Antonio Machado, né le 26
juillet 1875 à Séville (Andalousie) et mort le 22 février 1939 à Collioure
(Pyrénées-Orientales, France), est un poète espagnol. Il est l'une des figures
du mouvement littéraire espagnol connu sous le nom de Génération de 98. Il
mélange la rêverie mélancolique et raffinée à l'inspiration terrienne.
Après une enfance passée à
Séville, il s’installe à Madrid avec sa famille en 1883. Haut représentant de
la « génération de 98 », il est élu à l’Académie espagnole en 1927. Au début de
la guerre civile, il abandonne Madrid pour se réfugier avec sa mère et d’autres
membres de sa famille à Rocafort, puis à Barcelone. En 1939, il entreprendra le
chemin de l’exil, mais la mort le surprendra à Collioure.
Il n’y a pas de chemin …
Tout passe et tout reste,
Tout passe et tout reste,
mais nous, nous devons
passer,
passer en marchant,
en marchant sur la mer.
Je n’ai jamais couru
après la gloire,
ni voulu ancrer dans la
mémoire
des hommes ma chanson ;
moi j’aime les mondes
subtils,
légers et gentils,
où flottent des bulles
de savon.
J’aime les voir se
peindre
de soleil et de rouge
écarlate, voler
sous le ciel bleu,
trembler
subitement et se casser…
Je n’ai jamais couru
après la gloire.
Marcheur, seules tes
traces de pas
et le chemin comptent ;
marcheur, il n’y a pas
de chemin,
le chemin se fait en
marchant.
En marchant se fait le
chemin,
et en regardant
derrière,
on voit le sentier
sur lequel on ne posera
plus jamais le pied.
Marcheur, il n’y a pas
de chemin,
seulement ton sillage
dans la mer…
Il y a longtemps, en ce
lieu
où aujourd’hui les bois
s’arment d’épines,
on entendit la voix d’un
poète crier
« Marcheur, il n’y a pas
de chemin,
le chemin se fait en
marchant… »
Coup après coup, vers
après vers…
Le poète mourut loin de
chez lui.
La poussière d’un pays
voisin le recouvrit.
En s’éloignant, on le
vit pleurer.
« Marcheur, il n’y a pas
de chemin,
le chemin se fait en
marchant… »
Coup après coup, vers
après vers…
Quand le chardonneret ne
peut pas chanter.
Quand le poète est
pèlerin,
quand rien ne sert de
prier.
« Marcheur, il n’y a pas
de chemin,
le chemin se fait en
marchant… »
Coup après coup, vers
après vers.
Antonio Machado
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