vendredi 19 mars 2010

La Tradition Primordiale



Tradition Primordiale

La tradition primordiale, appelée aussi sophia perennis, est la connaissance universelle d'origine non-humaine d'où sont issues toutes les traditions spirituelles de l'humanité. La notion de tradition primordiale a été particulièrement développée à notre époque et en Occident par l'œuvre de René Guénon.

 Son essence est supra-humaine et rien de ce qui est issu d’elle ne peut être qualifié de traditionnel sans la présence de cet axe fondamental et authentique.
Au sens étymologique, le mot Tradition est formé de « trans » (à travers) et de « dare » (donner). Il signifie donc littéralement : « Ce qui est donné par transfert ».

« Nous parlerons de conceptions métaphysiques, faute d’avoir un autre terme à notre disposition pour nous faire comprendre ; mais qu’on n’aille pas croire pour cela qu’il y ait là rien d’assimilable à des conceptions scientifiques ou philosophiques ; il ne s’agit pas d’opérer des “abstractions” quelconques, mais de prendre une connaissance directe de la vérité telle qu’elle est. La science est la connaissance rationnelle, discursive, toujours indirecte, une connaissance par reflet ; l métaphysique est la connaissance supra-rationnelle, intuitive et immédiate. Cette intuition intellectuelle pure, sans laquelle il n’y a pas de métaphysique vraie, ne doit d’ailleurs aucunement être assimilée à l’intuition dont parlent certains philosophes contemporains, car celle-ci est, au contraire, infra-rationnelle. Il y a une intuition intellectuelle et une intuition sensible ; l’une est au-delà de la raison, mais l’autre est en deçà ; cette dernière ne peut saisir que le monde du changement et du devenir, c’est-à-dire la nature, ou plutôt une infime partie de la nature. Le domaine de l’intuition intellectuelle, au contraire, c’est le domaine des principes éternels et immuables, c’est le domaine métaphysique. »

« L’intellect transcendant, pour saisir directement les principes universels, doit être lui-même d’ordre universel ; ce n’est plus une faculté individuelle, et le considérer comme tel serait contradictoire, car il ne peut être dans les possibilités de l’individu de dépasser ses propres limites, de sortir des conditions qui le définissent en tant qu’individu. La raison est une faculté proprement et spécifiquement humaine ; mais ce qui est au-delà de la raison est véritablement “non-humain” ; c’est ce qui rend possible la connaissance métaphysique, et celle-ci, il faut le redire encore, n’est pas une connaissance humaine. En d’autres termes, ce n’est pas en tant qu’homme que l’homme peut y parvenir ; mais c’est en tant que cet être, qui est humain dans un de ses états, est en même temps autre chose et plus qu’un être humain ; et c’est la prise de conscience effective des états supra-individuels qui est l’objet réel de la métaphysique, ou, mieux encore, qui est la connaissance métaphysique elle-même. »

« La doctrine hindoue enseigne que la durée d’un cycle humain, auquel elle donne le nom de Manvantara, se divise en quatre âges, qui marquent autant de phases d’un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale ; ce sont ces mêmes périodes que les Traditions de l’antiquité occidentale, de leur côté, désignaient comme les âges d’or, d’argent, d’airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge, le Kali-Yuga ou “âge sombre” et nous y sommes, dit-on, depuis déjà plus de six mille ans, c’est-à-dire depuis une époque bien antérieure à toutes celles qui sont connues de l’histoire “classique’’. Depuis lors, les vérités qui étaient autrefois accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées et difficiles à atteindre ; ceux qui les possèdent sont de moins en moins nombreux, et, si le trésor de la sagesse “non-humaine’’ antérieure à tous les âges, ne peut jamais se perdre, il s’enveloppe de voiles de plus en plus impénétrables, qui le dissimulent aux regards et sous lesquels il est extrêmement difficile de le découvrir. »

René Guénon

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