Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé dans son lit en une véritable vermine.
« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. Il était sur le dos, un dos aussi dur qu'une carapace, et, en relevant un peu la tête, iI vit, bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus rigides, son abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à glisser tout à fait, ne tenait plus qu'à peine. Ses nombreuses pattes, lamentablement grêles par comparaison avec la corpulence qu'il avait par ailleurs, grouillaient désespérément sous ses yeux.
Rejeter la couverture, rien de plus simple ; il n'avait qu'à se gonfler un peu, elle tomba toute seule. Mais la suite des opérations était plus délicate, surtout parce qu'il était excessivement large. Il aurait eu besoin de bras et de mains pour se redresser; or, au lieu de cela, il n'avait que ces nombreuses petites pattes sans cesse animées des mouvements les plus divers et de surcroît impossibles à maîtriser. Voulait-il en plier une, elle n'avait rien de plus pressé que de s'étendre; et s'il parvenait enfin à exécuter avec cette patte ce qu'il voulait, les autres pendant ce temps avaient quartier libre et travaillaient toutes dans une extrême et douloureuse excitation. « Surtout, ne pas rester inutilement au lit », se dit Grégor. »
Franz Kafka - La métamorphose
"Franz ne peut pas vivre. Franz n'a pas la capacité de vivre. Franz ne sera jamais en bonne santé. Franz va bientôt mourir.
Il est certain que la chose se présente ainsi :
Nous sommes tous en apparence capables de vivre parce que nous avons eu un jour ou l'autre recours au mensonge, à l'aveuglement, à l'enthousiasme, à l'optimisme, à une conviction ou à une autre, au pessimisme ou à quoi que ce soit.
Mais lui est incapable de mentir, tout comme il est incapable de s'enivrer. Il est sans le moindre refuge, sans asile. C'est pourquoi il est exposé là où nous sommes protégés. Il est comme un homme nu au milieu des gens habillés. Ce qu'il dit, ce qu'il est, ce qu'il vit n'est même pas la vérité. C'est une manière d'être qui est déterminée, qui existe en elle-même, débarrassée de tout l'accessoire, de tout ce qui pourrait l'aider à qualifier la vie –beauté ou misère, peu importe.
Et son ascétisme est totalement dépourvu d'héroïsme, ce qui le rend, à vrai dire, plus grand et plus noble. Ce n'est pas un homme qui construit son ascétisme comme un moyen d'accéder à un but, c'est un homme qui est contraint à l'ascétisme par sa terrible lucidité, par sa pureté, par son incapacité à accepter le compromis."Extrait d'une lettre adressée par Milena à Max Brod en août 1920
L'adresse de l'illustration n'étant pas donnée, on trouvera les autres "images" de la série L'Album de Franz Kafka" ici:
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