dimanche 1 mai 2011

Ainsi parlait Wilhelm Reich


Wilhelm Reich

Wilhelm Reich est un psychiatrepsychanalyste et critique de la société autrichien né le 24 mars 1897 à Dobrzcynica (en), alors en Autriche-Hongrie, aujourd'hui en Ukraine, et mort le 3 novembre 1957 àLewisburgPennsylvanieÉtats-Unis d'Amérique. Élève de Sigmund Freud à Vienne, il est connu pour ses contributions à la sexologie et à la thérapie psychanalytique, son engagement en faveur de l'émancipation de la satisfaction sexuelle (la fonction de l'orgasme), et ses recherches sur l'« énergie d'orgone ».

«Les hommes craignent la vérité parce qu’une seule étincelle de vérité formulée et vécue en fait éclore d’autres […].»

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« Il est possible de se sortir d'un piège.

Toutefois, pour vouloir sortir d'une prison, il faut au préalable avouer que l'on est dans une prison. Le piège est la structure émotionnelle de l'homme, la structure de son caractère. Ce n'est pas très utile d'élaborer des systèmes de pensées pour déterminer la nature du piège, si la seule chose à faire pour en sortir est de le connaître et de trouver la sortie. Tout le reste est totalement inutile: chanter des hymnes sur la souffrance dans le piège, comme l'ont fait les esclaves africains, ou écrire des poèmes sur la beauté de la liberté hors de ce piège, rêver au sein même du piège; ou promettre une vie hors du piège, après la mort, comme le catholicisme l'a promis à ses congrégations; ou confesser un semper ignorabimus, comme le font les philosophes résignés; ou construire un système philosophique autour du désespoir à vivre dans le piège, comme l'a fait Schopenhauer; ou rêver d'un superman qui serait tellement diffèrent de l'homme dans le piège, comme Nietzsche l'a fait, jusqu'à ce que, prisonnier dans un asile pour lunatiques, il écrive sa totale vérité sur lui-même – trop tard...
La première chose est de trouver la sortie du piège.

 La nature du piège n'a aucun intérêt qui ne soit meilleur que celui
d’où se trouve la sortie de ce piège ?

 On peut décorer un piège pour se rendre la vie plus confortable à l'intérieur. C'est ce qu'ont fait les Michel-Ange, les Shakespeare et les Goethe. On peut inventer quelques engins improvisés pour s'assurer une vie plus longue dans le piège. C'est ce qu'ont fait les grands scientifiques et physiciens, les Meyer et les Pasteurs et les Flemming. On peut s'inventer la guérison des os cassés quand on tombe dans un piège.
 La question cruciale reste encore: trouver la sortie de ce piège.

Où est la sortie dans cet espace ouvert sans fin ?

 La sortie reste cachée. C'est la plus grande des énigmes.

 Voici la chose la plus ridicule et la plus tragique:
la sortie est clairement visible pour les gens piégés dans le trou.
Cependant personne ne semble la voir.
Tout le monde sait où la sortie se trouve.
Cependant personne ne semble se diriger vers elle.
Plus encore :
Quiconque se dirige vers la sortie est déclaré fou, ou criminel,
ou pêcheur bon à bruler en enfer.

 Du coup le souci n'est pas avec le piège, ou même avec la question de trouver la sortie.

 Le souci est à l’intérieur des gens piégés.

 Tout cela, vu de l'extérieur du piège, est incompréhensible pour un simple d'esprit. C'est même quelque peu insensé. Pourquoi ne se dirigent-ils pas vers la sortie qui est clairement visible? Dès qu'ils se trouvent près de la sortie ils commencent à hurler et s'en vont. Dès que quelqu'un parmi eux essaient de sortir, ils le tuent. Très peu seulement peuvent se glisser hors du piège dans la nuit obscure quand tout le monde est endormi. »

« Le meurtre du Christ »
 traduit de l'américain par Pierre Kamnitzer, Champ Libre  (1971)
 Original américain: “The Murder of Christ” (1953), réimprimé FSG (1978)

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