samedi 28 janvier 2012

Ainsi parlait Fernando Pessoa


Fernando António Nogueira Pessoanote est un écrivain, critique, polémiste et poète portugais, né le 13 juin 1888 à Lisbonne, ville où il meurt des suites de son alcoolisme le 30 novembre 1935 ; il a vécu un cinquième de sa vie en Afrique du Sud.
Théoricien de la littérature engagé dans une époque troublée par la guerre et les dictatures, ses vers mystiques et sa prose poétique ont été les principaux agents du surgissement du modernisme au Portugal.

« Les choses n'ont pas de signification : elles ont une existence.  »
« C'est l'amour qui est essentiel, le sexe n'est qu'un accident.  »
« Un Dieu naît. D'autres meurent. La vérité n'est ni venue ni partie : l'Erreur seule a changé.  »
« Toute la création est fiction et illusion. La matière est une illusion pour la pensée ; la pensée est une illusion pour l'intuition ; l'intuition est une illusion pour l'idée pure ; l'idée pure est une illusion pour l'être. Dieu est le mensonge suprême.  »
« Nous avons tous deux vies : la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ; la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l'utile, celle où l'on finit par nous mettre au cercueil. »

Initiation 
Tu ne dors pas sous les cyprès
car il n’est de sommeil en ce monde…
Le corps est l’ombre des vêtements
qui dissimulent ton être profond.
Vient cette nuit qu’est la mort,
et l’ombre s’achève sans avoir été.
Tu vas dans la nuit, simple silhouette,
Égal à toi contre ton gré.
Mais à l’Hôtellerie de l’Épouvante
les Anges t’arrachent ton manteau.
Tu poursuis sans manteau sur l’épaule
avec le peu qui te protège.
Lors les Archanges du Chemin
te dépouillent et te laissent nu.
Tu n’as plus ni vêtements ni rien :
tu n’as que ton corps, qui est toi.
Enfin, dans la profonde caverne,
les Dieux te dépouillent plus avant.
Cesse ton corps, âme externe,
Mais en eux tu vois tes égaux.
Le Sort n’a laissé parmi nous
que l’ombre de tes vêtements.
Tu n’es pas mort sous les cyprès.
Néophyte, il n’est point de mort.
***
 Traduction d’Armand Guibert

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