vendredi 19 juin 2009

Morceaux choisis - Sully Prudhomme


Sully Prudhomme


René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901.
René
Armand François Prudhomme, plus connu sous le pseudonyme de Sully Prudhomme, fait partie des poètes regroupés autour de la revue du 'Parnasse contemporain'. Réagissant à ce qu'ils considèrent comme une exaltation exacerbée du Moi et de l'émotion de la part des Romantiques, les Parnassiens veulent réhabiliter le primat de la beauté formelle. Ainsi en est-il avec le recueil des 'Solitudes' de 1869. Mais la traduction de l'oeuvre de Lucrèce pousse Sully Prudhomme à adopter une autre voie : il décide de mettre en vers ses méditations sur la science et la philosophie, dans de grandes compositions didactiques. La 'Justice' suivie du 'Bonheur' lui valent d'être accueilli par l'Académie française en 1881, avant de recevoir le Nobel de littérature en 1901. Belle consécration, même si l'esthétique poétique actuelle tend à privilégier l'étude des oeuvres de ses confrères (Leconte de Lisle, Coppée, Dierx, Banville.. .) au détriment des siennes.

« Je suis citoyen du monde, en tous lieux où la vie abonde, le sol m'est doux et l'homme cher ! [...] Mon compatriote, c'est l'homme. »

«J’en arrive à me définir Dieu simplement : ce qui me manque pour comprendre ce que je ne comprends pas.»

«L’amitié n’a de sens que si elle prête à se prouver par un sacrifice.»
«Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit
Car chaque solitude a son propre mystère.»

«Le meilleur moment des amours
N'est pas quand on a dit : je t'aime ;
Il est dans le silence même
A demi rompu tous les jours.»


Chagrin d’automne

(Les Épreuves)
Les lignes du labour dans les champs en automne
Fatiguent l'œil, qu'à peine un toit fumant distrait,
Et la voûte du ciel tout entière apparaît,
Bornant d'un cercle nu la plaine monotone.
En des âges perdus dont la vieillesse étonne
Là même a dû grandir une vierge forêt,
Où le chant des oiseaux sonore et pur vibrait,
Avec l'hymne qu'au vent le clair feuillage entonne !
Les poètes chagrins redemandent aux bras
Qui font ce plat désert sous des rayons sans voile
La verte nuit des bois que le soleil étoile ;
Ils pleurent, oubliant, dans leurs soupirs ingrats,
Que des mornes sillons sort le pain qui féconde
Leurs cerveaux, dont le rêve est plus beau que le monde !


L’Océan

(Stances et Poèmes)
L'Océan blesse la pensée :
Par la fuite des horizons
Elle se sent plus offensée
Que par la borne des prisons ;
Et les prisons dans leurs murailles
N'ont bruits de chaînes ni sanglots
Pareils au fracas de ferrailles
Que font dans les rochers les flots.
Il faut tenir des mains de femme
Quand on rêve au bord de la mer ;
Alors les horreurs de la lame
Rendent chaque baiser plus cher ;
Alors l'inévitable espace,
Dont l'attrait m'épuise aujourd'hui,
De l'esprit que sa grandeur passe,
Descend au cœur grand comme lui !
Et là tout l'infini demeure,
Toute la mer et tout le ciel !
L'amour qu'on te jure à cette heure,
O femme, est immense, éternel.

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