Peinture
de Siegfried Zademack
Le sens
des choses
« Heureux celui qui a pu connaitre les causes
des choses. »
Virgile
Les Géorgiques
"
La partie que nous ignorons est bien plus grande que tout ce que nous
savons."
Platon
Toute chose a un sens ; il n’y a
d’insensé que ce qui n’est pas compris.
Si la perception des sens n’y arrive
pas, le recours à l’esprit s’impose pour élever ses facultés d’investigation.
Malheureusement, l’humanité tout au
long de son histoire est allée à contresens de son évolution spirituelle ;
on peut même dire qu’elle a involué d’autant plus qu’elle s’acharnait à occuper
le terrain extérieur.
L’homme a établi sa domination sur
les autres espèces en renforçant ses capacités
de prédation par les armes et les outils. Des civilisations en ont colonisé
d’autres en développant la stratégie de la violence et l’art de la guerre.
En fait, l’homme a toujours considéré
que la fin justifiait les moyens et cet utilitarisme pragmatique l’a toujours
éloigné de la véritable connaissance des choses au profit de la soumission et
des rapports de force.
Ce dogme a érigé en règle la
méconnaissance généralisée de soi-même, d’autrui et de notre environnement. L’exploitation
de l’individu règne en maître partout, mettant l’être sous l’éteignoir.
Et le sens des choses dans tout ça,
qui s’en soucie ?
Peut-on connaître le sens des
choses ? Et, si oui, comment faire ?
Sans présence à soi, on n’est pas
connecté à notre être profond, on ne fait que glisser à la surface de tout. On
ne vit rien, on regarde tout ce qui nous entoure sans jamais être là, on
regarde sans rien voir au-delà de la forme.
Sans présence à soi, rien ne se
produit en soi, tout reste mécanique et extérieur.
Pour lutter contre cette absence en
soi, il faut juste se concentrer pour atteindre un état de présence vigile.
L’attention consciente
consiste à fixer celle-ci sur l'instant présent en examinant les sensations
qui se présentent à l'esprit, sans
analyser ni juger pour éviter l’emballement du mental.
L'observateur doit rester
neutre et mentalement silencieux en examinant l'apparition et la disparition
des sensations agréables, neutres ou désagréables, sans juger, sans chercher à
retenir la sensation agréable ni à rejeter la sensation désagréable. On apprend ainsi à se détacher de la
superficialité extérieure et du désordre intérieur en se libérant
progressivement de la matière, de la sensation, de la perception, des
conditionnements mentaux, de l’analyse de la raison.
Il faut juste écouter
dans le silence de l’esprit et à ce moment-là tout nous parle, tout est porteur
de sens.
Et la découverte du sens nous ouvre trois
options: une direction (qui
nous dirige vers un but), une sensibilité (qui
nous met en contact avec le monde, notamment au travers des cinq sens) et une signification (qu’il faut déchiffrer). A
ce moment-là, nous faisons connaissance avec le sens, la nature et la valeur
des choses.
Mais attention, il ne
suffit pas de vouloir vivre au présent pour saisir le sens des choses.
Le présent n’existe qu’entre hier, qui
n’est plus, et demain, qui n’est pas encore.
Il est un trait d’union entre le passé
et l’avenir.
Prenons l’exemple du puzzle : il
y a trois sortes de pièces, celles qui sont déjà posées et assemblées,
commençant à construire et à donner un sens, celles qui sont en vrac dans la
boite et qui attendent leur tour pour participer, et celle que je tiens dans la
main, ici et maintenant, celle qui résume la situation du présent.
Peut-on limiter le puzzle à cette
pièce-là, parce qu’elle représente l’instant présent ?
Le présent n’existe pas réellement,
c’est un concept intellectuel s’inscrivant dans un temps linéaire. Le seul fait
d’en prendre conscience l’inscrit déjà dans le passé ; le présent est du
domaine de l’éphémère.
Peut-on vivre dans
l’instantanéité ? Peut-on arrêter le temps ?
Cela relève de l’illusion.
Certes, dans la concentration ou la
méditation, on se polarise sur l’instant présent, mais c’est pour le quitter au
plus vite pour atteindre un ailleurs, hors du temps, pour s’offrir un accès à
une autre dimension.
Cette pleine conscience a pour but de centrer l'individu sur le moment présent,
en privilégiant et développant l’attention et les perceptions sensorielles. Par
contre, cette technique ne s’inscrit pas dans la durée sinon le sujet perd
rapidement la notion du temps pour se retrouver dans le rêve éveillé, avec un
cortège d’imagerie mentale qui n’a plus rien à voir avec la réalité du présent.
Ne vivre qu’au présent relève
davantage du précepte intellectuel, ou
pseudo-spirituel, que d’une attitude empirique authentique; on est dans
l’artifice sans bénéfice réel pour l’individu.
Il nous faut voir au-delà des formes
matérielles pour saisir l’essence des choses et entrer en contact avec leur
principe vital; c’est-à-dire apprendre à activer la vision ethérique qui permet
de visualiser les énergies en adaptant nos vibrations à ce plan plus subtil.
La perception régulière des auras est
la preuve que notre vision des énergies fonctionne. L'aura est un champ électromagnétique qui entoure chaque
créature vivante et révèle son identité profonde.
Percevoir l'aura permet de découvrir
la réalité au-delà des apparences immédiates et d’échapper à la chape
matérialiste qui nous est imposée par la société actuelle.
Y avoir recours régulièrement permet
de retrouver le sens réel des choses et d’obtenir progressivement la clé de la
connaissance spirituelle en éveillant pleinement l’esprit.
« Le cerveau fonctionne en se spécialisant dans
la fragmentation, dans des activités qui l’isolent dans le champ limité du
temps. Il est incapable de voir la totalité de la vie ; aussi éduqué
soit-il, le cerveau n’est qu’une partie et non l’ensemble.
Seul l’esprit voit la totalité et dans son domaine
est inclus le cerveau ; celui-ci, quoiqu’il fasse, ne peut contenir
l’esprit.
Pour voir totalement, le cerveau doit se trouver en
état de négation. La négation n’est pas l’opposé de l’affirmation ; tous
les opposés sont reliés entre eux. La négation n’a pas d’opposé. Pour que la
vision soit totale, il faut que le cerveau soit en état de négation
absolue ; il ne doit pas intervenir par ses évaluations, justifications, condamnations
et défenses. Il faut qu’il soit silence, sans aucune contrainte, laquelle
ferait de lui un cerveau mort, uniquement capable d’imiter et de se conformer.
C’est en état de négation qu’il se trouve dans une
immobilité sans choix. C’est alors seulement que se produit la vision totale.
L’esprit est alors pleinement éveillé et cet état ne comporte ni observateur ni
observé, mais seulement lumière, clarté. La contradiction et le conflit entre
penseur et pensée prennent fin. »
Carnets de Jiddu Krishnamurti
(pages 192 et 193)
25 septembre 1961
Editions du Rocher (1976)
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