samedi 17 novembre 2012

Une vie, la mienne

« La chute d’Icare » de Rubens

Une vie, la mienne…

Les mots sont vains aux matins blêmes quand l’esprit engourdi retrouve la vie.
 Les mots sont lourds aux soirs opaques quand l’angoisse jette sur nous son voile obscur.
Entre les deux, je tisse une vie, la mienne, sans trop savoir où je vais et jusqu’à quand. Une vie pour faire ce que l’on n’a pas fait, ou pour refaire ce qui a été défait, ou mal fait.
Une vie pour la réussir ou pour faillir. C’est un peu comme chercher un trèfle à quatre feuilles et le trouver : improbable mais pas impossible.

L’ombre plane au-dessus de la terre et l’homme ne voit rien venir à lui.
Indifférence, bêtise ou cécité, qu’importe, le résultat sera le même. Comment peut-on être à ce point perdu en soi-même ; l’esprit est aux abonnés absents, l’ego inculte se prend pour un maître dans un univers d’esclaves.

Depuis le temps que je creuse mon sillon et que j’y sème ces graines qui ne demandent qu’à éclore, je suis surpris de n’avoir toujours pas rentré la moisson.
Pourtant le terrain est fertile et la graine féconde ; alors, est-ce la maladresse ou l’impatience fébrile du semeur qui compromet le résultat tant espéré ?

Le troupeau avance sans savoir où il va ; il prend son mouvement pour un évènement, juste un élan vers le néant. L’homme est grégaire et dérisoire ; faire et penser comme les autres sont son moteur quand l’avoir et le paraître sont son bonheur.

Réussir à sortir du lot est la première consécration de l’être ; continuer d’avancer sur un chemin de solitude où la recherche spirituelle constitue le seul carburant, sans jamais s’interrompre ou baisser les bras, est la deuxième consécration.

Je conduis ma vie vers la troisième consécration, celle qui consiste à toujours privilégier la voie juste, l’action intègre et désintéressée, afin de libérer l’esprit de son carcan de matière et d’illusions qui l’emprisonne en le condamnant à la paralysie de l’impuissance. Pour se libérer des entraves, il faut pouvoir les regarder en face et savoir défaire les nœuds qui nous phagocytent ; alors, seulement, nous pouvons prendre de la hauteur et nous élever au-dessus de ce cloaque glauque qui nous étouffe, alors nous pouvons décoller, prendre notre envol vers les mondes supérieurs et libérateurs, éthériques et bénéfiques.

Léger comme la plume au vent, je monte vers des mondes meilleurs en songeant au rêve d’Icare et au supplice de Sisyphe, conscient que la chute et l’échec sont interdits, sinon malheur au vaincu.

Une vie, la mienne…

Et toi, dis-moi, quelle est la tienne ?


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