, l’ascension indirecte d’un groupe de chercheurs spirituels lié à un Maître, est la configuration qui a fonctionné le plus souvent sur Terre. En ascensionnant, certains Maîtres ont emmené non seulement leur groupe, mais aussi les végétaux et les animaux qui vivaient dans l’aura énergétique du groupe. A l’heure actuelle, la plupart des animaux et des végétaux sont plus « ascensionnables » que la plupart des gens.
Pourquoi ? Parce que les êtres non-physiques ont plus de facilité à travailler avec eux, qu’avec des êtres humains. Et aussi parce que les végétaux et les animaux sont mieux alignés sur le champ énergétique de la Terre, contrairement aux êtres humains, surtout les occidentaux qui n’ont eu de cesse de s’extraire de la nature avec toutes sortes d’artifices. Le mental humain est si mal calibré qu’il constitue un élément extrêmement perturbateur dans le travail de purification et dans le travail de l’ouverture du cœur. Pour dire à quel point la situation de certaines personnes est déplorable, il suffit de constater comment ces personnes, poussées par un mental plutôt négatif, se montrent réfractaires au principe de l’amour fraternel et spirituel.

Et qu’en est-il de l’ascension impersonnelle ?

La clef de l’ascension impersonnelle se trouve simplement dans l’ouverture du cœur, sans considération aucune pour le reste. C’est-à-dire qu’il suffit que vous ayez le cœur ouvert pour être en mesure de bénéficier de l’ascension impersonnelle, et cela peu importe l’état de vos mémoires cellulaires, de vos charges karmiques, etc. Rien que l’ouverture du cœur. C’est la simplicité même, n’est-ce pas ? Cela est possible, parce que l’ascension impersonnelle relève de l’action d’une chose dont la puissance est littéralement infinie. Pour des raisons d’adaptation, nous donnons à cette force illimitée le nom d’Esprit-Saint.
Pour la plupart des gens, la seule possibilité d’ascension qu’ils auraient éventuellement la chance de vivre au cours de leur incarnation, c’est l’ascension impersonnelle. L’ascension personnelle exige de réaliser l’Eveil divin, et l’Eveil divin est quelque chose que peu sont capables de réaliser. Fondamentalement, tout le monde peut réaliser l’Eveil divin, et d’ailleurs tout le monde est destiné à cela. Mais en pratique, le travail que nécessite la réalisation de l’Eveil divin, requiert une force de cœur que la plupart sont loin de posséder.
L’ascension impersonnelle dépend d’une décision de l’Esprit-Saint. Nul ne peut prévoir quoi que ce soit à ce sujet. Mais certains d’entre nous peuvent, en quelque sorte, ressentir les mouvements de l’Esprit-Saint. Essayer de ressentir ces mouvements, c’est aussi ce que font certains êtres non-physiques. Selon ce que nous savons, l’ascension impersonnelle peut prendre forme selon l’un ou l’autre des deux scénarios-types que nous avons déjà évoqués : une forme spectaculaire, et une forme discrète.
Ce que nous ressentons, c’est que nous nous acheminons lentement vers une ascension impersonnelle discrète : les gens seraient ascensionnés au fur et à mesure qu’ils atteindraient l’ouverture du cœur. Le jour où la porte de l’ascension impersonnelle sera ouverte, c’est-à-dire le jour où l’Esprit-Saint prendra la décision de commencer, on verra probablement au début des centaines de personnes s’élever dans la 4ième ou la 5ième dimension. Puis il y aurait une dizaine de personnes de temps en temps, tous les trois ou quatre ans peut-être. Des centaines au début… nous aurions aimé dire des milliers, mais il n’y a pas encore tant de gens que ça qui aient vraiment ouvert leur cœur. Des dizaines de milliers sont sur la bonne voie, et des centaines de milliers sont à peine en train de se demander sérieusement si l’amour et le cœur, ce ne serait pas plus important que le mental-émotionnel…

Quand la porte de l’ascension impersonnelle sera-t-elle ouverte ?

En fait, elle ne sera peut-être même jamais ouverte ! Il faut se préparer à cette éventualité, car elle est parfaitement probable. Les portes de l’ascension impersonnelle et de l’ascension indirecte ne seront peut-être jamais ouvertes. L’une dépend de la décision de l’Esprit-Saint, et l’autre dépend de la décision des hautes puissances spirituelles qui veillent sur ce secteur de l’univers. Nous aurions aimé vous dire : « Vous serez tous ascensionnés bientôt, en masse, un peu avant ou un peu après 2012 ». Mais nous ne pouvons pas, parce que nous savons que les choses ne se dirigent pas réellement vers cette direction. Le mieux que nous pouvons vous dire, c’est : « Dès 2035 environ, des gens seront très probablement ascensionnés, soit par le fait de ceux qui parmi vous auront réalisé l’Eveil et décideront d’emmener un groupe avec eux, soit par le fait de l’Esprit-Saint ».
Quoi qu’il se passe, quoi qu’il en soit, sachez que la porte de l’ascension personnelle est ouverte depuis toujours. En d’autres termes, la porte de l’Eveil est ouverte depuis toujours. Cela signifie que vous pouvez cheminer réellement vers l’Eveil, et réaliser l’Eveil : vous n’avez pas besoin d’attendre une date ou une intervention des forces cosmiques pour cela. Vous avez seulement besoin d’apprendre et de pratiquer de tout votre cœur la science de l’amour fraternel et de l’amour spirituel. S’il y a une forme d’ascension que nous devons encourager, c’est l’ascension personnelle. Nous disons « ascension personnelle », mais nous ne disons pas « ascension individuelle », car un Eveillé qui ascensionne, peut faire ascensionner plusieurs personnes avec lui. Il suffit que ces personnes aient fait le nécessaire pour ouvrir leur cœur.
Vous n’êtes pas obligés de nous croire. Et dans ce que nous disons, vous pouvez choisir d’écouter certaines choses, et d’en rejeter d’autres. Et que vous disons-nous ? Nous vous disons que l’Eveil divin devrait constituer le fondement et la perspective de votre spiritualité. En réalité, tous, autant que nous sommes, nous pouvons réaliser l’Eveil divin. L’amour est la seule énergie et la seule force dont nous avons besoin. D’un point de vue cognitif, ce qu’il y a de vraiment important à savoir est simple : vivre et rayonner l’amour de tout notre cœur.
La clef de l’Eveil divin ? Pratiquer cette connaissance, avec joie et sérieux en même temps.

Chris Iwen



mercredi 6 décembre 2017

Les deux sphères - Jan van Rijckenborgh




 

Les deux  sphères

selon

Jan van Rijckenborgh

 

(NB :Pour faciliter la compréhension des personnes qui ne sont pas habituées à la terminologie gnostique,  la sphère réflectrice peut être assimilée aux plans subtils ethérique, astral et mental.)

 

Dans le témoignage de Jan van Rijckenborgh, il existe un Royaume Originel qui se distingue nettement d’un autre monde, appelé  Ordre Dialectique, lui-même composé de deux sphères réunies.
Ces deux sphères sont l’ici
-bas (appelée sphère matérielle) et l’au-delà (appelé sphère réflectrice). Ce dernier ne doit donc en aucun cas être confondu avec l’au-delà, “le monde des morts” des religions exotériques traditionnelles, ou le “Ciel” des mystiques et des occultistes. 
Cette notion capitale dans l’enseignement de Jan van Rijckenborgh (la dénonciation de la « mystification de l’au-delà » et de « l’illusion de la conscience cosmique ») montre clairement ce qui sépare radicalement gnose, religion, mystique et occultisme.

Les changements incessants de la sphère réflectrice

De quelles façon se développent les différents groupes dans le pays d’au delà de la mort, la sphère réflectrice, et comment se maintiennent ils ?
L’ordre dialectique est une nature de la mort se composant de deux sphères ; la sphère matérielle, domaine d’existence des hommes nés de la matière, et la sphère réflectrice, domaine d’existence des morts.
Dans cette nature, caractérisée par le changement incessant de toutes choses, tous les microcosmes, chacun avec sa personnalité, sont entraînés dans un processus circulaire avec ses phases : monter, briller, descendre- ce que nous appelons vivre et mourir -, processus dans lequel ils sont alternativement vivifiés et vidés. Cela revient à dire que chacun d’eux est périodiquement pourvu d’une nouvelle personnalité, qui se dissipe chaque fois après avoir accompli son parcours dans la sphère matérielle.
La sphère matérielle est donc le terrain de vie de la personnalité ; la sphère réflectrice celui où se vident les microcosmes.
Par suite de ces rotations et de ces expériences à travers les deux sphères de cette nature de la mort, chacun des microcosmes enregistre une somme d’expériences, une souvenance, une force, un résultat global de chaque manifestation de personnalité, jusqu’à ce que, parmi eux, un microcosme puisse être doté d’une personnalité qui, s’appuyant sur l’expérience mûrie de celui-ci, pourra prendre la décision et trouver la force de quitter cette nature de la mort pour gagner les contrées d’un autre ordre cosmique.

Le parcours de l’âme sur terre

Selon Jan van Rijckenborgh, « nous avons entrepris un pèlerinage déterminé et méthodique, nous avons exploré et expérimenté tout ce que peut offrir ce monde. Or, tout y est souffrance, la nature dualisée nous est apparue comme une “nature de mort”. Nous n’avons plus alors souhaité rejoindre les bienheureux, ni tenté de rendre
acceptable cette nature chaotique. Après des années d’investigation, nous sommes arrivés à la conclusion que la Vie véritable n’avait rien à voir avec tout cela et qu’il ne serait pas bon d’être de ceux qui trompent les hommes à ce sujet.
 Quand on tire ce genre de conclusion, il faut savoir prendre une décision. A un moment, il faut pouvoir dominer la vie. Notre recherche nous montra clairement qu’en dehors de cette nature “dialectique” existait un “Royaume Originel”, un règne dépassant de loin les domaines supérieurs du Nirvana euxmêmes et se distinguant nettement de cette nature et de ses deux sphères, l’ici-bas et l’au-delà. Nous avons découvert que tous ceux qui s’étaient efforcés de l’atteindre avaient parcouru les mêmes chemins, entrepris leur recherche selon une certaine structure, partout semblable. »
Tout dans l’univers dialectique pousse à individualisation, et il faut pour atteindre ce but que tout individu soit soumis aux lois du temps et de l’espace, lors de la solitude, de la souffrance, de la lutte pour l’existence, et de la mort.
Ces lois, expression de l’esprit de vie de la nature, doivent conduire à une malédiction, à des maux extrêmes qui font que la grande masse se résigne à adopter toutes les théories et pratiques tendant à conserver en l’état le moi naturel.
Tous les groupements religieux idéalistes et occultes dans la sphère matérielle offrent automatiquement ou par contrainte à leurs homologues dans la sphère réflectrice, la force-lumière qu’ils libèrent par leurs activités.
Tous les humains du champ de vie matériel maintiennent ainsi un gigantesque groupe de parasites dans la sphère réflectrice.

Le « monde dialectique », la matrice ?
Le monde dialectique désigne notre champ de vie actuel ; tout s’y manifeste en paire d’opposées : ténèbres et lumière, joie et douleur, vie et mort, sont indissolublement liées et s’engendrent mutuellement. La loi fondamentale de ce monde dialectique est le changement et le brisement continuels, sources d’illusion et de souffrance.

Les gnostiques ont toujours présenté ce monde comme non divin car aucune vie véritable ne peut s’y manifester tant que cet aspect dialectique dans lequel l’homme se terre depuis sa chute de conscience, n’a pas rétabli sa liaison harmonieuse avec l’ensemble de la Création Originelle Septuple (voir Royaume Originel).
C’est le dur champ d’expérience de l’homme dans lequel toutes ses tentatives sociales, politiques, religieuses, mystiques, occultes d’imiter ce Royaume Originel dont il perçoit inconsciemment l’appel, sont impitoyablement brisées pour l’amener à trouver en lui-même le principe de cette Vie Absolue et parfaite du Septénaire divin dont sa conscience obscurcie l’exclut.

La place de l’homme «microcosme» dans le «Septénaire»

Dans sa cosmogonie, Jan van Rijckenborgh enseigne qu’au commencement, il y a le “Mystère”, le “Sans Fond” (L’Ungrund de J. Boehme ou le “Dieu au-delà de Dieu” de Maître Eckhart) auquel on ne peut attribuer ni noms ni attributs, ni qualifications, ni l’être, ni le non
-être.
De ce “Un inconnaissable”, de ce “Dieu caché”, surgit par l’activité des trois Principes (Penser, Désirer, Vouloir) la Création (Dieu révélé), une création en sept mondes et en sept étapes. Dans cette vision, ces mondes, de niveaux vibratoires différents, se meuvent autour d’un même centre, sont mutuellement reliés et s’entretiennent l’un l’autre. 
Ce septénaire, constitué de six mondes spirituels et d’un monde matériel forme une unité, la véritable création, et c’est seulement dans cette harmonieuse unité des sept aspects que peut se manifester la perfection. Né du monde spirituel, du septuple cosmos, l’homme divin originel en était l’image, le résumé, et pouvait donc être désigné comme un microcosmos.

vendredi 3 novembre 2017

Spleen en poésie

Mélancolie
Edward Munch, 1892
Oslo, Musée national 


« La mélancolie est une maladie qui consiste à voir les choses comme elles sont. »
Gérard de Nerval
(Paradoxe et vérité)

Le spleen

État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l'ennui, la tristesse vague au dégoût de l'existence.
Synonymes: bourdon, cafard, dépression, ennui, hypocondrie, langueur, neurasthénie.
Il s'agit de l'accablement profond, la douleur et la mélancolie que ressent le poète devant la prise de conscience de la malédiction de la condition humaine, condition humaine dominée par (dans le désordre, la liste pourrait être très longue) : la fragilité et la fugacité de l'existence, la solitude, la laideur et la vacuité universelle du monde, l'ennui, le remords, ...
C’est donc avant tout une souffrance liée à un sentiment existentiel d'inadaptation de l'homme à ce monde.

Il pleure dans mon cœur

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

Spleen

Les roses étaient toutes rouges
Et les lierres étaient tout noirs.

Chère, pour peu que tu ne bouges,
Renaissent tous mes désespoirs.

Le ciel était trop bleu, trop tendre,
La mer trop verte et l'air trop doux.

Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre !
Quelque fuite atroce de vous.

Du houx à la feuille vernie
Et du luisant buis je suis las,

Et de la campagne infinie
Et de tout, fors de vous, hélas !

Paul VERLAINE 
 (1844-1896)


Spleen



J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C’est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
— Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher
Hument le vieux parfum d’un flacon débouché.

Rien n’égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L’ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l’immortalité.
— Désormais tu n’es plus, ô matière vivante,
Qu’un granit entouré d’une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d’un Sahara brumeux,
— Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l’humeur farouche
Ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche.


Spleen

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles BAUDELAIRE  
(1821-1867)




vendredi 20 octobre 2017

« ET IN ARCADIA EGO »

« ET IN ARCADIA EGO »

"Moi, la mort, je suis aussi en Arcadie."

 

Autoportrait de Nicolas Poussin

Nicolas Poussin, né au hameau de Villers, commune des Andelys, le 15 juin 1594, mort à Rome le 19 novembre 1665, est un peintre français du XVII ème siècle, représentant majeur du classicisme pictural. Actif aussi en Italie à partir de 1624. Peintre d'histoire, compositions religieuses, mythologiques, à personnages, ou encore de paysages animés. Il fut l'un des plus grands maîtres classiques de la peinture française, et un "génie européen", comme le rappelle l'exposition Nicolas Poussin de 1994 à Paris, à l'occasion de la célébration du quatrième centenaire de sa naissance. (source : encyclopédie en ligne wikipedia)


Le Guerchin, Et in Arcadia ego (1618)

'Et in Arcadia ego" est une expression inventée par Virgile et utilisée au 17ème siècle en Italie pour exprimer, de façon elliptique, les limites du puissant sentiment humaniste : "Même en Arcadie, moi, la mort, j'existe". C'est-à-dire, même l'évasion dans le monde pastoral et idyllique de l'Arcadie ne protège pas de la mort.
Cette expression est en général inscrite sur une pierre funéraire monumentale, dans un paysage rural dans la plupart de tableaux de cette époque.

La première représentation du thème par Guerchin (Galleria Corsini, Rome) montre deux bergers surpris de trouver un crâne - type même du memento mori - sur une pierre sur laquelle est écrit "Et in Arcadia ego".

Dans la version de Poussin, tous les effets de surprise ont été supprimés. Au lieu de cela, les bergers semblent contempler le tombeau. Ils déchiffrent l'inscription d'un air de curiosité mélancolique. Le crâne a disparu. Les mots semblent désigner une personne, peut-être une bergère qui est ici ensevelie : "Moi aussi, j'ai vécu en Arcadie". C'est une modification notable par rapport à la traduction latine.
L'artiste ne se disperse pas en racontant une histoire et se concentre sur cette scène totalement statique. Aucune séduction non plus dans la texture de la matière ou des couleurs. Les tons sont durs et froids, et les personnages ont des poses sculpturales.



Nicolas Poussin - Et in Arcadia ego (deuxième version) 1637-1638

L’origine des BERGERS D’ARCADIE, au sous-titre significatif « la Félicité sujette à la mort », est confuse ; si certains la présument vers 1629, H. LEMONIER, lui, attribue la création du tableau entre 1638 et 1639.

L’Arcadie, dans la mythologie grecque, peut être considérée comme l’équivalent de l’île d’Avalon, et même de l’autre Monde celtique, celui des tertres souterrains où vivent les dieux et les héros de l’ancien temps.
De plus, on sait que Nicolas Poussin était très attiré par les doctrines hermétistes et qu’il fréquentait des gens connus pour leur appartenance à des  « confréries » plus ou moins secrètes.


  « J’ai rendu à M. Poussin la lettre que vous luy faites l’honneur de luy escrire ; il en a témoigné toute la joie imaginable. Vous ne scauriez croire, Monsieur, ni les peines qu’il prend pour vostre service, ni l’affection avec laquelle il les prend, ni le mérite et la probité qu’il apporte en toutes choses. Luy et moy nous avons projetté de certaines choses dont je pourray vous entretenir à fond dans peu, qui vous donneront par M. Poussin les avantages (si vous ne les voulez pas méspriser) que les roys auroient grande peine à tirer de luy, et qu’après luy peut-estre personne au monde ne recouvrera jamais dans les siècles advenir ; et, ce qui plus est, cela seroit sans beaucoup de dépenses et pourroit mesme tourner à profit, et ce sont choses si fort à rechercher que quoy que ce soit sur la terre maintenant ne peut avoir une meilleure fortune ni peut-estre esgalle. Comme en luy rendant vostre lettre je ne le vis qu’au moment en passant, j’oubliay de luy dire que vous ferez retirer son brevet renouvelé en termes honorables... »

Lettre de Louis Fouquet à Nicolas Fouquet le 17 avril 1656

Nicolas Poussin s’était choisi un sceau plutôt curieux : il représentait un homme tenant une nef ou une arche, avec la devise « tenet confidentiam » qui peut se traduire par « il détient le secret ».

Et que penser de l’ouvrage posthume de Maurice Barrès, le Mystère en pleine lumière, qui regroupe plusieurs études sur les peintres, et dans lequel il se livre à d’étranges considérations ? Barrès laisse entendre que de nombreux peintres appartenaient à des confréries initiatiques, plus particulièrement à une mystérieuse « Société Angélique ». Il le suggère à propos de Delacroix, s’intéressant tout particulièrement à « l’aspect angélique de son œuvre ».

Il se fait plus précis en ce qui concerne Claude Gellée, dit le Lorrain, à propos duquel il dit : « On sent bien qu’il n’est pas né tout d’un coup, qu’il a été préparé. » Cela signifie que Claude Gellée faisait partie d’un groupe spiritualiste qui lui dictait certaines de ses inspirations. Et Barrès ajoute
 « Si l’on veut connaître Gellée, il faut le dessin de Sandrart où il se présente dans la plus digne compagnie auprès de son ami Poussin. » Faut-il en conclure que Nicolas Poussin appartenait à la même « confrérie ?» Toujours à propos de Claude le Lorrain, qu’il met en parallèle avec Poussin, Barrès dit encore « Il n’est rien si les Anges ne lui tiennent pas la main, s’il n’est pas dans la société céleste, s’il s’écarte de ce qui l’enchante, le soutient et le soulève. Il sait son poème et hors de cela ne sait rien. » On ne peut être plus clair à propos de l’existence d’une « Société Angélique» à laquelle appartiennent la plupart des peintres (et aussi des écrivains) de toute époque. Mais il y a encore mieux, car Barrès dévoile franchement le mot de passe : « Il faut toujours que nous ménagions dans quelque coin de notre œuvre une pierre tombale avec l’inscription fameuse : et in Arcadia ego. »

Et si l’on voulait douter de l’existence de cette « Société Angélique » dont le signe de ralliement ou de reconnaissance paraît être la formule inscrite sur le tombeau peint par Poussin, on devrait lire une lettre de George Sand à Gustave Flaubert, datée du 17 décembre 1866. Voici en effet ce qu’écrit la « bonne dame de Nohant » : « Dans tous les cas, aujourd’hui, je ne suis bonne qu’à rédiger mon épitaphe! Et in Arcadia ego, vous savez. »
 Le vous savez  en dit d’ailleurs davantage que n’importe quel discours. Avant d’être la « bonne dame de Nohant », George Sand a participé à tous les mouvements d’inspiration utopiste et sait fort bien à quoi s’en tenir sur certaines « confréries » plus ou moins héritières des « Illuminés de Bavière» et des « ordres » clandestins du Moyen Age. Avant d’écrire la Mare au Diable, elle a écrit un roman dont le titre est Consuelo et dans lequel elle fait quelques révélations sur une mystérieuse confrérie qu’elle appelle la «Secte des Invisibles ».

Voici ce qu’elle écrit à propos de ces Invisibles: « Ils sont les instigateurs de toutes les révolutions : ils vont dans les cours, dirigent toutes les affaires, décident la guerre ou la paix, rachètent les malheureux, punissent les scélérats, font trembler les rois sur leurs trônes. »

On ne peut que songer à Nicolas Foucquet qui, lui aussi, a fait trembler Louis XIV sur son trône avant de succomber, probablement parce qu’il avait trahi la « confrérie » à laquelle il appartenait. On ne pardonne pas les trahisons dans ce genre d’associations. Car ces Invisibles sont toujours présents là où il le faut : « On ne sait pas s’ils demeurent quelque part, mais il y en a partout...

En savoir plus : http://les-archives-du-savoir-perdu.webnode.fr/news/fable-autour-dune-toile/