samedi 28 janvier 2012

La cohésion de soi


« L'âme captive » (Soul in bondage) par Elihu Vedder

 « La vie n'est qu'un fantôme errant, un pauvre comédien qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus ; c'est une histoire dite par un idiot, pleine de fureur et de bruit, et qui ne signifie rien… »
William Shakespeare - Macbeth (acte V, scène 5) 

 « Qui ne s’interroge pas est une bête, car le souci constitutif de toute vie humaine est celui de son sens. »
Arthur Schopenhauer

La cohésion de soi

La plupart des spiritualités cherchent une libération de l'âme prisonnière de la matière ; chacune propose sa voie, soit dans le cadre des religions, soit dans la quête initiatique.
Il n’y a que deux voies en fait, qui se déclinent en une pluralité de chemins.
L’une est la voie de la croyance, de l’adhésion à un système de valeurs codifiées dans des dogmes, c’est le mysticisme. L’autre est la voie de la connaissance, la recherche d’une tradition initiatique, c’est la gnose.

Je ne parlerai pas ici des religions que je ne pratique pas mais de la gnose qui est fondée sur la connaissance de soi, sur un travail intérieur personnel qui, à terme, doit devenir libératoire.
Il est impératif dans cette démarche de recherche et d’action de trouver le sens de la vie, puis de progresser, de façon constante et régulière, sur un chemin qui se découvrira, au fur et à mesure de notre avancée.

Trouver le sens de la vie, comme le terme l’implique, c’est découvrir la signification et la direction de notre existence.

Commençons donc par la signification ; J. Krishnamurti nous dit : « Nous aurons à découvrir la signification de la vie, ne lui accordant pas seulement une portée intellectuelle, mais en regardant ce que cela signifie que de vivre. Nous devrons aussi approfondir la question de savoir ce que c’est que l’amour, et ce que cela signifie de mourir. Ces choses doivent être examinées au niveau du conscient et dans les recoins les plus profonds, les plus cachés de l’esprit.»
C’est en conscience que nous devons travailler à résoudre cette énigme ; nous devons tout d’abord nous servir de l’outil de l’intellect, pour repérer et identifier, puis passer au niveau spirituel, pour saisir le sens par l’intuition.
Faire très attention : l’intellectuel sans le spirituel reste superficiel ; on reste alors dans le monde de l’ego sans pouvoir atteindre l’âme.

Dans le même temps, car les choses ne sont pas séparées, nous travaillons sur la direction à adopter ; ici, c’est une notion de mouvement, de dynamique, qui est abordée. Il faut se mettre en marche, il faut agir et prendre le chemin spirituel.

C’est à partir de là qu’intervient la cohésion de soi qui est nécessaire à la réussite de la démarche. Nous devons respecter une harmonie et une justesse dans notre comportement pour pouvoir accéder avec succès au terme de notre quête.

Cette cohésion de soi se décline dans le triptyque suivant :
Penser juste
Dire vrai
Faire bien

Il doit y avoir une continuité sans faille entre ces trois étapes, dans l’équilibre et avec une solidarité totale ; le seul manquement à l’un compromet la réussite du tout.
Penser juste est l’étape la plus difficile à franchir ; c’est elle qui inaugure le périple et il faut absolument que la pensée soit dans le bon axe pour ne pas hypothéquer toute perspective de réussite.  Penser juste, c'est penser à la chose telle qu'elle est, dans son essence même, et non à l'image que nous nous en faisons, c’est-à-dire à percevoir l’éclat fulgurant de l’âme, en toute conscience, avant que l’ego ne se l’approprie et la transforme en illusion d’optique.

Si la pensée n’est pas pure, elle ne peut plus être juste, et pour qu’elle soit dans la justesse, il faut également qu’elle génère une valeur de détachement, d’objectivité, d’équilibre, d’altruisme qui la mette à l’abri de toute velléité de récupération égoïste ou utilitaire.

La deuxième étape du dire vrai concerne l’extériorisation par la parole et doit porter témoignage de l’intégrité de la pensée initiale sans transformation, sans mise en scène risquant de dénaturer le sens au profit du paraître. Le dire vrai, c’est l’hommage rendu en permanence à la vérité, et rien qu’à la vérité.
« La Vérité vous rendra libres » (Jean 8/32) en ce qu’elle réalise la responsabilité qui est qui est le bras armé de la liberté.

Enfin, la troisième étape consacre l’action, le faire, ce qui porte création et transforme le projet en œuvre. Et s’il est vrai qu’on reconnait l’arbre à ses fruits, c’est à ses actions qu’on reconnaîtra toujours l’honnête homme, en tant qu’être social, et l’être spirituel, au-delà. Sans jamais rien concéder à la compromission, à la corruption ou au déjugement de soi, le faire bien doit consolider et aboutir la ligne droite tracée depuis le penser juste et le dire vrai.

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