samedi 9 avril 2011

Morceaux choisis - Rainer Maria Rilke



Rainer Maria Rilke

« Ce qui est nécessaire, c’est seulement ceci : la solitude, la grande solitude intérieure. Pénétrer en soi-même et ne voir personne durant des heures, voilà ce à quoi il faut être capable de parvenir. Etre seul comme on était seul, enfant. »

«Je vous prie d’être patient à l'égard de tout ce qui dans votre cœur est encore irrésolu, et de tenter d'aimer les questions elles-mêmes comme des pièces closes et comme des livres écrits dans une langue fort étrangère.

Ne cherchez pas pour l'instant des réponses, qui ne sauraient vous être données; car vous ne seriez pas en mesure de les vivre.
Or, il s'agit précisément de tout vivre.
Vivez maintenant les questions. Peut-être en viendrez-vous à vivre peu à peu, sans vous en rendre compte, un jour lointain, l'entrée dans la réponse.»
 « Les gens ont l’habitude (grâce aux conventions) de chercher à tout des solutions faciles en choisissant, dans la facilité, ce qui coûte le moins de peine ; or il est clair que nous devons nous en tenir à ce qui est difficile. […] il est bon d’être seul, car la solitude est difficile ; et le fait que quelque chose soit difficile doit nous être une raison supplémentaire de le faire. Aimer est aussi une bonne chose, car l’amour est difficile. »
« S’il nous était possible de voir au-delà des limites où s’étend notre savoir, et encore un peu plus loin au-delà des contreforts de nos intuitions, peut-être alors supporterions-nous nos tristesses avec plus de confiance que nos joies. »
« Ce n’est pas, en effet, la paresse seule qui est responsable du fait que les rapports humains se répètent sans innovation et de manière si indiciblement monotone ; c’est plutôt la crainte d’une quelconque expérience inédite et imprévisible qu’on s’imagine ne pas être de taille à éprouver. »
« Voilà pourquoi il est si important d’être solitaire et attentif lorsqu’on est triste: l’instant apparemment immobile où, semble-t-il, rien ne se passe, cet instant où l’avenir pénètre en nous est en effet beaucoup plus proche de la vie que cet autre moment arbitraire et patent où l’avenir nous arrive pour ainsi dire de l’extérieur. »
« Ne croyez pas que celui qui cherche à vous réconfortez vit sans difficulté parmi les mots simples et tranquilles qui, parfois, vous font du bien. Sa vie est pleine de peine et de tristesse, et reste très en deçà de la vôtre. S’il en était autrement, il n’eût jamais su trouver ces mots. »

Lettres à un jeune poète
 (extraits)

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