vendredi 24 octobre 2014

Ainsi parlait Christiane Singer



Le sens de la vie

"Pour de nombreuses cultures, la vie déborde à tout moment de sens. Le rite relie l’homme en permanence au sens originel. Ce monde visible est la réplique mystérieuse du monde invisible. Les corrélations sont tissées dans chaque geste, dans chaque acte : manger, boire, se laver, se coucher, laver un enfant, célébrer l’union amoureuse, faire un feu, etc.… Tout est imbibé. Pas un pan d’étoffe ne reste sec. Ces cultures suintent de sens comme on dit d’un mur qu’il suinte d’humidité. L’image est juste. Il y a certes un mur dressé entre le monde visible et le monde invisible, mais ce mur laisse passer l’humidité. C’est-à-dire qu’il ne sépare pas vraiment ; il relie par la sécrétion d’un côté à l’autre."
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"La vie, appelons ainsi approximativement cette force dérangeante qui se charge, à brève ou longue échéance, de délabrer tout système, n’a cure des bonnes intentions. Non que ces intentions précitées n’aient pas été sincères, mais la vie ne les respecte pas. Dans toute croyance, dans tout principe, dans toute idéologie, elle flaire le "système", la réponse toute faite. La vie ne tolère à la longue que l’impromptu, la réactualisation permanente, le renouvellement quotidien des alliances. Elle élimine tout ce qui tend à mettre en conserve, à sauvegarder, à maintenir intact, à visser au mur".

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"Ce qui importe, c’est de remettre cet idéal chaque jour à l’épreuve de la vie, d’oser une réponse unique (surgie du riche humus de l’expérience amoncelée) à une situation unique. C’est la haute discipline à laquelle nous sommes invités chaque jour de neuf."
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"La vie n’a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire.

Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle va dans tous les sens, et déborde de sens, inonde tout. Elle fait mal aussi longtemps qu’on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre. Si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle est le sens".
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"Chaque geste que tu fais peut t’ouvrir ou te fermer une porte. Chaque mot que bredouille un inconnu peut être un message à toi adressé. A chaque instant, la porte peut s’ouvrir sur ton destin et, par les yeux de n’importe quel mendiant, il peut se faire que le ciel te regarde. L’instant où tu t’es détourné, lassé, aurait pu être celui de ton salut. Tu ne sais jamais. Chaque geste peut déplacer une étoile".
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"Nos sens, maîtres du sens, nous rendent la richesse originelle et nous délivrent du désir féroce d’avoir raison".

Christiane Singer
« Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? »

1 commentaire:

  1. Merci pour ces extraits...je ne me lasse pas de lire et relire ce livre...

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