Karl von
Eckartshausen
Karl von Eckartshausen, écrivain et
philosophe allemand, né au château d'Haimhausen en Bavière, 1752,
mort à Munich en 1803.
II a publié un grand
nombre d'écrits : les plus connus sont un 'Traité de la Création et un petit livre de théologie
mystique intitulé : Dieu
est l'amour le plus pur, 1790.
Cet ouvrage, qui sous une forme chrétienne cache un pur déisme, eut un grand succès au xixe siècle en Allemagne ; il a été traduit dans presque
toutes les langues, notamment en français par Gosvin-Joseph-Augustin de Stassart. Il fut
membre des Illuminés de Bavière.
«
Chercher par soi-même ou être conduit sont deux choses totalement différentes.
»
« Plusieurs forces peuvent dormir en nous pour
lesquelles nous n'avons point d'organes, et qui par conséquent ne peuvent pas
agir. »
« La vérité absolue n'existe pas pour l'homme
des sens, elle n'existe que pour l'homme intérieur et spirituel seul, qui
possède un sensorium propre ; ou, pour dire plus ponctuellement, qui possède un
sens intérieur pour percevoir la vérité absolue du monde transcendantal ; un
sens spirituel qui perçoit les objets spirituels aussi naturellement en
objectivité, que le sens extérieur perçoit les objets extérieurs.
Ce sens
intérieur de l'homme spirituel, ce sensorium d'un monde métaphysique, n'est
malheureusement pas encore connu de ceux qui sont dehors, et c'est un mystère
du royaume de Dieu. »
« Homme naturel !... renonce à tes dernières forces,
ton combat même annonce la nature supérieure qui sommeille en toi... Tu
pressens ta dignité, tu la sens même; mais tout est encore obscur autour de
toi, et la lampe de ta faible raison n'est pas suffisante pour éclairer les
objets auxquels tu devrais tendre »
« C'est ainsi que deux natures contradictoires sont
renfermées dans le même homme. La substance destructible nous lie toujours au
sensible ; la substance indestructible cherche à se délivrer des chaînes
sensibles et cherche la sublimité de l'esprit. (...) On doit chercher la cause
fondamentale de la corruption humaine dans la matière corruptible de laquelle
les hommes sont formés. Cette matière grossière opprime en nous l'action du
principe transcendantal et spirituel, et cela est la vraie cause de
l'aveuglement de notre entendement et des erreurs de notre cœur. »
« Le plus haut degré - le plus rarement atteint -
ouvre l'homme intérieur tout entier. Il nous révèle le Royaume de l'Esprit et
nous rend susceptibles d'expérimenter objectivement les réalités métaphysiques
et transcendantales ; de là, toutes visions sont expliquées fondamentalement.
Surgissant du monde corruptible où l'homme prétendait recevoir une apparence de
la lumière (souvenons-nous qu'il n'en appréhendait qu'un simple rayon), il se
positionne pour échapper à sa dégradation et ainsi connaître le monde de
l'incorruptible ».
« Avec le
développement de ce nouvel organe, le rideau est levé tout d'un coup ; le voile
impénétrable jusqu'alors est déchiré, la nuée devant le sanctuaire est
dissipée, un nouveau monde existe tout d'un coup pour nous ; les taies tombent
des yeux et nous sommes aussitôt transportés de la région des phénomènes dans
celle de la vérité »
« L'œil intérieur de l'homme, c'est la raison,
potentia hominis intellectiva, mens. Si cet œil intérieur est éclairé par la
lumière divine, alors il est le vrai soleil intérieur, par lequel tous les
objets viennent à notre connaissance. Tant que la lumière divine n'éclaire pas
cet œil, notre intérieur vit dans les ténèbres.
L'aurore de notre intérieur commence quand cette
lumière se lève. Ce soleil de l'âme éclaire notre monde intellectuel, comme le
soleil extérieur éclaire le monde extérieur. Comme, au lever du soleil
extérieur, les objets du monde sensible nous deviennent peu à peu visibles ;
ainsi, au lever du soleil spirituel, les objets intellectuels du monde
spirituel ou raisonnable viennent à notre connaissance. »
« Maintenant, de même que pour un homme qui n'a
point d'organes, point d'yeux pour la lumière, la lumière n'existe réellement
pas, lorsque cependant tous ceux qui ont cet organe en jouissent ; ainsi
beaucoup d'hommes peuvent ne pas jouir de quelque chose dont d'autres peuvent
jouir. Je veux dire qu'un homme pourrait être organisé de telle sorte qu'il
sentirait, entendrait, verrait, goûterait des choses qu'un autre ne pourrait
sentir, ni entendre, ni voir, ni goûter, parce que l'organe lui manquerait.
Ainsi, dans ce cas, toutes les explications seraient infructueuses ; car l'un
mêlerait toujours les idées qu'il aurait reçues par son organe particulier avec
les idées de l'autre, et il ne pourrait goûter et comprendre quelque chose
qu'autant que cela s'approcherait de ses propres sensations. »
« Bientôt la nuit obscure de la langue des images
disparaîtra, la lumière engendrera le jour, et la sainte obscurité des mystères
se manifestera dans l'éclat de la plus haute vérité. La lumière de la nature,
la lumière de la raison, et la lumière de la révélation s'uniront. »
« La Nuée sur le
Sanctuaire ou Quelque chose dont la philosophie orgueilleuse de notre siècle ne
se doute pas »
(1802)
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