dimanche 4 décembre 2011

Courir plus vite que son ombre

« Visions simultanées » par Umberto Boccioni

Courir plus vite que son ombre

« Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même. »
         Montaigne

« Je suis fils de l'homme et de la femme, d'après ce qu'on m'a dit. Ça m'étonne... Je croyais être d'avantage. »
Lautréamont


Bien sûr que non, qui le pourrait ; il faudrait, pour ce faire, séparer le réel de l’illusion. Et, pour y arriver, il faudrait déjà être capable de reconnaître ce qui est du domaine de la réalité et ce qui relève de l’illusion, c’est-à-dire tout ce qui a l’apparence de l’être sans en avoir l’essence.

J’ai essayé de travailler là-dessus, de confronter l’intangible au réel.
Au début de cette expérience, je suis arrivé à obtenir des sensations bizarres où j’avais l’impression passagère d’être en décalage avec moi-même. Je veux dire que mon enveloppe énergétique, habituellement imbriquée à mon corps physique, semblait s’en séparer légèrement ; c’est un phénomène curieux qui se traduit par une sensation d’allègement pondéral, de flottement, un peu comme lorsqu’on a « les jambes en coton, avec cette impression que la structure qui soutient et anime l’ensemble n’est plus là. Difficile à expliquer, c’est plus de l’ordre du ressenti.

En poussant plus loin l’expérience, on découvre des horizons nouveaux avec l’arrivée d’images ayant cette faculté surprenante de provoquer un dédoublement, permettant de vivre en même temps deux présents simultanés où je suis à la fois celui qui regarde et celui qui est vu.
Kaléidoscope de visions simultanées où je me découvre dans des ailleurs où j’évolue, parallèlement et secrètement, à l’instar de mon existence physique actuelle.
Difficile de s’y retrouver tant notre logique cartésienne semble être passée à la trappe, elle et tous nos repères vitaux essentiels.

Dans cette superposition de visions, il semble que chacune soit l’illustration d’une des facettes de notre être spirituel, au-delà de toute contingence matérielle habituelle, devenue soudain totalement aléatoire. Car chaque vision reflète une incarnation qui n’a, elle-même, de sens que dans son intégration à un ensemble de vies qui participent toutes, conjointement, à notre progression spirituelle.
En fait, nous ne sommes que des éléments partiels d’un puzzle existentiel qui n’a d’existence réelle et significative que dans sa globalité, la partie n’en étant qu’un élément nécessaire mais non suffisant.
L’être correspond à une notion holistique, à un hologramme où la partie participe à un tout qui la dépasse et l’exalte.

Y a-t-il un ordre intrinsèque dans ces différentes manifestations existentielles ?
Sans doute, mais je dois avouer qu’il m’échappe totalement ; il semble que toutes ces expériences incarnées le soient à la demande de notre Soi supérieur qui réalise ainsi sa progression dans l’évolution.
Tout ça nous passe un peu, même beaucoup, au-dessus de la tête, et parfois même j’en suis réduit à me demander si je ne suis pas dans le rêve éveillé au lieu d’avoir les pieds sur terre ; et voilà que, comme pour me rassurer, apparaissent sur de vieilles photos, en surimpression, des personnages aperçus dans mes diverses visions, qui persistent dans le temps, preuves indélébiles que je n’ai pas rêvé…

Alors, pourra-t-on un jour courir plus vite que son ombre ? Peut-être que c’est déjà arrivé ! Je crois que, cette fois, j’ai dépassé mon ombre…

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