jeudi 23 décembre 2010

Les émotions négatives


Les émotions négatives

Boris Mouravieff : « Gnôsis »


"Ainsi que nous l’avons déjà souligné, les émotions négatives naissent, croissent et se développent sur la base de l’Amour. Ce fait semble paradoxal. Que les émotions positives naissent de l’Amour se conçoit facilement.
Mais il semble difficile d’admettre que l’Amour se révèle comme le fondement constant des émotions négatives, lorsqu’on analyse les éléments qui les composent, comme on le ferait dans une analyse chimique."



Un redressement énergique est indispensable pour celui qui s’engage sérieusement dans le travail ésotérique dont le but — nous le savons — est la croissance complète et le développement de la Personnalité, poussée jusqu’à la deuxième Naissance. Nous sommes ainsi amenés à considérer le grand problème de la pratique ésotérique, aussi important dans la vie extérieure que dans la vie intérieure : celui des émotions négatives.

Nous avons indiqué plus d’une fois que ces émotions sont le moyen par lequel la grande force destructrice agit dans l’homme. Il n’est pas exagéré de dire que les émotions négatives constituent le facteur principal du vieillissement, puis de la mort, généralement prématurés des êtres humains. Lutter contre le vieillissement et contre la mort consiste donc surtout à combattre en soi les émotions négatives. Ce postulat peut étonner; il surprendra davantage encore si nous ajoutons que ces mêmes émotions, si nocives, peuvent devenir une source abondante d’énergies fines et actives dont la présence est nécessaire au développement de la Personnalité, lorsqu’elles sont traitées selon des règles précises, fondées sur une discipline psychique rigoureuse.

II faut déjà être préparé par l’étude théorique et pratique de la science ésotérique pour saisir correctement et bien comprendre la doctrine des émotions négatives que nous allons exposer maintenant.

Il importe d’abord de se pénétrer de la notion fondamentale que la Foi, l’Espérance et la Connaissance (Gnôsis) sont les étapes consécutives de la Révélation progressive de l’Amour, et que le défaut ou la carence de révélation à l’étape précédente interdisent l’accès à la révélation de l’étape suivante. Ainsi, sans la Foi au cœur, il est impossible d’atteindre, au sens ésotérique, l’Espérance. Et sans l’une ni l’autre, on ne parvient jamais à Gnôsis, la connaissance vivante qui donne accès à l’Amour.

Le langage imagé de la Tradition appelle la triade : Foi, Espérance, Connaissance : l’Epée à triple tranchant, ou encore la Lame triangulaire.

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Or, toutes les émotions humaines, de quelque nature qu’elles soient, négatives ou positives, et bien que naissant de différents mouvements psychiques, ont à la base un seul et même mouvement de l’âme. Si paradoxal que cela puisse paraître, cette base unique sur laquelle viennent se greffer les émotions positives ou négatives dans toutes leurs variations est l’amour. Pour préciser encore, disons qu’il n’existe en fait qu’une seule et unique émotion pure; et cette émotion, dans sa limpide pureté, est, comme nous venons de le dire, l’Amour.

Toutes les émotions et sentiments divers que l’homme éprouve sont composites; leurs éléments, en se mêlant à l’Amour pur, le troublent : celui-ci en effet a la capacité d’absorber et de dissoudre en lui les considérations, attitudes, passions, impulsions, etc., tout comme l’eau chimiquement pure a la faculté d’absorber et de dissoudre en elle des sels de nature différente. Il en résulte que la variété des sentiments humains, dans toute sa diversité, est fonction, en chaque cas particulier, à la fois quantitativement et qualitativement de mélanges ajoutés à l’Amour pur, dans lequel ils sont dissous.

L’organe qui permet à l’homme de ressentir cette émotion pure et unique, l’Amour, est le centre émotif supérieur. C’est pourquoi l’Apôtre saint Paul, s’adressant aux disciples et non pas au commun des hommes, donna ce précepte célèbre dans la Tradition ésotérique : cherchez à atteindre l’Amour. Le lecteur peut maintenant mieux comprendre de quel Amour parle l’Apôtre, quel est le sens du contexte de cette maxime, et pourquoi, aussitôt après, il passe au problème des dons spirituels.

Il est évident que l’homme extérieur ne connaît pas l’Amour dans sa pureté divine et ne peut en avoir aucune notion, même approximative. Les disciples avancés qui gravissent les marches de l’Escalier sont encore éloignés de connaître cette émotion dans toute son ampleur.

 Car le Moi de la Personnalité, avec ses trois centres inférieurs, ne possède pas d’organe qui lui permette de l’éprouver. Pouvoir ressentir cette émotion est l’apanage du Moi réel, qui s’exprime dans l’Individualité, formée à la deuxième Naissance.

Cette situation est comparable à celle de l’enfant : celui-ci ne s’attache à sa mère qu’après la naissance physique, lorsqu’il en a été séparé.



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