lundi 15 juin 2009

Morceaux choisis - Achim Arnim



Achim von Arnim, né Ludwig Joachim von Arnim le 26 janvier 1781 à Berlin et mort le 21 janvier 1831 à Wiepersdorf près de Jüterbog était un romancier, chroniqueur, dramaturge et poète romantique allemand qui fit partie du Cénacle romantique d'Heidelberg avec Gorres, Creuzer et Clemens Brentano.
Il fit partie du Cénacle romantique d'Heidelberg avec Gorres, Creuzer et Clemens Brentano dont il devint l'ami et le beau-frère par son mariage avec Bettina Brentano qui lui donna une fille, Gisella von Arnim. Il publia une quantité de tragédies, de nouvelles, de récits, de romans, de poèmes, d'articles journalistiques, et est considéré comme l'un des écrivains romantiques allemands les plus importants.
Outre des romans d'inspiration poétique et fantastique, il a rassemblé avec C. Brentano, dans le Cor merveilleux (1806-1808), les chants populaires de l'Allemagne. Sa femme, Elisabeth Brentano, dite Bettina (Francfort-sur-le-Main 1785-Berlin 1859), sœur de Brentano, fut la correspondante de Goethe et de Beethoven et l'un des premiers auteurs à décrire le prolétariat industriel.

«Tout homme commence le monde,
et tout homme le finit.»



JE SAIS QUE TU TE MEFIES DES RÊVES
(20 janvier 1831)


« J’épuise mon corps pour libérer mon esprit.L’écriture participe à la ligne de vie austère que je me suis fixée depuis près de vingt ans. Maîtresse exigeante, elle s’accommode mal des contraintes matérielles qu’il me faut assumer pour subvenir aux besoins ma famille. Elle exige une attention de tous les instants et se nourrit de mon opiniâtreté à poursuivre ce sillon que je trace, jour après jour dans le calme environnant de la campagne berlinoise.
Je ne suis sûr de rien. Le doute est une force que j’ai apprivoisée et dont j’essaie de tirer le meilleur parti. L’écriture n’est qu’incertitudes, interrogations et ces contrées que j’explore ne m’ont pas encore révélé tous leurs secrets. Je repousse les limites du rêve pour tenter de déchiffrer la réalité. Mais je sais que le langage est vain pour en percer tous les mystères.

J’écris jusqu’à l’aliénation et je reste parfois hagard à me relire, comme si ce que j’écrivais m’était étranger, comme si ces mots étaient d’un autre. Les expérimentations verbales auxquelles je me livre jaillissent et ne souffrent d’être contenues.

J’ai appris à voir au delà de moi-même, j’ai entendu l’appel démoniaque et enchanteur de la poésie pour découvrir que je n’aspirais plus qu’à écrire pour dire le monde.En dépit de mon égoïsme ; de cette obstination qui me laisse à penser que je joue ma vie chaque fois que j’écris ; de ma folie peut-être. J’ai peur de ne pas arriver à exprimer tout ce que
je veux dire, d’être rattrapé par le temps et de ne pas aller au bout de l’œuvre que je construis. »

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