jeudi 21 janvier 2010

Amour, mot sacré



Eros volant au dessus de la mer et tenant une rose par la tige
Coupe à figures rouges. Vers 510 avant J.C. Musée archéologique de Florence


Amour, mot sacré

« Deux étions et n'avions qu'un cœur. »
François Villon
Extrait de « Rondeaux »

« Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre,
c'est regarder ensemble dans la même direction. »
Antoine de Saint-Exupéry


L’amour véritable est promesse de fusion du deux en un, et par là garantie de reprendre pied dans sa patrie originelle de l’esprit pur. L’amour vrai, qui ne peut être que spirituel, est la réunification de deux parties séparées lors de l’incarnation, les grandes retrouvailles des âmes sœurs, des âmes jumelles.

Se libérer des réactions émotives égoïstes et atteindre à la liberté totale par la magie de l'Amour authentique et pur, sans cause, sans but, sans récompense, donc sans déception, voilà notre vocation à chacun quand nous nous serons retrouvés et réunis. Mais attention, surtout pas de fusion passionnelle, qui n’est qu’ivresse des sens et délire de phantasmes, véritables visions hallucinatoires de l’ego ; la fusion passionnelle est à l’amour ce que la contre-initiation est à l’initiation, un sens interdit, une impasse, une promesse de damnation.

Incarnés dans la matière, sans doute la plus dense que nous ayons connue au cours de nos pérégrinations, nous sommes plongés, de fait, dans un véritable coma spirituel, qui provoque à son tour une amnésie spirituelle totale, une incapacité totale à activer la ressouvenance salvatrice. Ecrasés par cette chape de plomb, les termes de notre contrat de vie nous sont occultés et l’être que nous attendons, avec lequel souvent nous avons une mission conjointe à remplir, est perdu de vue.

Et là il y a danger d’inertie et d’inanition spirituelle si nous n’avons pas les ressources suffisantes à renverser ce mur d’opacité qui nous emprisonne et nous maintient dans une paralysie mortelle, où règne l’illusion et tous ses artifices.

Donc, il y a urgence à se mettre en route en sachant bien que si je te cherche, je te trouve, et si je te trouve, je revis, et réciproquement. C’est le feu sacré des noces alchimiques, l’amour dévoilé et régénérateur, la grande issue secrète de notre long voyage, la salvation de l’esprit, mutuelle et réciproque.

Mais l’application de la règle et la réalisation de ce processus sont beaucoup plus difficiles qu’il n’y parait.
Il faut remplir trois conditions obligatoires : la volonté de chercher, la ténacité de persévérer et le recours à l’intuition.

• La volonté de chercher, pour pouvoir trouver l’être complémentaire ; si la démarche n’est pas effectuée, la rencontre n’aura pas lieu ; il faut faire acte de volonté.

• La ténacité de persévérer, pour découvrir l’identité spirituelle de l’autre et vérifier qu’il est bien l’alter-ego recherché, alors que les sens nous aveuglent et nous égarent souvent ; il faut pouvoir et savoir faire tomber le masque de l’illusion.

• Le recours à l’intuition, pour passer au-dessus des sens, de l’attirance physique, des pulsions qui sont certes nécessaires mais malheureusement pas suffisants pour conférer le caractère sacré à l’amour recherché.

Il faut aussi respecter un grand principe, celui du don de soi, équivalent et réciproque, qui nait de l’engagement sincère de deux êtres en recherche de leur âme-sœur ; c’est un mélange de lâcher prise sur le plan de la personnalité et d’offrande totale, sans arrière pensée, sur le plan spirituel. Il faut donner pour recevoir, faute de quoi on se replie dans un égoïsme consommateur et destructeur.

Il faut sans doute souffrir pour atteindre l’amour pur et sûr, mais quand la réussite est au bout du voyage, il est inextinguible.
Tout comme les grandes douleurs sont muettes, les grandes amours sont éternelles.

« Ne jamais oublier d’aimer exagérément : c’est la seule bonne mesure. »

« Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance, qu’il nous reliait les uns aux autres.
Mais cela va beaucoup plus loin !
Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur les uns des autres.

C’est cela le mystère.
C’est cela le plus grand vertige. »
Christiane Singer
« Derniers fragments d’un long voyage »

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