« L'illumination
n'est que la vision soudaine, par l'Esprit, d'une route lentement
préparée. »
Antoine de Saint-Exupéry
Face-à-face
Seul face à soi-même,
le seul face-à-face digne de ce nom qui n’a rien à voir avec le jeu des ego
auquel nous participons tous, peu ou prou, tout-au-long de notre existence
extérieure, rarement gratifiante, souvent vaine, pour ne pas dire vide de sens.
Seul face à soi même
pour se retrouver, se découvrir au-delà des apparences, pour nourrir son
esprit, comprendre sa raison d’être, croitre et se développer spirituellement,
reprendre le cheminement tant de fois entrepris, tout au long de nos vies, et
si souvent interrompu ou abandonné.
Tout comme la plante,
pour se transformer, a besoin d’eau pour se hisser vers le soleil, en
s’épanouissant de tout son être, tout comme le papillon le devient après les
métamorphoses nécessaires de chenille en chrysalide, nous avons, nous aussi un
parcours à réaliser, celui d’une véritable mutation, d’une renaissance en
esprit.
Car « ce qui est né de la chair n'est
que chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit » et il n’appartient
qu’à nous même de mener à terme, avec succès, ce processus de transformation
alchimique.
La démarche
n’est pas des plus compliquées ; elle consiste à tourner le regard vers l’intérieur
de soi pour s’y retrouver, au plus profond, en abandon nant progressivement
toutes les enveloppes successives, ajoutées à notre être depuis que nous sommes
venus en incarnation. En fait, il faut faire le grand ménage de tout ce qui
nous été inculqué et qui occulte notre vraie nature en nous robotisant. Des
affects de la petite enfance aux troubles de l’adolescence, des responsabilités
de la maturité aux divers scénarii sentimentaux, familiaux, sociaux,
professionnels et autres, au dépouillement forcé et mal vécu souvent de l’âge
mûr, accompagné de ses bilans, de ses regrets ou de ses remords.
Il faut
jeter tout ça par-dessus tête pour faire place nette et, sur un terrain nettoyé
et nivelé, pouvoir entreprendre son auto-construction spirituelle, ce qu’on ne
peut réussir qu’après avoir coupé tous les fils qui agitent la marionnette, à
son insu et malgré elle.
Alors, me
direz-vous, si cela est si simple, pourquoi sont-ils aussi peu nombreux ceux
qui s’engagent sur ce chemin libératoire ?
Et bien, tout
simplement pour les deux raisons suivantes :
Premièrement,
pour vouloir se libérer il est fondamental d’avoir conscience du fait qu’on
n’est pas libre ; or, regardez autour de vous le bal des zombies et vous
constaterez qu’ils sont tous en état hypnotique et bien incapables de se rendre
compte de leur statut de soumis.
Deuxièmement,
ceux qui arrivent à se débarrasser de leurs chaines ne doivent pas en rester
là, faute de rechuter rapidement, mais s’engager de façon volontaire et
régulière sur le chemin qui les mènera à eux-mêmes, dans un face-à-face qui
seul pourra les libérer des illusions et de l’emprise de ce monde sans valeurs.
Ce n’est que
face à soi-même que nous trouverons le sésame, tout le reste n’est que
paillettes, figurants et décors de cinéma, pour films de seconde zone dont la
médiocrité le dispute à l’invraisemblance.
Et rappelons que
l’inertie spirituelle généralisée de l’humanité, quand elle aura atteint un
certain niveau de masse critique, risque de provoquer la disparition de
l’espèce biologique en application de la règle selon laquelle tout ce qui ne
progresse pas régresse et tout ce qui régresse est appelé à disparaître.
Le dormeur
doit se réveiller, sine qua non …
La Muse au Poète
« Une voix sera là
pour crier à toute heure :
Qu'as-tu fait de ta vie
et de ta liberté ?
Crois-tu donc qu'on
oublie autant qu'on le souhaite ?
Crois-tu qu'en te
cherchant tu te retrouveras ? »
Alfred de Musset
La Nuit d'août, 1836
"Il semble y avoir
deux sortes de chercheurs : ceux qui cherchent à rendre leur ego différent de
ce qu'il est, c'est à dire : sacré, heureux, non égoïste (comme si vous pouviez
faire un poisson non poisson), et ceux qui comprennent que toutes ces
tentatives ne sont que gesticulations et jeux, qu'il n'y a qu'une seule chose
qui puisse être faite, se désidentifier soi même de l'ego, en réalisant sa non
réalité, et en devenant conscient de son identité éternelle avec le pur
Être."
Terence James Stannus
Gray, alias Wei Wu Wei, philosophe et écrivain taoïste
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