mercredi 29 février 2012

La peur du vide


« Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux, de n'y point penser.»
Pascal


La peur du vide

Avez-vous remarqué comme chacun s’occupe, s’affaire à meubler son existence de bric et de broc, comme pour combler un vide, un vide intérieur qui n’est que le reflet d’un néant existentiel. L’homme a horreur du vide: il passe sa vie à essayer de combler ce vide intérieur, à s’étourdir, à se donner des images pour échapper à cette réalité décapante de son manque d’être.
Tous ces gens qui courent d’activités en activités, de rencontres en réunions, de spectacles en conférences, de sports en loisirs organisés, et toujours en groupe par respect pour l’instinct grégaire primaire, n’ont qu’une obsession, en fait, une fuite en avant pour ne pas rester seuls, en tête à tête avec eux-mêmes, pour ne pas affronter ce vide qui les ronge et les mine, intégralement et sans répit.
Cette stratégie d'évitement, que Pascal appelle le «divertissement», concerne tout ce que l'homme pratique pour échapper à cette hantise obsessionnelle du néant, allant des habitudes aux addictions, de la satisfaction des pulsions aux déviances pathologiques, pour finir par la soumission à des hiérarchies de l’ombre.
Incapable de combler son vide intérieur, il ne sait que se réfugier dans l’extériorité pour bâtir une illusion qui lui semble libératrice.
Or, il est dans l’erreur la plus profonde et la plus grave, dans la mesure où non seulement cette attitude est illusoire mais où, en fait, elle le condamne irrémédiablement et sans aucun espoir de retour possible.
Que l’être humain ait pris conscience de ses limites est tout à fait normal puisque c’est l’apanage de l’être pensant qui, à la différence de l’animal, est conscient de sa future disparition. Que cette prise de conscience le mette mal à l’aise est tout aussi compréhensible, et qu’il cherche une solution pour y échapper parfaitement légitime.
En fait, c’est un besoin impérieux de trouver une réponse à ce problème existentiel réel, mais certainement pas en se réfugiant dans la fuite, en s’étourdissant dans des activités qui le bernent totalement.
La seule solution est intérieure et consiste à comprendre la cause de notre présence actuelle ici-même et du temps limité de notre passage ici-bas. Ce n’est que si nous cherchons que nous comprendrons, ce n’est qu’en posant des questions que nous obtiendrons des réponses. Ce n’est qu’en se mettant lui-même au centre de ses investigations qu’il pourra comprendre qui il est et quel est le sens de sa vie.
A partir de ce moment-là, il pourra combler ce vide intérieur en découvrant tout le potentiel dont il dispose et qui ne demande qu’à être activé ; à ce moment-là, il n’aura plus peur de lui puisqu’il sera réconcilié avec lui-même.
Et dès lors, il comprendra, ou il se souviendra, que la naissance correspond à une mise en sommeil provisoire de notre entité spirituelle lors de son incarnation et que la mort n’est qu’une renaissance spirituelle après avoir réalisé les expériences pour lesquelles nous sommes venus.
En fait, le vide n’existe pas et il est donc vain d’en avoir peur.

« La plupart des luxes et nombre de conforts de la vie non seulement ne sont pas indispensables mais ils constituent d'authentiques entraves à l'élévation de l'humanité.  Il ne faut pas d'argent pour acheter ce qui est nécessaire à l'âme. Ce n'est pas dans la société qu'il faut chercher la santé mais dans la nature. »
David Henri Thoreau

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