mercredi 8 mai 2019

Je suis l’autre



Salvador Dali - Galatea des Sphères, 1952


«Ma présence n’est pas ici. Je suis habillé de moi-même.»
Paul Eluard


Je suis l’autre


La singularité est le symptôme de la spiritualité. Ce qui nous est propre et unique est frappé au sceau du spirituel ; lové en nous il ne demande qu’à éclore. Il faut chercher au-delà de l’apparence, qui n’est que leurre et illusion, le réel « je suis ».

« Chaque être humain possède un visage intérieur, différent de celui qu’il présente chaque jour à la vue des autres, et ce visage se modifie continuellement, car il dépend étroitement de sa vie psychique. C’est ce visage intérieur qu’il doit chaque jour sculpter, éclairer par ses sentiments et ses pensées les plus nobles, afin qu’il imprègne et modèle un jour son visage physique. »
Omraam Mikhaël Aïvanhov

« L’autre », c’est l’âme, ce dieu tombé qui se souvient des cieux, incarcéré dans sa prison de chair. Dis-moi ce que tu cherches et je te dirai qui tu es ; il faut devenir plus contemplatif qu’actif, chercher le toujours dans l’aujourd’hui,  chercher le pérenne dans l’éphémère pour révéler en soi-même toute sa potentialité spirituelle. C’est bien là notre mission secrète, supprimer le cours du temps en touchant à l’absolu, tomber le masque pour retrouver notre autre en le libérant.



« Alors le chercheur veut faire entrer ce feu, cette vérité ardente dans chaque instant et dans chaque geste, dans son sommeil et dans ses jours, dans son mal et dans son bien, dans toute la vie, et que tout soit purifié, dévoré par ce feu, que quelque chose d’autre naisse enfin, une vie plus vraie, un être plus vrai. Il entre sur la voie du surhomme. Alors le chercheur veut faire entrer ce feu dans sa substance et dans son corps, il veut que sa matière reflète la Vérité, incarne la Vérité, il veut que ça rayonne dehors comme au-dedans.
………………
Il entre sur la voie de l’être supramental. Car en vérité ce moi de feu qui grandit, ce corps ardent qui ressemble de plus en plus à notre archétype divin, à notre frère de lumière sur les hauteurs, qui semble nous déborder de toutes parts et même rayonner autour dans une vibration déjà orange, est le corps même qui formera l’être supramental.
 C’est la prochaine substance de la terre: « plus dure que le diamant, et pourtant plus fluide qu’un gaz ». C’est la condensation de la grande Énergie avant qu’elle se transforme en matière. »
Satprem
 Extrait de la Genèse du Surhomme

N’avez-vous jamais remarqué, lorsque vous faites le calme en vous, et que la concentration s’installe, qu’alors un changement s’opère au sein de votre personnalité. Il est du à un relâchement de votre vigilance qui vous transforme en observateur en lieu et place de l’acteur que vous êtes au quotidien.
Vous n’êtes plus en attente mais seulement présent à vous-même, et ceci ouvre la porte à l’autre.


La voie de l'âme se dévoile à celui qui la cherche. Prendre conscience de ce cheminement existentiel permet de se mettre en marche vers soi. À partir du moment où j’ai compris qui je n’étais pas ce que je pensais être, ma vision de moi-même s’est affranchie de ses limites. Tout commence en se posant la question : Qui est l’autre ?

« L’homme est une étroite passerelle, un appel qui grandit »
Sri Aurobindo


Une idée terrible me vint :
L’homme est double, me dis-je.
« Je sens deux hommes en moi », a écrit un Père de l’Église. Il y a en tout homme un spectateur et un acteur, celui qui parle et celui qui répond. Les Orientaux ont vu là deux ennemis : le bon et le mauvais génie.
Suis-je le bon ? suis-je le mauvais ? me disais-je.
 En tout cas, l’autre m’est hostile… »

Gérard de Nerval in Aurélia