samedi 15 décembre 2012

Ainsi parlait Karl von Eckartshausen




Karl von Eckartshausen


Karl von Eckartshausen, écrivain et philosophe allemand, né au château d'Haimhausen en Bavière, 1752, mort à Munich en 1803.
II a publié un grand nombre d'écrits : les plus connus sont un 'Traité de la Création et un petit livre de théologie mystique intitulé : Dieu est l'amour le plus pur, 1790. Cet ouvrage, qui sous une forme chrétienne cache un pur déisme, eut un grand succès au xixe siècle en Allemagne ; il a été traduit dans presque toutes les langues, notamment en français par Gosvin-Joseph-Augustin de Stassart. Il fut membre des Illuminés de Bavière.


« Chercher par soi-même ou être conduit sont deux choses totalement différentes. »

« Plusieurs forces peuvent dormir en nous pour lesquelles nous n'avons point d'organes, et qui par conséquent ne peuvent pas agir. »

« La vérité absolue n'existe pas pour l'homme des sens, elle n'existe que pour l'homme intérieur et spirituel seul, qui possède un sensorium propre ; ou, pour dire plus ponctuellement, qui possède un sens intérieur pour percevoir la vérité absolue du monde transcendantal ; un sens spirituel qui perçoit les objets spirituels aussi naturellement en objectivité, que le sens extérieur perçoit les objets extérieurs.
  Ce sens intérieur de l'homme spirituel, ce sensorium d'un monde métaphysique, n'est malheureusement pas encore connu de ceux qui sont dehors, et c'est un mystère du royaume de Dieu. »

« Homme naturel !... renonce à tes dernières forces, ton combat même annonce la nature supérieure qui sommeille en toi... Tu pressens ta dignité, tu la sens même; mais tout est encore obscur autour de toi, et la lampe de ta faible raison n'est pas suffisante pour éclairer les objets auxquels tu devrais tendre »

« C'est ainsi que deux natures contradictoires sont renfermées dans le même homme. La substance destructible nous lie toujours au sensible ; la substance indestructible cherche à se délivrer des chaînes sensibles et cherche la sublimité de l'esprit. (...) On doit chercher la cause fondamentale de la corruption humaine dans la matière corruptible de laquelle les hommes sont formés. Cette matière grossière opprime en nous l'action du principe transcendantal et spirituel, et cela est la vraie cause de l'aveuglement de notre entendement et des erreurs de notre cœur. »

« Le plus haut degré - le plus rarement atteint - ouvre l'homme intérieur tout entier. Il nous révèle le Royaume de l'Esprit et nous rend susceptibles d'expérimenter objectivement les réalités métaphysiques et transcendantales ; de là, toutes visions sont expliquées fondamentalement. Surgissant du monde corruptible où l'homme prétendait recevoir une apparence de la lumière (souvenons-nous qu'il n'en appréhendait qu'un simple rayon), il se positionne pour échapper à sa dégradation et ainsi connaître le monde de l'incorruptible ».

 « Avec le développement de ce nouvel organe, le rideau est levé tout d'un coup ; le voile impénétrable jusqu'alors est déchiré, la nuée devant le sanctuaire est dissipée, un nouveau monde existe tout d'un coup pour nous ; les taies tombent des yeux et nous sommes aussitôt transportés de la région des phénomènes dans celle de la vérité »

« L'œil intérieur de l'homme, c'est la raison, potentia hominis intellectiva, mens. Si cet œil intérieur est éclairé par la lumière divine, alors il est le vrai soleil intérieur, par lequel tous les objets viennent à notre connaissance. Tant que la lumière divine n'éclaire pas cet œil, notre intérieur vit dans les ténèbres.

L'aurore de notre intérieur commence quand cette lumière se lève. Ce soleil de l'âme éclaire notre monde intellectuel, comme le soleil extérieur éclaire le monde extérieur. Comme, au lever du soleil extérieur, les objets du monde sensible nous deviennent peu à peu visibles ; ainsi, au lever du soleil spirituel, les objets intellectuels du monde spirituel ou raisonnable viennent à notre connaissance. »

« Maintenant, de même que pour un homme qui n'a point d'organes, point d'yeux pour la lumière, la lumière n'existe réellement pas, lorsque cependant tous ceux qui ont cet organe en jouissent ; ainsi beaucoup d'hommes peuvent ne pas jouir de quelque chose dont d'autres peuvent jouir. Je veux dire qu'un homme pourrait être organisé de telle sorte qu'il sentirait, entendrait, verrait, goûterait des choses qu'un autre ne pourrait sentir, ni entendre, ni voir, ni goûter, parce que l'organe lui manquerait. Ainsi, dans ce cas, toutes les explications seraient infructueuses ; car l'un mêlerait toujours les idées qu'il aurait reçues par son organe particulier avec les idées de l'autre, et il ne pourrait goûter et comprendre quelque chose qu'autant que cela s'approcherait de ses propres sensations. »

« Bientôt la nuit obscure de la langue des images disparaîtra, la lumière engendrera le jour, et la sainte obscurité des mystères se manifestera dans l'éclat de la plus haute vérité. La lumière de la nature, la lumière de la raison, et la lumière de la révélation s'uniront. »

« La Nuée sur le Sanctuaire ou Quelque chose dont la philosophie orgueilleuse de notre siècle ne se doute pas »
(1802) 

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