« Si les hommes n’ont pas pour
unique objet le passage dans l’état d’éveil, c’est que les difficultés de la
vie en société, la poursuite des moyens matériels d’existence ne leur laissent
pas le loisir d’une telle préoccupation. Les hommes ne vivent pas seulement de
pain, mais jusqu’à présent notre civilisation ne s’est pas montrée capable d’en
fournir à tous.
A mesure que le progrès technique
permettra aux hommes de respirer, la recherche de l’éveil, de l’hyperlucidité,
se substituera aux autres aspirations. La possibilité de participer à cette
recherche sera finalement reconnue parmi les droits de l’homme. La prochaine
révolution sera psychologique. »
« Le matin des
magiciens » – Louis Pauwels & Jacques Bergier
Etre, ou
ne pas être ?
Poser la question, c’est déjà y
répondre, a-t-on l’habitude de dire.
Comment analyser cet adage ?
Tout d’abord, un principe
s’impose : s’il n’y a pas de question, il n’y a pas de réponse. Et c’est alors
le règne de l’ignorance.
S’interroger, c’est vouloir connaitre, et
ce pour pouvoir comprendre.
Que la question soit concrète ou
abstraite, le processus reste le même.
La vie est ainsi faite qu’on la vit
sans s’en rendre compte, comme si c’était un dû qui s’écoule naturellement,
presque à notre insu. De l’enfance à la jeunesse, c’est dans l’insouciance que
tout se déroule ; avec la maturité surviennent quelques questions qui
restent le plus souvent sans réponse parce que repoussées à plus tard….
Enfin, avec l’âge mûr, on se pose les
vraies questions, avec cette sensation toujours plus prenante qu’on est le dos
au mur et qu’il n’y a plus de temps à perdre. Et comme dit le dicton populaire,
« c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ». Plus d’échappatoires ou
de dérobade, il faut s’y mettre et affronter la réalité, désormais à court
terme, les yeux dans les yeux.
Mais par quel bout le prendre ?
Il est difficile de s’interroger sur sa
vie parce qu’on manque de recul et d’impartialité mais il est pratiquement
impossible pour tout un chacun de comprendre le sens de sa vie.
Se demander si notre vie a un sens
c’est déjà sous-entendre qu’elle doit en avoir un, mais que nous ne le
connaissons pas. Et passer sa vie à rechercher ce sens ne nous apportera rien,
car il s’agit d’une recherche intellectuelle qui n’a pas de prise sur ce qui la
dépasse.
Il ne faut surtout pas confondre la
chevauchée intellectuelle avec le cheminement spirituel.
Ce qui
distingue la vie spirituelle de la vie intellectuelle est que la seconde permet
de connaitre le monde, et tout son environnement matériel et concret, alors que
la première doit permettre de se connaitre soi-même, au-delà des apparences,
pour trouver le sens de son existence.
Le
critère essentiel de la spiritualité coïncide avec l’intériorité, que l’homme nourrit et développe par l’introspection
et la méditation régulières.
C’est le propre de la démarche
spirituelle : ne rien attendre de l’extériorité pour ouvrir la porte à
l’intériorité.
Un
second critère de la spiritualité est la verticalité;
l’intellect est au
spirituel ce que l'horizontalité est à la verticalité. La verticalité ouvre le champ de la spiritualité, de la
hauteur, du recul... Mais la verticalité ne peut s'exprimer en dehors de toute
horizontalité, tout comme le spirituel a besoin de l’intellect pour pouvoir
décoller vers d’autres champs de conscience.
Pour s’élever au-dessus de la matière
et se dégager des contingences qui nous parasitent sans cesse, il faut prendre
de l’altitude pour atteindre un ailleurs ressenti comme libératoire. En fait, l’intellect mène au spirituel à condition d’en
sortir.
Un troisième critère est le lâcher prise, qui permet de se détacher de ce qui nous entoure au
quotidien pour atteindre à
une sorte de sérénité nonchalante.
Le fait d’être en attente nous met en
état de dépendance de ce que nous attendons. Si nous n’attendons rien, nous
sommes totalement libre et disponible pour nous occuper de nous-même.
Lâcher prise peut se
comprendre de plusieurs façons ; mais pour faire simple et bien définir
cette notion primordiale de la spiritualité, il faut avoir recours à son
contraire : le contrôle.
Lâcher prise, c’est
abandonner toute volonté de contrôle, toute vigilance chronique.
Il faut ouvrir les
vannes et se vider de tout ce qui nous envahit à longueur de temps : nos affects, nos
pulsions, nos émotions, nos mémoires, conscientes ou enfouies, qui nous
parasitent et nous oppressent.
Prendre conscience de ce fonctionnement routinier, qui nous
pilote à notre insu, en l’identifiant permet de le neutraliser. Vous devez être capable d’observer vos pensées sans
vous laisser entrainer par elles, en restant indifférent à leur présence. Progressivement
le processus même de la pensée va se raréfier, puis s’arrêter totalement.
En
devenant observateur neutre de vous-même, vous vous éveillerez au calme
intérieur qui vous permettra d’être présent en conscience et d’acquérir une
véritable lucidité spirituelle. Il ne sera plus question de réussir dans la vie
mais bien de réussir sa vie et de réaliser l’épanouissement de notre être.
"Tout le chemin de la vie, c'est
de passer de l'ignorance à la connaissance, de l'obscurité à la lumière, de
l'esclavage des sens à la liberté de l'esprit, de l'inaccompli à l'accompli, de
l'inconscience à la conscience, de la peur à l'amour.
Cette quête, c'est la plus belle
aventure qui soit : l'aventure intérieure de la sagesse. Pour cela, peu importe
que tu sois riche ou pauvre, humble ou puissant, petit ou grand. La sagesse est
offerte à tous. Elle se donne gratuitement. Il suffit juste de la désirer.
Et toute la vie t'apparaîtra comme ce
qu'elle est : un voyage initiatique.
Allons, mets-toi en marche et va vers
toi-même. Alors, l'univers te sourira."
Frédéric Lenoir -
L'Ame du Monde
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