samedi 24 février 2018

Ainsi parlait Philip Dick

Philip Kindred Dick, né le 16 décembre 1928, à Chicago dans l'Illinois, et mort le 2 mars 1982, à Santa Ana en Californie, est un auteur américain de romans, de nouvelles et d’essais de science-fiction. Un des écrivains majeurs du XXème siècle : Ubik, Le Maître du Haut Château, Substance Mort, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?... Autant de titres devenus cultes et qui ont marqué des générations de lecteurs. Aujourd'hui encore, son influence reste entière : il est l'auteur de science-fiction le plus adapté au cinéma (Blade Runner, Total Recall, Minority Report...) et ses obsessions sur la nature de la réalité continuent de hanter la littérature.


Réminiscence
La réminiscence (en grec ἀνάμνησις, anamnésis ; également traduit par ressouvenir) est, dans la pensée de Platon, le ressouvenir par l'âme de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps et qu'elle a perdu lors de sa réincorporation. L'acquisition de la connaissance doit alors débuter par une re-connaissance. Cette théorie sert tout à la fois à démontrer l'immortalité de l'âme et l'existence de réalités intelligibles.

"Nous sommes endormis - dans un état de rêve - et pensons à tort que nous sommes éveillés. L'un des aspects fondamentaux de la catégorie ontologique de l'ignorance est l'ignorance de cette  ignorance même; non seulement l’être ne sait pas, mais il ne sait pas qu'il ne sait pas. Nous sommes dans une sorte de prison mais nous ne le savons pas.

Cette prison de Fer Noir,  c'est-à-dire la matrice hyper-dimensionnelle, est une vaste forme de vie complexe qui se protège en induisant une hallucination négative d’elle-même.
L'occlusion s'auto-perpétue; elle nous en fait perdre conscience. Nous sommes censés la combattre phagocytairement, mais la valence même de la stase (Prison de Fer Noir) nous entraîne dans des micro-extensions de soi; c'est précisément pourquoi c'est si dangereux. C'est la chose terrible que cet état provoque ; en  étendant sa pensée androïde de plus en plus largement, il exerce un pouvoir terrible et subtil, et de plus en plus de gens tombent dans son champ (pouvoir), au moyen duquel il grandit.

C'est une forme de vie sinistre en effet. D'abord il prend le pouvoir sur nous, nous réduisant à des esclaves, et ensuite il nous fait oublier notre état antérieur, en nous privant de voir ou penser directement, et finalement il devient invisible à cause de ce qu'il nous a fait. Nous ne pouvons même pas surveiller notre propre déformation, notre propre déficience. N'ayant pas de psyché propre, il tue les psychés authentiques de ces créatures enfermées en lui, et les remplace par un faux support de stockage de sa propre psyché morte. La doctrine même de la lutte contre le «monde hostile et son pouvoir» a été dans une large mesure entérinée et mise au service de l'Empire. La matrice de cette prison gâche chaque nouvel effort de liberté dans le moule d'une tyrannie plus poussée. L'Empire n'est qu'un fantasme s'étendant d’autant que nous nous sommes endormis.

Tant que la racine de la méchanceté est cachée, elle est forte. Mais dès qu’elle est reconnue, elle est dissoute. Quand elle est révélée, elle périt ... C'est puissant tant que nous ne l'avons pas reconnue.  L'artefact nous asservit, mais d'un autre côté, il essaie de nous apprendre à renoncer à son asservissement. Le plus grand pouvoir de la compassion [amour supérieur incarné] est la seule puissance capable de résoudre le labyrinthe.

La vraie mesure d'un homme n'est pas son intelligence. Non, la vraie mesure d'un homme est celle-ci: avec quelle rapidité peut-il répondre aux besoins des autres et combien de lui-même il peut donner. Si le paradoxe final du labyrinthe est que la seule façon de s'en échapper est de rentrer volontairement dans le labyrinthe, alors peut-être que nous sommes ici volontairement; nous y sommes revenus.
Anamnesis était la perte de l'amnésie. Tu t'es souvenu de tes origines, et elles venaient d'au-delà des étoiles."

Philip K. Dick




dimanche 4 février 2018

Le sens des choses




Peinture de Siegfried Zademack

Le sens des choses

« Heureux celui qui a pu connaitre les causes des choses. »
Virgile
Les Géorgiques

" La partie que nous ignorons est bien plus grande que tout ce que nous savons."
Platon

Toute chose a un sens ; il n’y a d’insensé que ce qui n’est pas compris.
Si la perception des sens n’y arrive pas, le recours à l’esprit s’impose pour élever ses facultés d’investigation.
Malheureusement, l’humanité tout au long de son histoire est allée à contresens de son évolution spirituelle ; on peut même dire qu’elle a involué d’autant plus qu’elle s’acharnait à occuper le terrain extérieur.
L’homme a établi sa domination sur les  autres espèces en renforçant ses capacités de prédation par les armes et les outils. Des civilisations en ont colonisé d’autres en développant la stratégie de la violence et l’art de la guerre.
En fait, l’homme a toujours considéré que la fin justifiait les moyens et cet utilitarisme pragmatique l’a toujours éloigné de la véritable connaissance des choses au profit de la soumission et des rapports de force.

Ce dogme a érigé en règle la méconnaissance généralisée de soi-même, d’autrui et de notre environnement. L’exploitation de l’individu règne en maître partout, mettant l’être sous l’éteignoir.

Et le sens des choses dans tout ça, qui s’en soucie ?
Peut-on connaître le sens des choses ? Et, si oui, comment faire ?

Sans présence à soi, on n’est pas connecté à notre être profond, on ne fait que glisser à la surface de tout. On ne vit rien, on regarde tout ce qui nous entoure sans jamais être là, on regarde sans rien voir au-delà de la forme.
Sans présence à soi, rien ne se produit en soi, tout reste mécanique et extérieur.
Pour lutter contre cette absence en soi, il faut juste se concentrer pour atteindre un état de présence vigile.

L’attention consciente consiste à fixer celle-ci sur l'instant présent en  examinant les sensations qui se présentent à l'esprit, sans analyser ni juger pour éviter l’emballement du mental.
L'observateur doit rester neutre et mentalement silencieux en examinant l'apparition et la disparition des sensations agréables, neutres ou désagréables, sans juger, sans chercher à retenir la sensation agréable ni à rejeter la sensation désagréable. On  apprend ainsi à se détacher de la superficialité extérieure et du désordre intérieur en se libérant progressivement de la matière, de la sensation, de la perception, des conditionnements mentaux, de l’analyse de la raison.

Il faut juste écouter dans le silence de l’esprit et à ce moment-là tout nous parle, tout est porteur de sens.
Et la découverte du sens nous ouvre trois options: une direction (qui nous dirige vers un but), une sensibilité (qui nous met en contact avec le monde, notamment au travers des cinq sens) et une signification (qu’il faut déchiffrer). A ce moment-là, nous faisons connaissance avec le sens, la nature et la valeur des choses.

Mais attention, il ne suffit pas de vouloir vivre au présent pour saisir le sens des choses.
Le présent n’existe qu’entre hier, qui n’est plus, et demain, qui n’est pas encore.
Il est un trait d’union entre le passé et l’avenir.
Prenons l’exemple du puzzle : il y a trois sortes de pièces, celles qui sont déjà posées et assemblées, commençant à construire et à donner un sens, celles qui sont en vrac dans la boite et qui attendent leur tour pour participer, et celle que je tiens dans la main, ici et maintenant, celle qui résume la situation du présent.
Peut-on limiter le puzzle à cette pièce-là, parce qu’elle représente l’instant présent ?

Le présent n’existe pas réellement, c’est un concept intellectuel s’inscrivant dans un temps linéaire. Le seul fait d’en prendre conscience l’inscrit déjà dans le passé ; le présent est du domaine de l’éphémère.
Peut-on vivre dans l’instantanéité ? Peut-on arrêter le temps ?
Cela relève de l’illusion.

Certes, dans la concentration ou la méditation, on se polarise sur l’instant présent, mais c’est pour le quitter au plus vite pour atteindre un ailleurs, hors du temps, pour s’offrir un accès à une autre dimension.
Cette pleine conscience a pour but de centrer l'individu sur le moment présent, en privilégiant et développant l’attention et les perceptions sensorielles. Par contre, cette technique ne s’inscrit pas dans la durée sinon le sujet perd rapidement la notion du temps pour se retrouver dans le rêve éveillé, avec un cortège d’imagerie mentale qui n’a plus rien à voir avec la réalité du présent.
Ne vivre qu’au présent relève davantage du précepte  intellectuel, ou pseudo-spirituel, que d’une attitude empirique authentique; on est dans l’artifice sans bénéfice réel pour l’individu.

Il nous faut voir au-delà des formes matérielles pour saisir l’essence des choses et entrer en contact avec leur principe vital; c’est-à-dire apprendre à activer la vision ethérique qui permet de visualiser les énergies en adaptant nos vibrations à ce plan plus subtil.
La perception régulière des auras est la preuve que notre vision des énergies fonctionne. L'aura est un champ électromagnétique qui entoure chaque créature vivante et révèle son identité profonde.
Percevoir l'aura permet de découvrir la réalité au-delà des apparences immédiates et d’échapper à la chape matérialiste qui nous est imposée par la société actuelle.
Y avoir recours régulièrement permet de retrouver le sens réel des choses et d’obtenir progressivement la clé de la connaissance spirituelle en éveillant pleinement l’esprit.


« Le cerveau fonctionne en se spécialisant dans la fragmentation, dans des activités qui l’isolent dans le champ limité du temps. Il est incapable de voir la totalité de la vie ; aussi éduqué soit-il, le cerveau n’est qu’une partie et non l’ensemble.
Seul l’esprit voit la totalité et dans son domaine est inclus le cerveau ; celui-ci, quoiqu’il fasse, ne peut contenir l’esprit.
Pour voir totalement, le cerveau doit se trouver en état de négation. La négation n’est pas l’opposé de l’affirmation ; tous les opposés sont reliés entre eux. La négation n’a pas d’opposé. Pour que la vision soit totale, il faut que le cerveau soit en état de négation absolue ; il ne doit pas intervenir par ses évaluations, justifications, condamnations et défenses. Il faut qu’il soit silence, sans aucune contrainte, laquelle ferait de lui un cerveau mort, uniquement capable d’imiter et de se conformer.
C’est en état de négation qu’il se trouve dans une immobilité sans choix. C’est alors seulement que se produit la vision totale. L’esprit est alors pleinement éveillé et cet état ne comporte ni observateur ni observé, mais seulement lumière, clarté. La contradiction et le conflit entre penseur et pensée prennent fin. »

Carnets  de Jiddu Krishnamurti
(pages 192 et 193) 
25 septembre 1961
Editions du Rocher (1976)