vendredi 31 août 2018

Ainsi parlait Antonio Machado





Antonio Machado, né le 26 juillet 1875 à Séville (Andalousie) et mort le 22 février 1939 à Collioure (Pyrénées-Orientales, France), est un poète espagnol. Il est l'une des figures du mouvement littéraire espagnol connu sous le nom de Génération de 98. Il mélange la rêverie mélancolique et raffinée à l'inspiration terrienne.

Après une enfance passée à Séville, il s’installe à Madrid avec sa famille en 1883. Haut représentant de la « génération de 98 », il est élu à l’Académie espagnole en 1927. Au début de la guerre civile, il abandonne Madrid pour se réfugier avec sa mère et d’autres membres de sa famille à Rocafort, puis à Barcelone. En 1939, il entreprendra le chemin de l’exil, mais la mort le surprendra à Collioure.


Il n’y a pas de chemin …

Tout passe et tout reste,
mais nous, nous devons passer,
passer en marchant,
en marchant sur la mer.

Je n’ai jamais couru après la gloire,
ni voulu ancrer dans la mémoire
des hommes ma chanson ;
moi j’aime les mondes subtils,
légers et gentils,
où flottent des bulles de savon.

J’aime les voir se peindre
de soleil et de rouge écarlate, voler
sous le ciel bleu, trembler
subitement et se casser…

Je n’ai jamais couru après la gloire.

Marcheur, seules tes traces de pas
et le chemin comptent ;
marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant.

En marchant se fait le chemin,
et en regardant derrière,
on voit le sentier
sur lequel on ne posera plus jamais le pied.

Marcheur, il n’y a pas de chemin,
seulement ton sillage dans la mer…

Il y a longtemps, en ce lieu
où aujourd’hui les bois s’arment d’épines,
on entendit la voix d’un poète crier
« Marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers…

Le poète mourut loin de chez lui.
La poussière d’un pays voisin le recouvrit.
En s’éloignant, on le vit pleurer.
« Marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers…

Quand le chardonneret ne peut pas chanter.
Quand le poète est pèlerin,
quand rien ne sert de prier.
« Marcheur, il n’y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers.

Antonio Machado




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