Georges
Rodenbach
« Les yeux sont les fenêtres de l’âme. »
Georges Rodenbach, né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris, est un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle.
Belge, Georges Rodenbach est l'un des
membres les plus originaux d'un mouvement symboliste qui a su garder son
autonomie par rapport à l'école française. Venu à Paris en 1876, il reste
cependant le poète de Bruges où il est né.
En 1896, il
publie Les Vies encloses, recueil de poèmes inspiré par l'occultisme (Novalis) et le romantisme allemands.
Les
profondeurs de l'âme
Nous ne savons de notre âme que ce que
sait
De la mer un enfant, qui joue avec la
vague !
Il suit au loin, dans la brume qui les
élague,
Les vaisseaux que tantôt leur ombre
devançait.
Nous ne savons de notre âme que la pointe
de l'iceberg
Enormes blocs de glace nés dans la
préhistoire
Dont la masse sournoise causa le
désespoir
De ceux qui n'ont rien vu, du haut de la
grande vergue !
Ah ! plonger dans la mer, savoir tout de
l'abîme :
Les monstres, les coraux, tant de trésors
sombrés !
Et les zones du fond, vertes comme des
prés.
Ce qu'on voyait de la surface, est si
minime !
Et plonger dans notre âme : elle est un
gouffre aussi !
Pour voir les rêves nus, le combat des
pensées,
Et les projets qui sont des perles
nuancées,
Tout le Moi sous-marin dans le cerveau
transi.
Pour le plongeur de l'âme, y a-t-il une
cloche ?
Ah Oui ! Descendre au fond de son propre
destin,
Savoir ce qui se passe en cette mer sans
fin,
Et démêler tout ce varech qui s'effiloche
!
Mais cette vie en profondeur nous
l'ignorons,
Ne voyant de notre âme - que l'eau de la
surface
Comme l'eau de mer qu'un enfant dans le
sable transvase,
Croyant vider la mer... de ses petites
mains rondes !
Je rêve de plonger jusqu’au fond de mon
âme
Où des rêves sombrés ont perdu leur trésor;
Je soupçonne qu’il y a là des bagues d’or
Et des lingots à faire fondre dans la flamme
Pour y couler mon effigie ainsi qu’un roi.
Mais à quoi bon descendre en l’âme sous-marine ?
Surtout ne soyons pas le plongeur qui s’obstine;
Laissons plutôt cette richesse sans emploi,
Car les profondes eaux de l’âme sont perfides !
Peut-être bien qu’au fond du cristal reculé
Je trouverais la coupe du roi de Thulé…
Mais quel émoi si je revenais les mains vides !
Où des rêves sombrés ont perdu leur trésor;
Je soupçonne qu’il y a là des bagues d’or
Et des lingots à faire fondre dans la flamme
Pour y couler mon effigie ainsi qu’un roi.
Mais à quoi bon descendre en l’âme sous-marine ?
Surtout ne soyons pas le plongeur qui s’obstine;
Laissons plutôt cette richesse sans emploi,
Car les profondes eaux de l’âme sont perfides !
Peut-être bien qu’au fond du cristal reculé
Je trouverais la coupe du roi de Thulé…
Mais quel émoi si je revenais les mains vides !
(Les vies encloses)
« L’œil, appelé fenêtre de l’âme,
est la principale voie par où notre intellect peut apprécier pleinement et magnifiquement
l’œuvre infinie de la nature. »
Léonard de Vinci (1452 – 1519)
« Car si le visage est le miroir de
l'âme, les yeux en sont les interprètes. »
Cicéron (106 av. J.-C. - 43 av. J.-C)
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