vendredi 29 janvier 2010

Morceaux choisis - J. Moréas

Jean Moréas.
Portrait par Antonio de La Gandara.

Ioánnis A. Papadiamantópoulos , dit Jean Moréas, né à Athènes le 15 avril 1856 et mort à Saint-Mandé (Seine) le 30 avril 1910, est un poète symboliste grec d'expression française.

En 1886, JEAN MORÉAS écrit le Manifeste du symbolisme (puis rompt avec les symbolistes, car il souhaite revenir à une poésie plus classique).
Feuilles d'automne

Va-t-on songer à l'automne
A l'aquilon détesté
Quand la lumière environne
La vie et le fier été !
De l'arbre au profond feuillage
Des parterres du jardin
La brise tire un langage
D'allégresse et de dédain.
Vous qui passez sur la route
Saouls de la sève des bois,
Chantez ! Riez ! Moi j'écoute
En secret une autre voix :
Qui soupire de la sorte ?
O mon âme, n'est-ce pas
Une branche déjà morte
Qui vient de parler tout bas.

..........

 
Dans l'âtre brûlent les tisons,
les tisons noirs aux flammes roses ;
dehors hurlent les vents moroses,
les vents des vilaines saisons.
Contre les chenets roux de rouille,
mon chat frotte son maigre dos.
En les ramages des rideaux,
on dirait un essaim qui grouille :
c'est le passé, c'est le passé
qui pleure la tendresse morte ;
c'est le bonheur que l'heure emporte
qui chante sur un ton lassé.
Jean Moréas ("Les Syrtes - Remembrances")
...

La feuille des forêts


La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise
Là-bas, par les guérets,
La feuille des forêts
Qui tourne dans la bise,
Va-t-elle revenir
Verdir la même tige ?

 
L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive
A l'ombre des berceaux,
L'eau claire des ruisseaux
Qui passe claire et vive,
Va-t-elle retourner

Baigner la même rive ?
Jean Moréas ("Les Syrtes - conte d'amour XI")

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