samedi 6 octobre 2012

Morceaux choisis - J.D. Krisnamurti

« Humilitas » sur une porte de bronze du Baptistère de Florence

 

 

 

Pourquoi sommes-nous intelligents et ambitieux ?



L’ambition n’est-elle pas un besoin d’échapper à ce qui est ? Pourquoi avons-nous si peur de ce qui est ? A quoi sert de nous enfuir si ce que nous sommes est toujours là ? Nous pouvons réussir à nous échapper, mais ce que nous sommes est encore là, engendrant toujours conflit et misère. Pourquoi avons-nous tellement peur de notre solitude, de notre vide ?
Toute activité tendant à fuir ce qui est ne peut que provoquer la douleur et l’antagonisme. Le conflit est la négation de ce qui est, la fuite devant ce qui est ; il n’y a pas d’autre conflit que cela. Notre conflit devient de plus en plus complexe et insoluble parce que nous ne regardons pas ce qui est en face. Il n’y a aucune complexité dans ce qui est, mais seulement dans toutes les évasions que nous recherchons.


Le poison des ambitions


Peut-on vivre dans ce monde sans ambition, sans l’image du plaisir que la pensée a créée ? Peut-on fonctionner techniquement, extérieurement, sans ce poison de l’ambition ? On peut le faire, mais c’est possible uniquement quand nous comprenons l’origine du penser et comprenons dans le présent, dans les faits, l’irréalité de la division entre l’observateur et l’observé.

Alors nous pouvons agir, parce qu’alors la vertu a un sens complètement différent. Ce n’est pas la vertu morale d’une société laide et corrompue, mais la vertu qui est ordre. La vertu, comme l’humilité, n’est pas quelque chose à cultiver par la pensée. La pensée n’est pas vertueuse ; elle est bourgeoise, mesquine, et il n’est possible à la pensée de comprendre ni l’amour, ni la vertu, ni l’humilité.

Ce terme d’humilité, je ne l’emploie pas pour désigner une vertu que cultivent les vaniteux, les orgueilleux, mais pour définir cet état d’esprit naturel qui se manifeste lorsqu’on mène une enquête authentique, et qu’on est animé d’un réel désir de découverte personnelle.

Je n’emploie pas le mot apprendre au sens de l’accumulation de connaissances, c’est-à-dire du savoir. J’emploie le terme apprendre pour définir un esprit qui ne cherche pas à accomplir un dessein, qui n’est pas animé d’un mobile, mais qui est un esprit souple, vif, capable de voir immédiatement ce qui est vrai.

Et pour ce faire, il faut une humilité extraordinaire, qui englobe cette qualité particulière qu’est l’austérité dans l’observation. L’austérité telle que nous la connaissons est dure, brutale ; elle se fait même bornée, sectaire, dogmatique - mais ce n’est pas cela l’austérité. Nous employons ce terme d’austérité pour signifier que l’esprit qui a observé, qui a vu ce qui est vrai, entre, à la suite de cette observation, dans un état de liberté débouchant sur une discipline qui est austère.

Krisnamurti 

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